Ces déplacements ont été enregistrés par l’UNHCR, l’agence onusienne pour les réfugiés, dans la région de l’Extrême-Nord, pendant les 3 dernières semaines écoulées.
De violents affrontements intercommunautaires ont ébranlé la région de l’Extrême-Nord tout au long du mois d’aout, et ce, jusqu’au début du mois de septembre. Le bilan de ces violences meurtrières qui ont opposé les éleveurs arabes Choa aux pécheurs et agriculteurs Mousgoum, fait froid dans le dos. D’après le Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR), 19 villages ont été incendiés et 40 autres ont été abandonnés par leurs habitants. 45 personnes ont été tuées, 74 autres blessées. Quinze personnes sont officiellement portées disparues. Le HCR redoute qu’elles soient mortes en tentant de traverser la rivière Logone pour rejoindre le Tchad.
L’agence onusienne croit savoir que les violences décrites ci-dessus, ont un seul et unique dénominateur: Les changements climatiques.
«Malgré les difficultés causées par les précipitations, c’est l’absence de pluies qui est à l’origine des affrontements qui poussent les gens à fuir. Le changement climatique est une réalité dans cette région du Sahel où les températures augmentent 1,5 fois plus vite que la moyenne mondiale et où l’ONU estime que 80% des terres agricoles sont dégradées. Au cours des 60 dernières années, la surface du lac Tchad, dont la rivière Logone est l’un des principaux affluents, a diminué de 95%.Face à cette situation, pêcheurs et agriculteurs Mousgoum ont creusé de vastes tranchées pour retenir les eaux restantes du fleuve afin de pouvoir pêcher et cultiver. Mais ces tranchées boueuses constituent des pièges pour le bétail des éleveurs arabes Choa. À plusieurs reprises, leur bétail s’est retrouvé coincé dans ces tranchées et certains animaux se sont cassé les pattes en essayant d’en sortir. C’est l’un de ces incidents qui a déclenché les affrontements qui ont éclaté le 10 août. Des armes traditionnelles, notamment des arcs et des machettes, ont été utilisées et le conflit a rapidement dégénéré», peut-on lire dans un article paru ce mardi 14 septembre 2021 sur le site internet du HCR
Pour aider les personnes déplacées, le HCR et ses différents partenaires ont distribué des produits de première nécessité et mis en place des cuisines communautaires pour servir des repas chauds. Quatre abris collectifs ont également été érigés de l’autre côté de la frontière dans la localité tchadienne d’Oundouma. Mais l’agence onusienne révèle que les besoins en nourriture, en eau et abris demeurent urgents. Surtout que de nombreux réfugiés dorment encore sous les arbres, à la merci des intempéries.