Le chef du service des oppositions à la Paierie générale du Trésor, madame Leufang Celestina Nkeng était attendue le 30 septembre 2019, au bureau de Blaise Wo’o Minko, juge d’instruction au Tribunal criminel spécial (TCS), en charge de l’enquête judiciaire dans le cadre de l’affaire liée au détournement de deniers publics.
L’information est contenue dans les colonnes l’hebdomadaire Kalara, dans sa publication 30 septembre 2019. C’est 24 heures après la publication par ce journal d’un dossier contenant des révélations explosives. Dans cette édition, Kalara renseignait que madame Leufang Celestina, suspect numéro 1 dans cette affaire, n’avait jamais été inquiétée, malgré l’existence d’un mandat d’arrêt à son encontre depuis 2016.
Le journal de Christophe Bobiokono révélait par la même occasion que la concernée se trouve être la sœur Mme Limunga Sarah Itambi, avocate près la Cour suprême, et épouse de M. Amougou Belinga, qu’on dit proche du dernier cercle du ministre de la Justice, Laurent Esso.
En attendant les suites de cette convocation, il faut rappeler qu’il s’agit d’une affaire qui a entraîné le détournement de 7 milliards de FCFA des caisses publiques, à travers des matricules fictifs.
Selon le constat fait, révélait Kalara, « nombre de personnes ayant bénéficié d’une avance sur solde ou d’une avance de pension (des prêts à taux nul auprès du Trésor public) ne remboursaient finalement pas l’argent à l’État. En fait, ces personnes bénéficiaient des complicités internes au ministère des Finances, permettant de désactiver la retenue automatique à la source ».
Chef de la cellule informatique de la Direction des dépenses du personnel et des pensions (DDPP) du MINFI à l’époque des faits, Emmanuel Leubou avait, au terme de ses propres investigations, constaté que le problème venait de Mme Leufang Celestina Nkeng, qui favorisait ces non-remboursements.
Par deux reprises, M. Leubou avait supprimé la clé d’accès de cette dernière au réseau informatique. Mais à chaque fois, sa hiérarchie lui avait demandé de la rétablir.
Curieusement, c’est lui qui est interpellé le 2 mai 2018. Il avait été invité à se présenter devant les enquêteurs du TCS, pour confrontation avec Mme Leufang. Cette dernière ne se serait jamais présentée au rendez-vous. M. Leubou lui, sera écroué à la prison centrale de Yaoundé quelques jours après, en compagnie d’autres personnes.
Avec la convocation au TCS du principal suspect de cette affaire, c’est un nouveau rebondissement qui intervient à cinq semaines seulement de l’expiration du délai maximum (18 mois), de la détention provisoire servie à M. Leubou et à d’autres suspects.