Ces mots sont extraits du communiqué publié le 28 septembre 2016 par de proches collaborateurs de l’opposant gabonais. Il rend compte de la rencontre que Jean Ping a eue avec des diplomates le 27 septembre 2016 à Libreville, la capitale gabonaise. Le jour de l’investiture d’Ali Bongo, Président déclaré réélu par la Cour constitutionnelle.
Les Ambassadeurs de France, des États-Unis, de l’Union Européenne, de l’Union Africaine et le représentant du Secrétaire Général de l’Union Africaine ont assisté à une réunion au cours de laquelle le principal opposant du Président Ali Bongo a déclaré que le vrai Président du Gabon, c’est lui. «Le Président que les Gabonais ont élu le 27 août dernier est Monsieur Jean Ping», a-t-il encore signifié.
Ci-dessous l’intégralité du discours prononcé par l’ancien président de la Commission de l’Union Africaine
[RENCONTRE AVEC LES AMBASSADEURS]
EN PRÉSENCE DES AMBASSADEURS DE L’UNION EUROPÉENNE, DES ÉTATS-UNIS, DE FRANCE, AINSI QUE LE REPRÉSENTANT SPÉCIAL DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DE L’ONU POUR L’AFRIQUE CENTRALE (UNOCA).
Excellences, Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,
Monsieur Jean Ping remercie la Communauté internationale pour sa contribution avant, pendant et après l’élection.
Aujourd’hui, les choses sont claires, le peuple gabonais a tranché. Nous avons, d’un côté une tentative grossière de contournement du choix du peuple et quelqu’un qui veut s’imposer une nouvelle fois par un Coup d’État électoral et une mascarade judiciaire. Et, de l’autre côté, un peuple qui a fait très nettement son choix en sa faveur.
Le Président que les Gabonais ont élu le 27 août dernier est Monsieur Jean Ping. La responsabilité qui lui incombe est de faire respecter le choix des citoyens conformément à l’article 9 de la Constitution de la République, ainsi que la charte des Nations-Unies, qui reconnait l’autodétermination des peuples à choisir librement leurs représentants. En effet, aucune institution au Gabon ne saurait être au-dessus de la Constitution ou du vote populaire.
Nous avons d’une part la Constitution, et d’autre part la décision inique d’une institution dévoyée et corrompue par un pouvoir complètement mis à nu.
Il constate aussi que la Cour constitutionnelle, malgré le risque de discrédit qui pèse sur elle, a pensé que la raison du plus fort est toujours la meilleure. Elle a ainsi fait le choix de figurer dans les pages les plus sombres de l’histoire du Gabon. Quelle triste destinée pour ceux qui vont devoir assumer cette responsabilité.
Depuis le début du processus électoral, Monsieur Jean Ping a toujours clairement exprimé son scepticisme sur les capacités des institutions en charge de la gestion des élections. La Communauté internationale, avec insistance, a fait valoir l’impérieuse nécessité de se conformer aux voies légales et de jouer le jeu des institutions.
Le processus électoral s’est soldé par un échec de la démocratie. Nul ne le conteste. Il s’est une nouvelle fois soldé par un Coup d’État électoral. C’est le lieu d’interroger la Communauté internationale et de l’inviter à prendre ses responsabilités devant cette situation qui l’engage également.
Aujourd’hui, nous n’avons toujours pas une comptabilisation précise des arrestations, des assassinats et des massacres qui ont été perpétrés par certains éléments des forces de défense et de sécurité, appuyés par les escadrons de la mort.
Au Gabon, sous Ali Bongo, l’État de droit n’est désormais plus qu’une vue de l’esprit. On a du mal à compter les enlèvements à la pelle de personnalités politiques. Les arrestations arbitraires et les perquisitions illégales sont légion… Tout est mis en œuvre pour créer un climat de terreur et de psychose généralisé. Le régime Bongo-PDG a atteint le point de non-retour dans la barbarie, la dictature et le non-respect des droits élémentaires vis-à-vis de la personne humaine.
Monsieur Jean Ping, tout en condamnant le Coup d’État électoral, est déterminé à assumer toutes ses responsabilités pour restituer au peuple gabonais sa souveraineté, et donner toute sa légalité au pays réel qui dispose de la légitimité.
Il n’est donc pas question pour lui et les siens de reconnaitre Ali Bongo comme futur Président de la République. Son mandat actuel arrive à son terme le 15 octobre 2016.
Le président Ping ne se prêtera et ne cautionnera aucun arrangement d’arrière-boutique sur le dos du peuple gabonais qui a tant souffert, et qui souffre encore de cette période traumatique.
Viendra le temps de la réconciliation qui passera par le dialogue. Mais tant que la vérité des urnes ne sera pas restituée au peuple gabonais, rien de cela ne sera possible ou tenable.
Il appelle donc les Gabonais à la mobilisation et à la vigilance, pour faire échec à ce coup d’État électoral.
Plus que jamais, le Gabon, dans cette phase critique de son histoire, a besoin de tous ses enfants et de tous ses amis, unis et rassemblés, pour mettre en échec ce pouvoir illégitime et honni dans les urnes par le peuple. La Libération du Gabon est en marche.
Je vous remercie.