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Extrême-Nord : Boko Haram frappe fort avec les drones de guerre

Dans la nuit du 24 au 25 mars 2025, une attaque particulièrement violente, attribuée à des combattants de la secte islamique, a ciblé le poste militaire de Wulgo, situé à la frontière avec le Nigeria, dans la région de l’Extrême-Nord du Cameroun. Plusieurs soldats camerounais ont été tués lors de cet assaut. L’utilisation de drones par les assaillants suggère une opération planifiée et sophistiquée. Cette attaque est considérée comme l’une des plus meurtrières de ces derniers mois contre les forces armées camerounaises.

la secte islamiste Boko Haram

La terreur est toujours permanente dans l’Extrême-Nord. La région la plus septentrionale du Cameroun a été, dans la nuit du 24 au 25 mars aux environs de 1h du matin, touchée par une attaque attribuée aux combattants du groupe Boko Haram. Au cours d’une attaque coordonnée, indiquent les mêmes sources, les insurgés de la secte terroristes, déguisés en éleveurs, ont pris par surprise les camps de base des Forces multinationales mixtes (FMM) qui comptent en leur sein des soldats nigériens, tchadiens, nigérians et camerounais et qui opèrent dans la région dans le cadre des missions anti-djihadistes. Particulièrement violente, cette attaque qui a duré un peu plus de 2h, a fait de nombreuses victimes dans les rangs des soldats camerounais. Au moins 20 militaires camerounais tués, dont un lieutenant du Bataillon des troupes aéroportées (BTAP), selon un bilan non officiel. Des blessés, au total 21 ont été conduits dans les hôpitaux de Maroua.

Les insurgés ont aussi emporté des armes, dont des canons antiaériens ainsi que des munitions. Ils ont aussi mis le feu sur ces bases militaires et des véhicules de combat, renseigne pour sa part l’AFP. Cette attaque de Wulgo en territoire nigérian est classée parmi les assauts les plus meurtriers de ces derniers mois pour les forces camerounaises engagées depuis plus de dix ans contre les terroristes islamistes de Boko Haram venus du Nigeria et dont les exactions débordent assez régulièrement côté Cameroun, dans les localités qui bordent la frontière.

Des drones de guerre

Selon les informations recueillies, si l’attaque contre la position militaire de Woulgo a été particulièrement brutale et menée avec une précision technique sans précédent, c’est parce que les assaillants ont utilisé des drones pour surveiller puis frapper les positions de l’armée camerounaise. Une méthode qui témoigne d’une montée en puissance technologique alarmante des groupes djihadistes.

Cette sophistication n’est pas le fruit du hasard. Depuis plusieurs mois, des signes avant-coureurs avaient été identifiés. Des mercenaires de l’État islamique auraient été déployés dans la région du lac Tchad pour former les combattants locaux aux techniques de tireurs d’élite (snipers) et à l’utilisation de drones armés. L’attaque de Woulgo semble être la concrétisation de cette nouvelle stratégie, « coordonnée par des spécialistes étrangers », selon des sources sécuritaires.

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« Les terroristes sont venus du Nigeria en nombre et ont pris nos braves soldats par surprise. Ils étaient bien armés avec des armes et des technologies sophistiquées. Nos braves soldats les poursuivent », a déclaré un officier militaire qui a demandé à garder l’anonymat.

Les autorités locales ont annoncé que le nombre de morts n’était pas certain, car l’enquête se poursuivait. Selon les médias locaux, il s’agit de l’une des attaques les plus meurtrières contre l’armée camerounaise depuis que Boko Haram a commencé à opérer dans la région en 2014.

Des alertes ignorées

Ce qui rend cette tragédie encore plus amère, c’est que des signaux d’alerte avaient été émis depuis plusieurs semaines. Plusieurs sources affirment qu’aux mois de décembre et janvier derniers, des informations ont circulé concernant plusieurs attaques programmées par les djihadistes contre les positions de l’armée camerounaise dans les postes frontaliers.

Plus récemment encore, des observations avaient révélé l’utilisation de drones par des groupes terroristes pour surveiller les positions militaires camerounaises et nigérianes à la frontière. Une méthode similaire avait déjà été employée contre l’armée nigériane à Maiduguri en décembre, où des positions militaires avaient été visées par des drones armés.

Cette escalade intervient quelques jours seulement après une autre attaque à Darak, pour laquelle Boko Haram avait promis de « revenir », signe d’une détermination renouvelée des groupes terroristes à déstabiliser la région. Et si l’attaque de Wulgo n’a pas encore été revendiquée, des sources concordantes pointent du doigt la secte Boko Haram.

Nouvelles menaces

Cette attaque marque un tournant préoccupant dans le conflit qui oppose l’armée camerounaise aux groupes terroristes dans l’Extrême-Nord depuis 2014. Alors que l’on croyait la secte terroriste poussée dans ses derniers retranchements, Boko Haram revient de plus belle. Des experts affirment que l’utilisation de technologies avancées comme les drones armés indique une adaptation inquiétante de ces groupes terroristes, qui compensent leur affaiblissement numérique par une sophistication accrue de leurs moyens offensifs. Les forces de défense camerounaises se retrouvent désormais confrontées à une menace de nature asymétrique qui nécessitera une adaptation rapide des stratégies et des équipements. Cette évolution s’inscrit dans un contexte régional troublé, où les groupes terroristes semblent mutualiser leurs ressources et leurs compétences malgré leurs rivalités idéologiques.

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Alors que le pays pleure ses vaillants soldats tombés au combat, la question de la sécurisation des zones frontalières se pose avec une acuité renouvelée. L’armée camerounaise, pourtant aguerrie par des années de lutte contre le terrorisme, devra rapidement s’adapter à ces nouvelles menaces pour protéger efficacement le territoire national et ses populations.

Coalition à rudes épreuves

Depuis 2013, une coalition militaire régionale, la Force multinationale mixte (FMM), regroupant les armées du Nigeria, du Niger, du Cameroun et du Tchad et ayant son siège à N’Djamena, lutte contre les groupes djihadistes. Cependant, les relations tendues entre ces États entravent son efficacité et compromettent les chances de succès dans la lutte contre le djihadisme.

En janvier, au moins neuf soldats nigérians ont perdu la vie lors d’affrontements avec les djihadistes de Boko Haram dans le nord-est du Nigeria, quelques jours après les meurtres de dizaines d’agriculteurs par un groupe djihadiste rival. En novembre 2024, quinze militaires tchadiens ont été tués lors d’un « accrochage », qui a également fait 32 blessés, entre l’armée tchadienne et des combattants de Boko Haram.

Depuis qu’il a perdu son bastion dans la forêt de Sambisa en 2021 au profit de l’État islamique en Afrique de l’Ouest (ISWAP), son rival, Boko Haram a déplacé sa présence dans les régions autour du lac Tchad, principalement dans les villes de Wulgo, Waza, Gwoza, Pulka et dans les montagnes de Mandara, à la frontière avec le Cameroun.

Wulgo et Waza ont été à plusieurs reprises ciblées par les djihadistes de Boko Haram. Plusieurs bûcherons et éleveurs de ces deux villes ont été enlevés et tués après avoir été accusés d’espionnage pour le compte de l’armée ou des forces d’autodéfense locales.


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