Le Journal du Dimanche révèle que «les conversations enregistrées révèlent de lourdes suspicions de trucage» de la présidentielle.
Quatre jours après la prestation de serment du Président Ali Bongo, et au moment où le pays connait une certaine accalmie après les violences postélectorales, des révélations venues d’un média français vont faire reparler des contours de l’élection du 27 août 2016. En effet, l’hebdomadaire français Le Journal du Dimanche révèle que les services secrets gabonais ont placé sur écoute des membres de la mission d’observation déployée par l’Union européenne pour l’élection du 27 août. Et, ces conversations attestent de leurs doutes sur la sincérité du résultat, rapporte dimanche 2 octobre l’AFP.
L’hebdomadaire mentionne des extraits d’une vingtaine d’enregistrements, sans préciser comment il les a obtenus, et écrit qu’une des personnes écoutées a «formellement identifié sa propre voix». Pour le journal, «les conversations enregistrées révèlent de lourdes suspicions de trucage» de la présidentielle, officiellement remportée par le Président sortant Ali Bongo Ondimba face au candidat de l’opposition Jean Ping, apprend-on.
Selon ces extraits, un membre de la mission de l’UE, non identifié, déclare fin août: «Ils sont en train de chercher comment tricher et que ça ne se voit pas trop. Des urnes sont en cours d’acheminement à Libreville et vont faire la différence».
Le 30 août, poursuit le journal, le responsable de la sécurité de la mission européenne signale à un interlocuteur qu’il y a eu «des modifications de chiffres cette nuit sur Wikipedia. Ils ont gonflé la population du Haut-Ogooué ! Ce n’est pas encourageant».
Le lendemain, la victoire d’Ali Bongo est proclamée avec moins de 6.000 d’avance, grâce à un score de 95% dans le Haut-Ogooué (sud-est), fief de la famille Bongo, où la participation annoncée est de 99,93% des voix. «Ils ont fait exactement ce que j’espérais qu’ils n’allaient pas faire», commente la chef adjointe de la mission de l’UE dans un échange cité par Le Journal du Dimanche.
Venus à l’invitation du Gouvernement gabonais, les observateurs européens s’étaient montrés très critiques à l’issue du processus électoral, affirmant officiellement que l’analyse des résultats révélait «une évidente anomalie». L’article du Journal du Dimanche, intitulé «Watergate au Gabon», a été qualifié d’opération d’ «enfumage» par les autorités gabonaises. En effet, la réélection d’Ali Bongo reste diversement appréciée par une partie de la communauté internationale.