«Si nous voulions encore savoir ce qu’est notre Etat, si nous l’ignorions encore, le voila ! C’est l’image de notre Etat». Mathias Eric Owona Nguini, socio-politiste très médiatisé au Cameroun, résume en quelques mots les résultats de l’étude menée par l’Association citoyenne de défense des intérêts collectifs (Acdic)
pour évaluer grosso modo les ministères « les plus propres et les plus accueillants». Cette enquête, la deuxième du genre, a été présentée à Yaoundé ce mardi 27 août 2013, par Bernard Njonga, président cette association.
Il ressort de l’enquête menée par 50 personnes dans 36 sièges des ministères du Cameroun que le ministère «le plus sale» est celui des affaires sociales (Minas), que dirige Catherine Bakang Mbock. Ce département ministériel est suivi par le ministère des Enseignements secondaires (Minesec); et en troisième position vient celui des Finances (Minfi).
Ce classement s’est basé sur les critères de la présentation extérieure des bâtiments qui sont mal entretenus; des toilettes inexistantes ou mal entretenues; des allées et couloirs encombrés ; des équipements de bureaux entretenus avec légèreté ; sans compter les mesures sécuritaires qui laissent à désirer. Les photos présentées par le rapport montrent par exemple des couloirs entiers encombrés d’archives, ou des toilettes (normalement pour employés et usagers) faisant office de magasins.
Délabrés, sales et incommodes
En somme, de nombreux ministères du Cameroun présentent un visage délabré, sale, et incommode. Même ceux qui sortent la tête haute du classement ont encore beaucoup d’efforts à fournir. A l’exemple du ministère de l’Administration territoriale et de la décentralisation (Minatd), premier dans la catégorie de la présentation extérieure, avec une moyenne de 14 sur 20. Il faut cependant se réjouir que seuls 7 ministères aient une moyenne inférieure à 10 sur 20.
Mais, ce n’est pas tout. L’Acdic souligne dans son enquête que des ministères ont des problèmes « sérieux » avec les emblèmes du pays. Comble de malheur, c’est le ministère de la Justice, le gardien des Sceaux de la République, qui respecte le moins ces emblèmes. Le classement montre qu’il est suivi de l’Education de base (Minedub) et de la Santé publique (Minsanté). Autre classement des moins honorables, les ministères qui ne respectent pas les usagers ou ceux qui sont moins soucieux du personnel dans la mesure où ils les laissent évoluer dans des conditions exécrables de désordre, d’inconfort, et d’incommodité.
Attirer l’attention
Tout comme à la première évaluation qui avait été présentée en octobre de l’année dernière, celle-ci se veut un autre acte pour attirer l’attention des gouvernants sur la nécessité de bien tenir les bâtiments administratifs. «Les gouvernants doivent savoir que l’image de nos bâtiments administratifs est importante dans la mesure où elle reflète celle de la gouvernance, tant auprès du peuple lui-même qu’à l’international», souligne à ce propos Bernard Njonga.
On peut tout simplement regretter quelques aspects qui pourraient être considérés comme des manquements, ou tout simplement comme une provocation à l’encontre de certains ministres. Dans la mesure où le document présenté cite nommément les ministres, au lieu de parler du département ministériel, contrairement à ce qui avait été fait dans le premier document. On peut également regretter que l’Acdic ne soit pas allée cette fois-ci plus profondément en essayant de comprendre pourquoi certains ministères restent réfractaires aux suggestions, ce qui leur a d’ailleurs valu le fameux titre de «durs à cuir», à l’instar du ministère des Finances qui, jusqu’ici, n’a jamais changé son enseigne.
Focal: Classement selon l’Acdic (les trois premiers)
– Les plus sales: Catherine Bakang Mbock (Minas), (Louis bapès Bapès (Minesec), Alamine Ousmane Mey (Minfi)
– Les moins accessibles: Edgar Alain Mebe Ngo’o (Mindef), Pierre Moukoko Mbondjo (Minrex), Henri Eyebe Ayissi (Consupe)
– Les plus fermés à la critique (durs à cuire): Alamine Ousmane Mey (Minfi), Catherine Bakang Mbock (Minas), Ange Michel Angouin (Minfopra)
– Les moins respectueux des emblèmes: Laurent Esso (Minjustice), Youssouf Adidja Alim (Minedub), André Mama Fouda (Minsanté)
– Les plus fermés à la société civile: Laurent Esso (Minjustice), Basile Atangana Kouna (Minee), Edgar Alain Mebe Ngo’o (Mindef)
– Les moins regardants du patrimoine de l’Etat: Emmanuel Nganou Djoumessi (Minepat), Jean Pierre Biyiti Essam (Minpostel), Catherine Bakang Mbock (Minas)
– Les moins respectueux des usagers: Emmanuel Bondé (Minimidt), Madeleine Tchuente (Minresi), Ange Michel Angouin (Minfopra)
– Les moins soucieux du personnel: Louis bapès Bapès (Minesec), Alamine Ousmane Mey (Minfi), Thérèse Abena Ondoua (Minproff)
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