Fridolin Nke s’inscrit en faux par rapport au nouveau statut de « proposants » dont certains leaders de l’opposition se prévalent. L’enseignant de philosophie en service à l’Université de Yaoundé I développe amplement son point de vue dans une tribune parvenue à la rédaction de Lebledparle.com ce mardi 06 avril 2021.
Nos deux jeunes leaders « proposants » sont politiquement inconsistants. Ils disent qu’ils ne s’opposent pas au pouvoir en place mais qu’ils font des propositions au régime de Paul Biya. Qui les écoute donc ? Ils ont réussi à faire changer quoi dans le mental et les usages frigorifiés des gens d’Etoudi? Qu’ont-ils récolté devant l’autisme des faux Grands, sinon des privilèges et des honneurs éphémères : ils se sont convaincus, enfin, qu’ils sont aussi des Grands. Un jour, l’un d’eux me vantait sa proximité avec Atanga Nji et le fait que ce dernier l’avait fait asseoir à la première rangée au cours d’une réunion ! Voilà la récolte de leur « engagement politique » ! Que pouvons-nous mettre à leur actif, sinon l’évidence sacrilège qu’ils ont réussi à rentabiliser leur légèreté et leur goût du luxe, de la facilité et de la belle vie ?
Maintenant, ils doivent reconnaître et avouer qu’ils nous ont trompés et que, depuis le départ, ils savaient qu’ils sont des Alliés (de la majorité présidentielle) et non dans l’opposition ; que ce qui les intéresse plus que tout, c’est leur part du « Gâteau national », les microprojets, les budgets, les missions, la visibilité, les avantages du service de la distraction idéologique, la tragicomédie en somme.
L’illusion d’être neutre, policé, « conforme », devant une situation intenable dans l’ensemble, la sainteté et le « respect des institutions » devant le dévoiement institutionnel de la République est une trahison des valeurs républicaines.
Le mot opposition a un sens politique générique qui ne saurait être édulcoré sous les tropiques, sous le prétexte de sa charge sémantique problématique…
L’alternance qu’il implique est un principe constitutionnel qui est fondamental en démocratie. Dire qu’on est de l’opposition dans ce qui est convenu d’appeler « Grandes démocraties » est une lapalissade.
Il faut une frontière claire entre ceux qui gouvernent et ceux qui s’opposent à eux, avec des arguments, des idéologies ou des projets de société propres.
On ne peut, ni ne doit, embrouiller les esprits des citoyens pour des intérêts inavoués, pour la rentabilité de certaines postures politiciennes efféminées, comme c’est le cas avec certains acteurs politiques chez nous, dont j’ai la preuve qu’ils ont des accointances avec le régime pilleur en place.
Lorsque j’ai été candidat aux municipales, à la Commune d’Obala, c’était parce que je m’opposais, en tant qu’alternative, à la gabegie ambiante dans cette collectivité territoriale décentralisée.