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Flore Mboussi : « Nous faisons de la politique au service de nos populations »

Flore Mboussi

Lebledparle.com vous propose de lire l’interview de Marie Flore Mboussi parue dans le quotidien « Émergence » de ce vendredi 29 novembre 2019.

Flore Mboussi
Flore Mboussi (c) Droits réservés

Celle qui allait être candidat pour le MRC dans le Mbam et Inobou parle de la décision du MRC de ne plus participer à cette élection locale. Elle précise le sens de leur engagement politique au MRC.

Émergence : Maurice Kamto a-t-il raison de désister son parti du double scrutin prochain ?

Marie Flore Mboussi (MFM) : La véritable question est de savoir si nous pouvons sérieusement dans notre pays, organiser des élections de proximité dans un contexte humanitaire et socio-politique pareils.

Nos frères et sœurs du NOSO meurent de façon quotidienne, survivent en forêt et sont déplacés au Nigeria et dans les villes voisines.

De plus, aller à un nouveau scrutin avec le même système électoral aussi biaisé, conduirait à des tensions politiques et sociales autrement plus grandes que celles du « hold up électoral de 2018 ».

Émergence : Quel peut être l’impact de cette non-participation du Mrc sur le double scrutin ?

MFM : Au sortir des élections présidentielles gagnées par le MRC et volées par le régime RDPC ; nous avons vu le Président élu Maurice Kamto être injustement classé second par un conseil constitutionnel à la solde du pouvoir illégitime de Mr. Biya. Comment donc penser que des élections législatives et municipales puissent s’organiser sans le seul véritable adversaire politique de Mr. Biya ? Cela pose immédiatement la question de la crédibilité de ces consultations électorales.

Émergence : Est-ce qu’aux yeux de la communauté internationale, des élections sans le Mrc sont crédibles ?

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MFM : Il serait difficile d’imaginer élections moins crédibles que celles organisées sans le MRC à l’heure actuelle au Cameroun.

Car qu’on le veuille ou non, que l’on nous apprécie ou pas, notre formation politique a, ces derniers mois acquis auprès de l’opinion nationale et internationale la solide réputation d’une opposition véritablement au service du peuple ; tant par les choix stratégiques de notre leader que par les sacrifices consentis par nos militants.

Émergence : Est-ce que la politique de la chaise vide peut produire à l’endroit du Mrc quelque bénéfice quelconque ?

MFM : Vous savez, c’est à force de se poser de mauvaises questions que nous sommes arrivés à une situation aussi catastrophique.

Il ne s’agit nullement de savoir ce que le MRC peut tirer de telle ou telle prise de position mais uniquement de savoir ce qui est moral et juste pour notre pays.

Est Il moral d’aller voter quand 2 régions de notre territoire sont à feu et à sang ? Quand nos frères et sœurs des deux régions anglophones sont eux privés de ce même droit de vote ?

La réponse à ses deux questions est évidement non ! Et c’est là que s’arrête la réflexion du MRC ; quel est l’intérêt de nos concitoyens.

Vous savez, il n’y a pour nous, que des risques à prendre dans une pareille posture ; notamment le fait de ne pouvoir participer à la présidentielle de 2025 car n’ayant pas d’élu local. Mais nous embrassons ces risques la tête haute car nous savons avoir pris la bonne décision, la juste décision. C’est tout le sens de notre engagement, faire de la politique avec de la hauteur et au service de nos populations quoi qu’il nous en coûte !

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Émergence : D’aucuns font le parallèle avec Fru Ndi qui avaient refusé de participer aux législatives de 1992 et qui s’en était mordu les doigts. Peut-on vraiment confondre les deux situations ?

MFM : Bien que les deux situations aient une cause commune ; à savoir l’habitude antidémocratique de Mr. Biya à voler les élections, elles sont néanmoins différentes sur au moins trois points que j’identifie :

  1. 1. Le contexte humanitaire et sécuritaire : en 1992, nous n’avions pas une guerre fratricide dans les régions du NOSO.
  2. 2. Le contexte technologique : qui a permis à Mr. Biya de massacrer en silence nos frères du SDF lors des contestations post-électorales. Les technologies modernes permettent aujourd’hui, en effet, d’informer en temps réel la planète toute entière trahissant ainsi la barbarie de Mr. Biya et de sa milice.
  3. 3. Et enfin, malgré tout le respect que nous avons pour le Chairman, Maurice Kamto n’est pas Fru Ndi.

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