Après la confirmation de son élection à la magistrature suprême de l’État, Président Faustin Archange Touadera a prononcé un discours dans lequel, il appelle à la réconciliation nationale.
Lebledparle.com vous propose l’intégralité du discours.
Centrafricaines, Centrafricains ;
Mes Chers Compatriotes ;
La Cour Constitutionnelle vient de me proclamer réélu au premier tour de l’élection présidentielle du 27 décembre 2020, à 53, 16%.
Cette décision de la plus haute juridiction de notre pays clôt définitivement le contentieux électoral et doit marquer la fin des incidents qui ont émaillé le processus électoral.
Je ne saurais comment vous exprimer toute la gratitude que me cause le renouvellement de votre confiance.
Permettez-moi de rendre grâce à Dieu, le seul et unique dispensateur du pouvoir temporel qui, dans sa souveraineté et, à travers vos suffrages, m’a renouvelé sa grâce imméritée pour présider à la destinée de notre peuple.
A vous, mes chers Compatriotes, je viens, avec humilité du cœur, vous exprimer mon premier sentiment qui se résume en un seul mot : MERCI.
Merci du fond du cœur, pour la confiance renouvelée.
Je vous félicite pour les sacrifices consentis pour sauver notre démocratie en construction et l’Etat de droit.
Ces élections, organisées dans un contexte particulièrement difficile, ont révélé aux yeux du monde la vitalité de notre démocratie, la résilience et la maturité du peuple centrafricain.
En effet, avec courage et détermination, vous avez bravé l’angoisse causée par le COVID-19, les appels au boycott, les intimidations, les désinformations, les menaces, les violences aveugles des ennemis de la paix et de la démocratie, pour aller massivement exercer votre droit civique, celui d’élire vos dirigeants.
J’ai encore à l’esprit l’image de files interminables d’hommes, de femmes, de jeunes et surtout de personnes de troisième âge qui ont bravé les tirs nourris des balles, les menaces à mains armées, les injures, les mutilations, les atrocités, pour aller aux urnes, le 27 décembre 2020.
Pendant la campagne électorale, j’ai pu apprécier et mesurer le courage et l’engagement de la jeunesse, de la femme centrafricaine à tourner définitivement la page sombre du passé qui a caractérisé notre pays en bravant l’adversité pour consolider nos acquis démocratiques.
Vos bulletins de vote, tout le monde le sait aujourd’hui, ont été des armes redoutables contre les attaques des ennemis de la paix, contre la barbarie. Vos bulletins de vote ont constitué un rempart pour notre démocratie menacée d’extinction et pour notre unité nationale retrouvée. Et il en sera ainsi désormais pour tous les changements de régimes dans notre pays. Les coups d’Etat sont définitivement bannis de notre pays. Mais ces élections, vous le savez, nous le devons aussi et surtout à la mobilisation et au soutien sans faille de l’ensemble de la communauté internationale, en faveur de la démocratie et de l’Etat de droit en République Centrafricaine.
Je voudrais ici exprimer ma gratitude et celle de toute la Nation à l’ensemble de la communauté internationale, aux partenaires techniques et financiers, aux pays amis et frères qui ont soutenu, contre vents et marées, ce processus jusqu’au bout.
Je tiens à remercier particulièrement l’Union Européenne, partenaire historique et privilégié de la République Centrafricaine, pour sa précieuse contribution au financement de ces élections groupées et pour les actions qu’elle mène en faveur du relèvement et du développement de la République Centrafricaine, à travers plusieurs programmes d’appui aux secteurs des services sociaux de base, la relance de l’activité économique, la stabilisation du pays et la reconstitution du tissu social qui contribuent à l’amélioration de la qualité de vie de la population centrafricaine.
Je voudrais également remercier les Nations Unies, représentées ici par la MINUSCA, pour le soutien sans faille apporté au processus électoral et les sacrifices consentis par les soldats de la paix pour permettre aux Centrafricains d’exercer leur droit le plus fondamental, celui de choisir librement leurs dirigeants.
Permettez-moi enfin de remercier mes Frères et Sœurs Unis du Mouvement des Cœurs Unis, les partis et associations alliés de la Plateforme BE OKO et la Direction Nationale de Campagne pour leur mobilisation grandiose et leur engagement patriotique qui ont permis cette réélection.
Une mention spéciale est réservée à la jeunesse, aux femmes, réunies dans plusieurs associations et mouvements de soutien à notre candidature et dont les soutiens ont été déterminants.
A vous tous, j’exprime ma profonde gratitude.
Je tiens à préciser que cette victoire qui vient d’être proclamée n’est pas la victoire d’un camp sur un autre ; elle n’est pas la victoire d’un parti politique sur les autres. Elle est la victoire de la démocratie sur la dictature des armes, elle est la victoire du bien sur le mal.
Mes Chers Compatriotes ;
La campagne électorale est terminée. Il est temps d’oublier les dissensions créées par cette période électorale mouvementée et de nous rassembler autour des nobles idéaux que nous a légués le Père Fondateur de la République, feu Président Barthelemy BOGANDA, à savoir l’unité, la dignité et le travail.
En me renouvelant votre confiance, vous avez voté pour la paix, pour le vivre ensemble, pour l’unité nationale, pour le développement et pour la prospérité de notre pays.
Je suis profondément pénétré du devoir de Père de la Nation qui m’incombe et vous pouvez croire que je n’y faillirai pas.
Je vous réaffirme ma détermination à œuvrer davantage et avec vous, pour que notre pays tant meurtri retrouve définitivement le chemin de la paix, de la sécurité, de la concorde nationale, du vivre ensemble et de la prospérité.
Aujourd’hui, je vous réaffirme que je suis le Président qui rassemble toutes les filles et tous les fils de la République Centrafricaine.
Je suis le Président de tous les Centrafricains, sans distinction d’origine politique, régionale, ethnique, religieuse, philosophique et sociale.
Fidèle à ma politique de main tendue, d’addition et de multiplication, je tends la main à tous les Compatriotes épris de paix, conscients du retard de développement de notre cher et beau pays, et soucieux de son développement socio-économique de nous rejoindre pour poursuivre ensemble le combat de la défense de la souveraineté, du développement et de la prospérité de notre pays.
Comme vous le savez, mon projet de société a toujours été de rassembler les Centrafricaines et Centrafricains autour d’un même idéal : bâtir la République Centrafricaine dans la paix et l’unité nationale.
Je tends la main patriotique à l’opposition démocratique afin de sortir notre pays du cycle vicieux de violences et de destruction.
Mes Chers Compatriotes ;
Le contexte électoral ne m’a pas permis de me prononcer immédiatement sur la situation sécuritaire de notre pays, depuis la tentative manquée d’atteinte à la sûreté intérieure de l’Etat.
Je dois rappeler que le mercredi, 13 janvier 2021, à 5 heures du matin, nos Forces de défense et de sécurité, appuyées par la MINUSCA et les forces amies russes et rwandaises, ont vigoureusement empêché la réalisation d’un coup d’Etat, perpétré par la nébuleuse rébellion dénommée Coalition des Patriotes pour le Changement (CPC), dirigée par l’ancien Président François BOZIZE.
Les attaques simultanées et coordonnées, déclenchées à la veille des scrutins présidentiel et législatifs du 27 décembre 2020 contre les populations civiles à Yaloké, Bossembelé, Boda, Mbaïki, Bouar, Sibut, Damara, Béloko, Bangassou, Grimari, et qui ont atteint le summum de leur cruauté par celles lancées aux premières heures de la matinée du 13 janvier 2021 sur la capitale Bangui ont, comme vous le savez, entraîné de nombreuses pertes en vies humaines et des pertes économiques énormes pour le pays.
A l’heure où je m’adresse à Vous, le coup d’Etat contre les institutions de la République, l’Etat de droit et la démocratie a échoué.
Je voudrais ici rendre hommage à toutes les victimes de cette barbarie et particulièrement aux soldats de la paix, à ceux des pays frères et amis et aux éléments des forces de défense et de sécurité nationales, tombés sur les champs d’honneur pour la démocratie et la liberté du peuple centrafricain.
Je voudrais ici féliciter du fond du cœur nos forces de défense et de sécurité, pour le courage, la bravoure, le patriotisme et le professionnalisme dont elles ont fait preuve, en mettant hors d’état de nuire ces criminels sans foi ni loi qui veulent prendre notre pays en otage.
Je voudrais remercier et encourager la MINUSCA, les forces spéciales amies russes et rwandaises pour leurs appuis aux forces de défense et de sécurité de notre pays qui ont permis de contrer l’offensive rebelle et de protéger les institutions de la République.
Je voudrais remercier l’ensemble de la communauté internationale qui a toujours été au côté du peuple centrafricain pendant les pires moments de son histoire, pour la réprobation et la condamnation unanimes de la tentative de blocage du processus électoral et de la tentative de coup d’Etat contre les institutions démocratiques de notre pays.
Je remercie également la société civile, la Conférence Episcopale Centrafricaine, les organisations de la jeunesse et des femmes pour leur soutien indéfectible aux institutions de la République.
Je voudrais particulièrement vous remercier et vous féliciter, mes chers Compatriotes, pour le patriotisme et le courage exemplaires dont vous avez fait preuve, depuis le début de cette nouvelle crise, en fournissant en temps réel des renseignements précieux sur les mouvements, les moyens et les stratégies des assaillants à vos autorités légitimes et aux forces de défense et de sécurité. Grâce à ces renseignements, nos forces, appuyées par les partenaires, ont pu mettre en déroute les assaillants.
Mes Chers Compatriotes ;
J’ai fait le choix du dialogue et de la recherche permanente du consensus autour des questions d’intérêt national.
Vous en êtes tous témoins, et d’ailleurs beaucoup de nos Compatriotes, y compris ceux qui le réclament aujourd’hui à cor et à cri, me l’ont reproché.
Mais j’ai tenu bon jusqu’à obtenir un Accord politique pour la paix et la réconciliation, avec les groupes armés afin de mettre définitivement fin au cycle de violences qui ont plombé la chance de développement de notre pays.
Au lendemain de mon investiture, nous allons poursuivre la réconciliation nationale afin de décrisper le climat politique pré et post électoral.
Mes Chers Compatriotes ;
Que personne ne vous trompe par de vaines paroles. Cette rébellion a été préparée depuis l’exil de l’ancien Président François BOZIZE et devrait être exécutée dès le retour de celui-ci sur le sol centrafricain.
Mais il lui fallait trouver un prétexte, même fallacieux, pour exécuter son plan machiavélique et à des fins purement personnelles et familiales.
Ainsi, depuis son retour en décembre 2019, l’ancien Président François BOZIZE n’a eu de cesse de multiplier des provocations contre les institutions de la République.
L’argument spécieux tiré de l’invalidation de sa candidature à l’élection présidentielle par la Cour Constitutionnelle n’a été qu’un prétexte supplémentaire pour déclencher les hostilités préparées de longue date.
Mes Chers Compatriotes ;
Je tiens à rappeler qu’aux termes de la Constitution de notre pays, le coup d’Etat, la rébellion, la mutinerie et tout autre procédé non démocratique d’accession au pouvoir constitue un crime imprescriptible contre le peuple centrafricain.
Aucun individu, fut-il général d’Armée ou ancien Président de la République, ne peut s’approprier la souveraineté nationale pour l’exercer par les armes.
Ne nous trompons pas d’ennemis. Il faut éviter les amalgames. Nous savons tous que c’est l’ancien Président François BOZIZE qui a conçu la rébellion, réuni les moyens et mis le feu au pays ; bien sûr, avec les mercenaires étrangers qu’il a recrutés et ses alliés politiques que vous connaissez tous, pour satisfaire son ambition personnelle ou familiale.
Une enquête judiciaire est ouverte pour permettre d’aboutir à la manifestation de la vérité. Les auteurs, coauteurs et complices présumés de ces crimes imprescriptibles commis contre le peuple centrafricain seront recherchés, arrêtés et traduits devant les juridictions compétentes.
Je vous exhorte donc à observer le calme, la retenue et à demeurer vigilants, car l’ennemi n’est pas encore totalement vaincu.
Je vous exhorte enfin à reprendre le travail, à vaquer librement à vos occupations quotidiennes et à ne pas céder à la peur, pour éviter l’effondrement de notre pays.
Vous le savez, les conséquences immédiates de ces violences aveugles et du blocage du corridor Bangui-Garoua Boulaï, sont la pénurie et la flambée des prix des produits de première nécessité sur l’ensemble du territoire et la privation de la population des services sociaux de base tels que les écoles et les hôpitaux.
Je vous exhorte instamment à continuer à soutenir, par tous les moyens, nos forces de défense et de sécurité ainsi que la MINUSCA et les forces spéciales amies russes et rwandaises, jusqu’à la victoire finale sur les forces du mal.
Vous pouvez faire confiance à vos autorités, à vos forces de défense et de sécurité, à la MINUSCA et aux forces des pays amis et frères venus combattre à nos côtés pour la démocratie et les droits de l’Homme.
J’exhorte les femmes, les jeunes et tous les compatriotes épris de paix, à se lever comme un seul homme, comme vous savez le faire, pour barrer la route à la barbarie que les mercenaires et leurs parrains veulent nous imposer.
La République Centrafricaine, dois-je le rappeler, est notre avenir commun.
Nous devons la défendre contre les agissements de tous ceux qui, rongés par la haine, la méchanceté, l’esprit de vengeance et l’amertume, usent de tous les artifices pour empêcher le peuple d’exercer son droit fondamental qui est celui de choisir librement ses dirigeants.
Vive la démocratie pour que vive la République Centrafricaine !
Que Dieu bénisse la République Centrafricaine et son Peuple !
Je vous remercie.