Accusé d’avoir menti les dirigeants de Trabzonspor, son club, pour l’aider à faire évacuer plusieurs membres de sa famille vers la Turquie, le capitaine de l’équipe nationale dit ne pas se reconnaitre dans ce scandale qui ébranle la planète foot.
Quelques semaines à peine après avoir rejoint la Turquie, le milieu de terrain camerounais Stéphane Mbia Etoundi, double vainqueur de l’Europa league avec le club espagnol FC Séville, créé à nouveau le buzz. Mais, cette fois, en dehors des stades. L’affaire, qui ébranle actuellement les réseaux sociaux, concerne l’exile de quatre membres de sa famille vers la Turquie. Selon le journal Hurryet, le joueur avait demandé de l’aide aux dirigeants de Trabzonspor. Voyant les images d’une récente attaque de la secte terroriste Boko Haram dans un village, ces derniers ont transmis sa requête au ministère turc des Affaires étrangères qui, à son tour, a transféré son père, sa mère et deux de ses proches en lieu sûr.
Face au tollé général qu’a suscité cette information, le joueur, sans doute surpris par la tournure des évènements, a, via twitter, démenti ces allégations, prétextant que la visite de sa famille en Turquie «n’a absolument rien à voir avec tout ce que j’ai pu lire sur une quelconque instabilité du Cameroun». Une version qui, bien entendu, ne convainc personne.
En effet, comment comprendre, que le capitaine de la sélection nationale, qui a bénéficié de la haute confiance des pouvoirs publics décide de mettre uniquement les siens à l’abri, au moment où la nation camerounaise a besoin de tous ses fils, de toutes les énergies positives pour anéantir un ennemi redoutable ? La moralité de Stéphane Mbia avait déjà été remise en doute lors du Mondial brésilien, lui qui faisait partie des joueurs blessés avait visiblement fait le voyage que dans le seul but d’empocher l’immense prime allouée à chaque joueur, soit plus de 50 millions de Fcfa prélevés du trésor public.
Stéphane Mbia, dans son envie effréné de sortir sa famille du pays, n’a pas pris le temps nécessaire de mesurer toutes les conséquences de son geste, d’analyser tous les contours du problème. S’il a réussi à tromper la vigilance des dirigeants de son club, comment a-t-il pu imaginer que le peuple camerounais croirait à une histoire dénuée de tout fondement ? Boko Haram sévit dans la région de l’Extrême-Nord, où d’ailleurs ses partisans sont mis en déroute par les forces armées régulières. Et la famille de Stéphane Mbia réside dans le Centre, à plus de 1500 km du théâtre des opérations militaires. Les vies des membres de sa famille dont il est question n’ont donc jamais été menacées par Boko Haram.
Stéphane Mbia a menti et cela n’honore ni son club qui se rend compte, peut-être trop tard, qu’il s’est attaché les services d’un footballeur peu talentueux et à la moralité douteuse, ni son pays dont l’image est déjà fortement ternie sur le plan international par des actes de corruption et de détournement de fonds publics répétitifs. La probité morale de ses proches est également mise en doute. Et les vaines explications fournies par le joueur sont rapidement balayées par l’ambassadeur de Turquie, Ömer Faruk Dogan qui, dans les colonnes du quotidien privé le jour, n°1998 du 19 août 2015, affirme, mordicus, que «aucun journal turc ne peut publier de pareilles informations sans vérifier».
Face donc à la gravité des faits, Stéphane Mbia Etoundi devrait tout au moins être entendu par la justice turque, à moins que des membres de sa famille entrés dans ce pays par des moyens peu orthodoxes, soient purement et simplement rapatriés au Cameroun. La Turquie, pays à cheval entre l’Europe et l’Asie, prospère économiquement, stable sur le plan politique, doit dire non au mensonge et la malhonnêteté qui frappent à ses portes. Le joueur devrait aussi présenter ses excuses publiques au peuple camerounais, qui se sent trahi, meurtri dans sa chair alors qu’il a régulièrement fait des sacrifices pour permettre à tous ses footballeurs de se préparer et d’évoluer dans des conditions acceptables.
Les autorités camerounaises en charge des questions de football, dont le silence une fois de plus s’apparente à de la complicité, sont aussi interpelées. Ministère des Sports et de l’Éducation physique et surtout la Fédération camerounaise de football à qui incombe la gestion des équipes nationales de football doivent aussi frapper du poing sur la table. Stéphane Mbia mérite une sanction exemplaire, proportionnelle à son acte humiliant et antipatriotique. Le retrait du brassard qu’il a hérité suite à la réforme engagée au lendemain de la foireuse coupe du monde 2014, ne serait que justice, en plus d’une suspension des prochaines rencontres internationales avec les Lions indomptables, qui n’est pas à exclure non plus.