Le jeudi 6 février 2020, sa Majesté Fo’o Sokoudjou Chedjou II, Roi des Bamendjou célèbre ses 67 ans de règne. Pour cette célébration, le dépositaire de la tradition a décidé de partager avec les internautes son désarroi au sujet de la trajectoire descendante qu’a pris le Cameroun. Il ressasse en invoquant les ancêtres du Cameroun, l’état calamiteux dans lequel se trouve le pays qu’ils ont légué à la postérité et à la prospérité. « Qui part dire à ceux avec qui nous étions ce que le derrière est devenu !!! », s’exclame-t-il au début de sa tribune.
Le constat du gardien de la tradition
« Le peuple côtoie la misère, la souffrance au quotidien sous le regard méprisant des dirigeants qui vivent dans une richesse insolente et que quelques-uns arrêtent seulement leurs corps pour ne même pas essuyer leurs fesses avec les billets d’argent !!! », constate sa Majesté Fo’o Sokoudjou Chedjou II.
La prière du Roi des Bamendjou
Le Chef traditionnel rêve d’un Cameroun nouveau pour nos enfants de demain. « Pour ma part, j’ai vu et je continue à voir. J’ai vu ceux qui partaient, j’ai vu ceux qui revenaient. Ils m’ont menacé, m’ont torturé, j’ai mangé les cacas pour ce pays, je n’ai jamais désespéré et jusqu’aujourd’hui je ne désespère pas. Je prie les Dieux de ce pays, je prie mes ancêtres afin qu’ils touchent le cœur de tous ceux qui sont habités par des mauvais esprit de méchanceté afin qu’ils comprennent que le Cameroun est au-dessus de leurs calculs et intérêts, que nous passerons tous mais que le Cameroun restera et qu’il est urgent que chacun se concerte avec son cœur afin que nous pensons un nouveau Cameroun que nous transmettrons aux générations futures », prie-t-il.
Lebledparle.com vous propose l’intégralité du texte.
Qui part dire à ceux avec qui nous étions ce que le derrière est devenu !!!
C’était le 6 février 1953, après un séjour de près de 7ans a oveng adopté par une famille beti, que je revenais a Bamendjou manger la maison de mon père et j »avais alors 17 ans. Rien n’a été facile jusqu’à ce jour rien n’est facile.
A partir de 1955, soucieux du devenir de ce pays malgré mon jeune âge, j’ai pris une part active à la lutte d’indépendance et à la libération de mon pays.
J’ai refusé que je ne pouvais pas arrêter ma nourriture entre mes mains, laisser le colon blanc manger et je ne sois réduit qu’à ne lécher que les feuilles.
Cela m’a valu torture, misère, brimades et par moment j’ai frôlé la mort mais mes ancêtres m’ont toujours gardé. Ces colons m’ont fessé, m’ont torturé, m’ont emprisonné mais jamais je n’ai fléchi car pour moi le pays de quelqu’un n’est comparable a rien.
Nous nous sommes battus mais l’indépendance a été passé par la fenêtre et remis à ceux qui n’avaient rien demandé et on s’est dit « au lieu que ça se brûle, mieux ça cuit mal ». Le blanc noir a pris la place du blanc et malgré tout nous continuons la bataille pour la construction de ce pays.
Le café est prospère, les planteurs vivent du fruit de leurs travails, les FO’O sont dignes et donnent de la valeur à la chefferie, la royauté pèse, chacun voit comment la plante Cameroun lance les légumes et la récolte du haricot est abondante. Malgré que nous soyons dans un régime ou personne ne peut ouvrir la bouche, chacun mange à sa faim et dort son sommeil sans tousser.
Aujourd’hui ou en sommes-nous ????
La tête fibrée du macabo qui était réservé au porc est devenue le principal repas de la famille, la banane qui nourrissait le cochon est devenu le remède face à la dureté des temps…qui pouvait l’imaginer que ce pays ci allait se retrouver à ce niveau aujourd’hui ?
Le peuple côtoie la misère, la souffrance au quotidien sous le regard méprisant des dirigeants qui vivent dans une richesse insolente et que quelques-uns arrêtent seulement leurs corps pour ne même pas essuyer leurs fesses avec les billets d’argent !!!
Qui part dire à mon père Atangana Simon qui m’avait adopté a Oveng que le pays est resté se gâter si bien qu’on me rappelle chaque jour que mon village c’est Bamendjou a l’ouest du pays !!!!
Qui part dire à Ernest ouandié, à Abel kingué, à Roland Moumié, à Um Nyobe, à Ossende Afana que le pays est resté se gâter si bien que les mangeurs ne saluent plus les travailleurs !!!
Qui part dire à ceux-là qui, soucieux de l’avenir des enfants de demain avaient rempli le grenier avant de partir que les souris sont restées ronger tous les arachides qui étaient dans le grenier ?
Qui part dire à ceux-là avec qui nous étions que voici que tout est resté se gâter si bien que en allant aux élections nous connaissons déjà la part de chaque candidat qu’il aura !!
Qui part dire au FO’O Abega Martin des Ewondo a Efoufan( Efoula Meyong qui veut dire rencontre de toutes les tribus)que le pays est resté se gâter si bien que ses enfants ne peuvent plus se couper un morceau d’eau. Le derrière s’est tellement gâté qu’on identifie déjà les ressortissants de chaque tribu et leur montre la route qui va chez eux.
Qui part dire au lamido Bouba Ndjida de Rey Bouda que le derrière est resté se gâter au point où le FO’O est à la cuisine lui-même pour couper sa viande, son serviteur étant devenu son adversaire politique !!!!
Qui part dire au FO’O Alexandre Douala manga Bell que le pays est resté se gâté si bien que les chefs allés au fond de l’eau rentrent sans aucun message des ancêtres parce qu’ils ne reconnaissent plus les visages qui sont devant eux, l’administration ayant tout détruit !!!
Qui part dire au sultan Seydou Djimoulu de Foumban que tout est resté changer si bien que le chef lance le cri de ralliement sur la place du marché et le peuple ne répond pas !!!!
Qui part dire aux Fons Abumbi I et II de Bafut que le derrière est resté devenir n’importe quoi si bien que l’administration a cousu les tenues aux chefs, a fabriqué d’autres chefs et les a classés en premier, deuxième, troisième, quatrième degré !!!!
Qui part dire au FO’O Pag Ndon de bouroukou que tout est resté se gâter si bien que le FO’O mange le taro sans viande ?
Qui part dire à FO’O kamwa de Baham, à FO’O Fotso de Batoufam que tout resté se gâter au point où le FO’O porte lui-même sa peau de panthère pour aller danser sur la place du marché, le temps est si mauvais qu’on traverse le cour d’eau avec le veuvage !!!!
Qui part dire à FO’O Naoussi de Bamougoum que l’eau est restée partir en montant si bien que le fils aîné considéré comme l’ami du père succède au père, l’enfant né hors de la peau de panthère est en train de discuter la succession !!!!
Qui part dire à FO’O Tchumtchoua de Bafoussam que tout est resté se gâter si bien que pendant la danse le FO’O lance la queue de cheval et personne n’attrape !!!
Qui part dire à FO’O kemajou de Bangou, à FO’O Happy de Bana que le temps est resté changé de pieds de chaussure si bien que le coq a chanté en plein jour et les * enfants des animaux* se sont mêlés des choses de la chefferie
Qui part dire à FO’O Djoumessi Mathias de Dschang que le derrière est pourri au point où le chef enlève chapeau, bracelets, tous ses attributs, porte le tricot d’un parti politique, abandonne son palais, son trône et se retrouve au quartier à se battre dans une campagne électorale contre une partie de son peuple !!!!!!
Qui part dire à tous ceux avec qui nous étions et qui sont parti que tout est tellement gâté au point où les successeurs par des comportements déplorables ont chassés « Dieu » des lieux sacrés, les parents coupent la bière avec les enfants, les élèves tuent leurs enseignants, les parents enterrent les enfants et voient leurs malchances deux fois !!!
Que chacun sache qu’il paiera un jour le prix de tout le mal qu’il a fait à ce pays, les pleurs de ce peuple qui ne demande qu’un minimum d’attention ne peuvent pas se verser gratuitement. Ne soyez pas tellement rassasié aujourd’hui au point d’oublier que demain un autre jour se lèvera.
Rassurez-vous que le nœud que vous faites là vous serez capable de défaire vous-même demain lorsqu’on vous invitera à le faire !!!
Le peuple crie, pleure, vous restez insensible que ce n’est pas un homme et une femme qui vous avaient aussi accouché ? On a fendu un arbre et vous êtes sorti dedans ?
Pour ma part, j’ai vu et je continue à voir. J’ai vu ceux qui partaient, j’ai vu ceux qui revenaient. Ils m’ont menacé, m’ont torturé, j’ai mangé les cacas pour ce pays, j’ai jamais désespéré et jusqu’aujourd’hui je ne désespère pas. Je prie les Dieux de ce pays, je prie mes ancêtres afin qu’ils touchent le cœur de tous ceux qui sont habités par des mauvais esprit de méchanceté afin qu’ils comprennent que le Cameroun est au-dessus de leurs calculs et intérêts, que nous passerons tous mais que le Cameroun restera et qu’il est urgent que chacun se concerte avec son cœur afin que nous pensons un nouveau Cameroun que nous transmettrons aux générations futures.
Chacun doit œuvrer à son niveau pour la paix dans ce pays et cela doit se faire dans la vérité car on n’enterre pas la pierre au sol et malheur à tous ceux qui mangent la sauce dans 2 canaris
Pour ceux qui font encore semblant d’ignorer, dans nos traditions, on dit » Fo’o peue Sii’, FO’O avec Dieu. Ma mission est divine et j’aurai des comptes à rendre a » Si’i » et à mes ancêtres et non aux humains !
Foo sokoudjou ce 6 février 2020, An 67 de mon règne, depuis son palais à Bamendjou