Le politologue a accordé une inteview ce mardi 13 novembre 2018 à Mutations. Avec Jean-Christophe Ongagna, il élabore sur la formation du futur gouvernement des « grandes opportunités ». Lebledparle.com vous propose l’intégralité de cet entretien.
Au-delà de la pacification du Nord-Ouest et Sud-Ouest, Paul Biya a promis dans son discours d’investiturele06 novembre dernier, un retour à la croissance et un relèvement du standard de vie des populations. Afin d’atteindre les résultats escomptés, quels critères devraient prévaloir dans le choix des ministres du gouvernement post-électoral ?
Le choix des ministres relève de la discrétion présidentielle. Le président de la république choisit de manière souveraine les personnalités qui vont l’accompagner pour le travail du septennat débutant. S’agissant des critères qui permettent de composer une équipe gouvernementale, ils sont multiples et renvoie à divers facteurs. Il y a bien sûr les facteurs de compétence, d’expérience et de technicité. Il y a également les facteurs en termes de représentativité et d’inclusion, compte tenue de la structure intercommunautaire du pays. Ce sont là, les différents éléments qui entrent en compte dans la composition de l’équipe gouvernementale.
Le Chef de l’Etat ne tiendra-t-il pas prioritairement compte des résultats électoraux des ministres du gouvernement actuel, dans leurs localités respectives, de la préparation des échéances électorales de 2019, de la longévité et de l’âge de certains ministres ?
Ce sont des éléments s qui peuvent être pris en compte, mais ce ne sont pas des éléments suffisants. Il peut par exemple arriver que le Chef de l’Etat fasse confiance à une personnalité qui s’est trouvée dans une circonscription, où les résultats électoraux ne lui ont pas été favorables. Dans ce cas le Président de la République pourrait encore compter sur cette personnalité parce que ses prestations témoigneraient de sa compétence ou de son expérience.
L’élite du Nord-Ouest et du Sud-Ouest actuellement aux affaires n’est-elle pas disqualifie pour régler la crise sociopolitique qui sévit dans ces deux régions ? Le nouveau gouvernement peut-il envoyer un signal dans ce sens ?
Ce qui est évident, c’est qu’il convient dans une large mesure, de pouvoir renouveler l’élite du Nord-Ouest et du Sud-Ouest autant que le gouvernement. Mais là aussi, ce sera fonction de la confiance que le Président de la République accorde à telle ou telle personnalité. En réalité, le problème n’est pas vraiment lié à la représentativité des personnalités qui ont été choisi comme membre du gouvernement dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Le problème renvoie plutôt à des tensions de type interculturelles qui sont au-dessus de la maitrise de quelques personnalités.
Quelles places pour les alliés politiques de Paul Biya et les jeunes dans le prochain gouvernement ?
Les alliés sont déjà là, mais reste à savoir si le Président de la République ouvrira son nouveau gouvernement aux nouveaux acteurs qui l’ont soutenu à l’occasion de la dernière élection présidentielle. La difficulté à ce niveau est qu’il est extrêmement difficile de mesurer effectivement l’apport que ces alliés ont pu avoir dans le résultat du Président de la République réélu lors de l’élection présidentielle du 7 octobre dernier. A mon avis, cela va dépendre des équations individuelles de chacun de ces alliés. En ce qui concerne les jeunes, le Président de la République a promis d’opérer un certains rajeunissement de l’équipe gouvernementale. Cela dit, il n’est pas nécessairement évident que cette catégorie sociale constitue la structure fondamentale de la nouvelle équipe gouvernementale.