Dans une publication sur son mur Facebook, ce mercredi 31 juillet 2019, Franck Essi, SG CPP tire les conclusions de la synthèse faite par le REDHAC de la situation post mutineries dans les prisons de Kondengui et de Buea. « La situation des droits de l’homme dans notre pays est des plus inquiétantes », déclare-t-il. Lebledparle.com, vous propose l’intégralité de la communication de Franck Essi.
*ACTES DE TORTURE, VIOLATION DES DROITS HUMAINS, TRAITEMENTS INHUMAINS ET DÉGRADANTS*
C’était l’objet de la synthèse faite par le REDHAC ce mercredi 31 Juillet 2019 de la situation post mutineries dans les prisons de Kondengui et de Buea.
Il apparaît que dans les prisons où se sont déroulées ses mutineries :
– 3/4 sont des personnes en détention provisoire (En attente de leurs jugements définitifs).
– 1/4 sont des personnes condamnées.
– Une partie significative de personnes sont maintenues en prison au motif de non-paiement de la contrainte par corps, sous-entendu des personnes ayant déjà purgé leurs peines privatives de liberté mais ne s’étant juste pas encore acquitté des frais de justice dus au Trésor Public (Dépens et amendes pécuniaires assorties à leurs condamnations).
– On compte une cinquantaine de blessés à la prison de Buea au lieu de 43 comme indiqué officiellement. 02 blessés étant des policiers.
– De nombreuses personnes déportées sans que l’on ne sache à ce jour les lieux et les conditions dans lesquels ils se trouvent.
– Certaines personnes ont subi de manière avérée des actes de tortures et sont dans un état de santé délicat. Il s’agit des militants du MRC et des activistes anglophones.
Comme le montre cette synthèse générale du Redhac, la situation des droits de l’homme dans notre pays est des plus inquiétantes.
Au – delà du nom respect des droits et libertés fondamentaux, on observe ces dernières années et plus récemment encore, des tortures inacceptables.
Ceci montre que chaque jour, les violations des engagements nationaux et internationaux se font de plus en plus graves et nombreuses.
Elles portent sur plusieurs plans :
– Le non-respect des liberté d’expression, de réunion et de manifestation.
– Des arrestations qui violent allègrement notre code de procédure pénale.
– Le jugement des civils devant des tribunaux miliaires, en violation des engagements internationaux du Cameroun.
– La privation des personnes arrêtées de leur droit à un conseil ou à un avocat.
– Des procédures judiciaires excessivement longues qui finissent par prendre plusieurs années.
– Des procès inéquitables au sens des conventions africaines ratifiées par l’État du Cameroun (CADHP).
– Des conditions de détentions humiliantes et deshumanisantes qui transforment des détenus en animaux.
– Des actes réguliers de tortures morales et physiques.
Face à cette triste réalité, il convient de rappeler que nul n’est à l’abri de ces sauvageries :
– Certains sont en prison alors qu’ils ne sont pas encore formellement condamnés.
– D’autres sont en prisons du fait des dysfonctionnements ou des erreurs judiciaires.
– Nombreux sont en prison après avoir mis d’autres camerounais en geôle. Croyant que jamais ils ne se retrouveront dans les mêmes prisons. Les premiers aujourd’hui peuvent devenir les derniers demains.
– Certains qui se réjouissent aujourd’hui du malheur des autres pourraient se retrouver dans ses prisons.
Fort de ce qui précède, nous ne devons pas :
– Être indifférents au sort de nos compatriotes aujourd’hui détenus.
– Accepter cet ensauvagement de notre société.
– Tolérer cette torture qui s’abat sur des personnes qui demeurent des êtres humains.
Nous devons joindre nos forces pour :
– Appeler au traitement humain de tous les détenus et prévenus dans nos prisons. L’emprisonnement n’est pas synonyme de perte d’humanité.
– Exiger des procès équitables dans des délais raisonnables pour les personnes en attente de jugement définitifs.
– Appeler à la libération des prisonniers politiques.
On ne résoudra pas les crises que nous connaissons en multipliant les actes de violence et d’injustice.
Peut-être certains ne voient pas assez que les foyers de crise et de tension se multiplient chaque jour dans notre pays.
C’est le signe que le logiciel de gouvernance ainsi que les fondements de ce régime sont dépassés.
Il faut une refondation.
Seule une refondation permettra d’amorcer de manière sérieuse, profonde et durable la construction d’un nouvel ordre plus respectueux du caractère sacré de la vie.
Et pour effectuer cette refondation, il est plus que certains que les le système actuel et ses administrateurs n’ont ni la volonté, ni la capacité de de faire autrement.
Tirons en les conséquences…
*Franck Essi, SG CPP*
*Douala, le 31 Juillet 2019.*