L’avocat camerounais résidant à Paris estime que les influenceurs camerounais s’intéressent très peu à la cause des enseignants, lesquels ont lancé un mouvement de grève depuis le 21 février 2021 pour revendiquer de meilleures conditions de travail. Dans une lettre ouverte à ces personnalités suivis par des millions de camerounais sur les réseaux sociaux publiée ce 25 février, Me Bomo Ntimbane les invite à prendre fait et cause pour les seigneurs de la craie.
Lettre ouverte à :
-Nathalie Koah
-Coco Emilia
-Flore De Lille
– Mani Bela
– Lolo Fondja
– Murielle Blanche
– Natacha de Monaco
– Doudou Engamba
– Jaguar Amot
-Compressor
-Decome Amougou
-Couple Messang
– Presi Amot
– Ulrich Takam
– Happy d’Efoulan
-Marcel Kuete
Et à bien d’autres blogueurs de Facebook.
Mesdames et Messieurs,
Je viens de parcourir vos murs Facebook que je découvrais certains pour la première fois.
Vous êtes suivis globalement par des millions de camerounais
J’y étais pour voir si vous vous êtes intéressés à ce grand moment de l’éducation au Cameroun à savoir la grève des enseignants, qui demandent légitimement le paiement de leurs droits et des traitements dus.
J’ai été agréablement surpris de constater de manière particulière sur le mur de madame Nathalie Koah qu’elle a fait un très bon post pour appeler à la considération des enseignants de notre pays.
Je vous en félicite madame KOAH. Mais ce n’est pas suffisant. Car vous pouvez faire mieux et plus. Simplement en faisant des vidéos et en multipliant des posts sur cette affaire. Ce que vous avez dit hier n’a plus d’effet. À vous tous maintenant.
Certains d’entre vous ont fait des rares mentions OTS. (On a trop supporté) sur des commentaires. Mais vraiment insignifiants. Je peux comprendre que vous avez peur d’être considérés d’opposants au régime. Une nouvelle infraction au Cameroun. Mais non. Porter la cause des enseignants du Cameroun est acte humain.
Vous exprimez juste votre humanité et humanisme. J’ai lu que vous êtes pour la majorité des parents. Faites- le pour vos enfants et nos enfants. La situation de l’enseignant au Cameroun est triste et misérable. Nous ne pouvons pas rester indifférents. Car ce sont eux qui apprennent à lire, à écrire, à raisonner, à comprendre ce monde et à faire intégrer socialement et professionnellement, nos enfants et nous. C’est un corps méprisé, maltraité contrairement aux fonctionnaires sorties de l’Enam et d’autres grandes écoles. Devenir enseignant au Cameroun est vu comme un échec social. Plus pratiquement aucun parent ne veut de ce métier pour son enfant.
Pourtant fin des années 80, la profession d’enseignant était des plus bien valorisées au Cameroun. Des professeurs de lycées gagnaient des salaires supérieurs à 500.000 FCFA. Des instituteurs à plus de 250.000 FCFA. La plupart de mes professeurs du Lycée étaient véhiculés.
Ils achetaient des voitures neuves, maison. Au Lycée de Sangmélima, mon professeur d’histoire et géographie, Monsieur Francis Zambo Zambo roulait en Renault 25 Baccara, qui était à cette époque la voiture officielle du Président français François Mitterrand.
Un autre professeur d’espagnol Monsieur Abega roulait en peugeot 505. Le reste des professeurs en Renault 18,12, 504 et Lada. C’étaient des voitures de prestige à cette époque. Nos professeurs hommes s’habillaient en costume. Et les femmes en tailleurs. Ils avaient beaucoup de classe et nous fascinaient. On voulait leur ressembler. Ils habitaient les plus belles maisons de la ville.
Mes parents étaient par exemple bailleur d’un professeur qui payait un loyer de 150.000 FCFA par mois. Il s’appelait Andela Messina, professeur d’allemand. Et bien avant lui Monsieur Ndong, professeur de français à 180.000 FCFA. Quel professeur de nos jours, peut encore se permettre une telle dépense locative? Nos enseignants nous fascinaient. Des jeunes filles rêvaient d’être institutrices et enseignantes. Des jeunes filles et garçons rêvaient d’épouser de jeunes enseignants.
Mesdames, Messieurs, bous êtes très suivis au Cameroun. Parlez véritablement de la situation de ces enseignants. Amplifiez les revendications de ce corps qui nous est très précieux. En y consacrant le temps sur ce sujet, vos nombreux followers s’intéresseront à leur situation.
Ils en parleront. Ça fera débat. Et le gouvernement réagira. Car les réseaux sociaux sont une véritable force. L’éducation dans notre pays se meurt à cause du mauvais traitement des enseignants; compromettant ainsi l’avenir des plus jeunes. Le chômage et le sous- emploi trouvent leurs origines dans la faiblesse du système éducatif. Le métier d’enseignant n’étant plus exercé par vocation. Mais plus, comme un pis-aller, un expédient. Si vous portez cette cause, vous aurez fait œuvre utile et la patrie vous sera reconnaissante. Toutes mes excuses pour la longueur de ce message qui s’adresse aussi à tous les autres blogueurs camerounais que je n’ai pas pu citer.
Cordialement.