Derrière le succès du chanteur camerounais Locko, se cache une jeune équipe chapeautée par Gervais NGONGANG, un jeune aux ambitions fortes.
Passionné de l’Entertainment du management et de la musique, Gervais NGONGANG est le fondateur de la maison de production Big Dreams Entertainment, label indépendant très actif dans les musiques actuelles et qui produit et manage le jeune Locko depuis 2014. Ancien étudiant de l’Université Catholique d’Afrique centrale où il a obtenu une licence en marketing, communication vente, il est installé depuis un an à Lille en France où il poursuit ses études en master marketing spécialité Digital Marketing à l’école de commerce IESEG. Nous l’avons rencontré à Yaoundé le 29 décembre 2015 lors du « Locko meeethis fans », un double concert (Yaoundé et Douala) marquant la sortie du tout premier EP-Album de son artiste. Il revient dans cet entretien sur ce label proposant des solutions les plus complètes aux acteurs de l’Entertainment. Il revient également sur les conditions de sa rencontre avec Locko, son premier produit
Lebledparle.com : En décembre 2014 vous mettez sur pied la maison de production Big Dreams Entertainment. Comment naît ce label ?
Gervais NGONGANG : Avant Big Dreams j’ai commencé à travailler avec Locko comme manager. On s’est connu ça fait deux ans. A la base j’ai été fan de ce qu’il faisait et puisque je travaillais dans l’évènementiel que ce soit à l’université catholique où j’étais à la tête de l’association culturelle, je lui ai demandé quels étaient ses projets, il m’a dit « Si je peux lui donner un coup de main je lui en donne ». Ensemble on y a réfléchi, on a commencé à travailler ensemble. On a sorti le premier single « Perfect girl » feat Numérica. Nous deux on a suffisamment travaillé, on a reçu quelques aides mais ce n’était pas sous un label. Après je me suis lancé à la rencontre d’un investisseur. C’est ainsi que je tombe sur un ancien ami, Kevin KETCHANGA, je lui pose le problème, je lui présente l’artiste. Il ne l’avait jamais vu. Je lui ai proposé de le sponsoriser avec sa marque Heart Angel, il a tout de suite adhéré et il a proposé mieux, il m’a dit « Pourquoi ne pas l’encadrer complètement ! ». Voilà comment avec Locko qui était Shawmey Locko et devient Locko dans le label Big Dreams, qu’à partir du 1er Janvier 2015 les choses commencent véritablement et nous sortons le 1er single « Margo » qui a eu le succès qu’on connait. Après il y a eu « Ndutu ». Et depuis on a dit on ne va pas faire comme ce qu’on voit d’habitude c’est-à-dire l’enchainement de singles. On s’est dit il faut monter un vrai projet, on a pensé à un album.
Vous êtes jeune et vous vous lancé dans un secteur très difficile et pas vraiment porteur au Cameroun, pour preuve des maisons de production comme Achille Production, Preya Music, JPS Production… ont fermé. N’est-ce pas un peu osé de votre part ?
Quand j’étais simple manager de Locko, j’ai reçu beaucoup de réponses comme celle-ci. Certains ont aimé sa musique mais nous disaient toujours « Est-ce que ça va vraiment rapporter, si oui après combien de temps ? » Du coup mon partenaire et moi on a trouvé que la meilleure solution c’est d’oser nous-même, se sacrifier parce qu’on y croit. Je crois fortement en la musique camerounaise, c’est claire qu’elle n’est pas à son apogée mais elle est en pleine croissance et je me dis le travail doit être fait en interne. Si du côté de l’artiste il continue à fournir de la bonne musique et que le travail se poursuit dans la promotion, la distribution, on peut tirer son épingle du jeu. Aujourd’hui les sources de revenu s’élargissent de plus en plus. On ne va plus rester sur les CD. Même aux USA les CD ne sont pas les principales sources de revenu. Je me suis dit que le marché de la musique peut être porteur si le travail est d’abord bien fait en interne.
Donc vous pensez changer la donne ?
Changer je ne sais pas ! Je ne vais pas juger ce que les autres labels font. Nous on a des objectifs à atteindre. Si ces objectifs sont atteints logiquement les revenus devraient tomber. Et comme j’ai dit les sources de revenu sont devenues énormes. Avant on ne parlait au Cameroun que de CD, aujourd’hui il y a les prestations, il y a tout type de contrats commercial et même des contrats à l’international. Sur le plan digital il y a des ventes qui se font. Donc il ne faut pas juste se cantonner et dire que la musique ne paye pas, il faut voir large. Penser art et penser business également. Un artiste c’est aussi un produit marketing comme le reste.
Locko c’est le premier produit de Big Dreams. Est-ce le seul en ce moment ?
Oui c’est le seul mais pas pour longtemps. Depuis on envisage justement élargir la famille. J’ai déjà des pistes. J’écoute beaucoup, je donne le bénéfice du doute aux gens et il y a du potentiel. Il y a des personnes qui attendent juste qu’une personne leur fasse confiance.
Plus haut vous évoquiez votre rencontre avec Locko. Dans quelle circonstance se fait votre rencontre ?
Tout part d’un festival, le festival Eléphantastik. Il était en prestation avec mon petit frère (Young MUKY, Ndlr). Je n’avais jamais encore écouté cette chanson. Après leur prestation j’ai directement demandé à mon frère que je les veux à l’université catholique pour une prestation. Ils sont venus prester gratuitement et les gens ont aimé. J’ai commencé à faire sa promotion dans mon université. Je n’ai jamais eu la prétention dès le début de le mettre à un certain niveau. J’ai eu à côtoyer certains artistes comme Numérica, à participer à certains vidéo-clip en tant que figurant ou mannequin, je parle de Jovi, X Maléya. Je voyais un peu de quoi il s’agissait. C’est comme ça qu’au fur et à mesure je suis quitté de l’ami qui aide au manager et maintenant du manager au producteur.
Vous dirigez et manager à distance. Est-ce aisé ? On s’attend à ce qu’un manager soit tout de même proche de son artiste.
Ce n’est pas aisé. C’est pourquoi en 2015 c’est la troisième fois que je viens au Cameroun, mais je viens quand les enjeux sont costauds. La première fois c’était pour le lancement du Label. La deuxième fois c’était pour le lancement de Margo. Cette fois ci c’est pour le lancement de l’EP Skyzo. Sinon avec les nouvelles technologies ça devient plus aisé d’être en contact tous les jours. Mais ce n’est pas toujours pareil. Pour tout ce qui est relation publique il faut rencontrer des gens, discuter avec eux. C’est ce que j’essaye de faire chaque fois que je suis au Cameroun.
Tout semble donc bien marcher. En moins de deux ans Locko est assez connu, il est joué un peu partout. Satisfait de votre travail et du rendu de votre équipe ?
Je suis heureusement surpris par certaines choses. Il y a quelques jours Locko recevait deux Awards aux CAMEE. En moins d’un an on va dire que c’est bien. Mais ce n’est pas tout. On a tellement à faire. Le label à un an. Aussi bien que notre chanteur, le label est jeune. Vous allez voir les résultats en externe mais en interne c’est le combat.
Des projets à long terme pour Bigdreams ?
Avec Locko on va d’abord défendre cet EP il y a des clips qui vont sortir, il y a l’album qu’on prépare pour début 2017. Avec le label cette année on va faire signer un ou une nouvelle artiste. Toujours en 2016 on prépare une tournée de Locko en Europe, vous aurez les détails bientôt.
En tant que marketiste et digitaliste, s’il fallait donner des conseils à ces jeunes artistes des « quartiers » qui chaque jour sortent des singles mais qui éprouvent du mal à se faire voir, se faire une réputation, que leur conseillez-vous ?
Le premier conseil s’est de s’informer. Il y a plus des jeunes qui pêchent pas parce qu’ils ne veulent pas mais par manque d’information, pourtant internet c’est le lieu où tout le monde peut savoir presque tout. Quand j’ai commencé à travailler avec Locko c’est moi qui rédigeait ses communiqués de presse, mais je n’ai jamais appris ça à l’école, je me suis informé. Après il y a l’image. Même dans mon label j’ai eu à batailler pour ça. Malgré le talent de Locko il fallait travailler son image. Si vous fournissez du contenu, fournissez-le en pensant qu’Universal peut tomber dessus.
Merci Gervais NGONGANG pour cet échange. Peut-être des choses à rajouter pour nos followers ?
Pour les lecteurs qui ne sont pas des artistes, il faut suivre ce magazine qui fournit de la vraie information et qui suit vraiment les artistes. Pour les artistes faites confiance à lebledparle.com, envoyez leur vos contenus de manière professionnelle et le reste va suivre. Avant que lebledparle.com ne publie la première fois pour Locko, il ne le connaissait pas du tout. Ils ont reçu un contenu, ils ont jugé qu’il était sérieux et après le reste s’est fait.
© Entretien avec Yves Martial TIENTCHEU, Lebledparle.com
La rédaction vous propose la version vidéo de Ndutu réalisée par NS Picture
https://www.youtube.com/watch?v=EaH4TkZdWiE