Rempli d’une riche et belle carrière, Polycarpe Essomba vient de lancer il y a plusieurs semaines la chaine de radio Afrik2 émettant sur les 105.0 FM.
Son histoire d’amour pour les médias débute à la Radio Tiemenie Siantou (RTS) en 2001. Il est encore étudiant en histoire à l’Université de Yaoundé I lorsqu’il fait ses premières armes notamment dans le programme « Siantou scoop » une émission dédiée au Hiphop. Par un heureux concours de circonstance, il est copté à la rédaction centrale de cette chaine. Il y apprendra les fondamentaux du journalisme. En 2005 par voie de casting, il rejoint la chaine de télévision EQUINOXE TV et participe au lancement de la grille des programmes. Il sera d’ailleurs le tout premier visage et le premier rédacteur en chef de cette télé. Il va passer 7 ans de « bonheur » d’apprentissage et surtout sortira nourri d’une forte expérience. Son aventure à Radio France Internationale (RFI) débute en 2003 dans le programme « Media d’Afrique » d’Alain Foka, où il signait à l’époque des revus, en apportant un regard africain sur des questions internationales. En 2005 il accède finalement à la rédaction de RFI en tant que correspondant de la chaine à Douala. Après avoir évolué dans l’ombre de David Ndachi Tagne, d’Emmanuel d’Abzac et de Sarah Sakoh il est confirmé comme correspondant No1 de la chaine en 2014. Aujourd’hui, fort de cette grande carrière de plus de 13 ans, il a décidé de passer à une autre étape, en mettant sur pied la radio Afrik2. Lebledparle.com est allé à sa rencontre. Il se livre sur son projet.
Lebledparle.com : Pourquoi l’idée de mettre sur pied une radio ?
Polycarpe Essomba : Bien parce que précisément nous sommes passionnés de radio. Ma carrière a commencé en radio et je souhaitais depuis longtemps redonner à la radio ce qu’elle a m’apporté à ma modeste carrière. Et surtout dans un environnement médiatique en mouvement, nous avons fait le constat de ce que malgré le foisonnement des chaines sur la bande Fm il y avait toujours malgré tout un besoin qui correspond aux aspirations des auditeurs, citoyens camerounais et par extension des africains. Nous avons voulu donner une réponse à cette attente là parce qu’avant le lancement de cette chaine nous avons étudié le terrain, commandé auprès d’une agence de communication, de lobbying, une étude des habitudes de consommation en radio diffusion pour nous rendre compte de ce qu’il y avait un réel besoin en terme de contenu en terme de prétention éditoriale. Et donc nous nous sommes engouffré dans ce boulevard là pour proposer ce que Afrik2 à l’intention d’être demain, c’est-à-dire une radio avec un gros ancrage territorial au Cameroun mais ouvert aux problématiques africaines ; une radio où on traite l’information puisée à bonne source selon les règles de l’art ; une radio qui n’aura rien à envier aux standards qu’on peut observer en occident.
LBP : Le terme Afrik2 met en avant deux éléments, ‘‘Afrik’’ et ‘’2’’. Pourquoi avoir choisi cette dénomination ?
PE : Afrik2 tout simplement parce que nous sommes africains et que nous voulons nous s’inscrire comme la deuxième génération au lendemain des célébrations des indépendances dans la plus part de nos pays. Une génération qui veut promouvoir une autre Afrique, la deuxième Afrique, l’Afrique que nous nous projetons, l’Afrique qui habite nos imaginions, l’Afrique que nous voulons grande saine et prospère.
LBP : Plusieurs radios naissent au Cameroun, font un grand tapage médiatique puis on n’entend plus parler d’elles. Sur quoi comptez-vous pour vous s’inscrire dans la durée?
La naissance d’Afrik2 c’est la continuité d’une carrière personnelle qui est entamée depuis bientôt 14 ans et qui s’est inscrite sur une certaine régularité. J’ai tout fait jusqu’ici pour asseoir ma trajectoire professionnelle sur la crédibilité. Donc la naissance d’Afrik2 procède de la même volonté. Et je veux vous dire que c’est l’essence même sur laquelle nous investissons en ce moment cette radio. Donc nous allons tout faire, donner l’énergie dont nous sommes capables. Vous parlez des radios, des médias qui naissent, des gens qui un matin ont appris que l’on peut se faire des sous en créant une radio, une télé, un journal. Afrik2 c’est d’abord un projet éditorial avant d’être derrière nécessairement une entreprise qui doit rentrer des sous pour pouvoir vivre et faire vivre ce qui y vont travailler. C’est un projet que nous portons vraiment à cœur et au sein du quel nous allons essayer de tout faire pour le faire prospérer parce que si nous échouons en tant que professionnel, ca sera un très mauvais signal pour l’opinion et pour les autres confrères. Si des journalistes qui ont construit toute leur carrière dans ce métier ne peuvent pas réussir un projet comme celui-ci, alors là je pense qu’il va falloir avoir peur pour notre métier. Les gens se plaignent de ce que la plus part des promoteurs c’est des commerçants, c’est des hommes d’affaires. Pour une première fois que des promoteurs sont eux même des gens du métier, même si nécessairement un bon journaliste ne fait pas un bon manager, nous allons essayer d’allier les deux et faire la démonstration de ce qu’on peu conjuguer les deux.
LBP : On a constaté que vous avez fait appel à beaucoup d’animateurs. On se demande pourquoi tant d’animateurs pour une radio d’information ?
PE : Ce n’est pas neccessairement une radio d’information. Le concept que nous allons promouvoir c’est de l’infotertainment. Information et Entertainment (divertissement, ndlr). Evidement la dorsale de la radio sera de l’information. Dans la grille de programme qui va rentrer on air dès le 13 octobre, c’est 60% information, 40% divertissement. En vérité il y a de l’information partout. Chaque prise d’antenne doit être un moment d’information et d’égaiement pour l’auditeur qui nous fait l’honneur de s’arrêter sur notre fréquence. Evidement il y aura de grands boulevards de tranches d’informations, notamment la matinale d’information qui va aller de 6h à 9h, qui est de mon point de vu quand même une première dans le découpage des tranches d’antennes sur nos radios FM la plupart des radios ouvrent à 6 heures, on fait de l’animation un peu de manière indélicate et autre. Nous allons avoir également à midi un autre grand boulevard de l’information entre 12h et 14h et un autre entre 18h et 20h. Evidement tout au long du fil de la journée on fera des bulletins. Donc la dorsale de la radio sera effectivement de l’information mais surtout nous allons greffer de gros programmes de divertissement pour préparer des primes infos. C’est pour cela que vous voyez ces visages. Il faut aussi comprendre que vous voyez des animateurs, mais c’est davantage un travail d’équipe. Donc ce n’est pas des gens qui viennent dans une posture de venir faire des émissions solos. Nous allons constituer des pools d’animateurs.
LBP : Beaucoup de vos collaborateurs sont des vedettes, pourquoi avoir choisir de miser sur elles et pas sur la jeune génération ?
PE : Il y a bien plus que ceux que vous voyez sur l’affiche. Il y a des jeunes qui viennent des écoles, que nous avons pu écouter et visiter les CV qui nous ont paru très intéressants. Il y a évidement des visages connus que nous sommes allé chercher à Douala et ici à Yaoundé, que nous avons mis en avant parce que c’est les plus connus. Il y a un alliage entre ces vedettes dont vous parlez et les jeunes. Moi en ce qui me concerné, j’ai aussi eu ma chance un jour, quelqu’un a mis le pied à l’étrier. Je suis disposé à mon tour à donner la chance à d’autres jeunes compatriotes qui peuvent avoir des choses à nous prouver.
LBP : On sait que mettre un tel projet sur pied ce n’est pas donné. On a lancé un coup d’œil et on a eu le plaisir de constater que le cadre est somptueux. On aimerait savoir si vous avez eu des soutiens
PE : Un projet quel qu’il soit c’est un business plan, c’est une étude de marché, et après derrière c’est la recherche de financement. Je ne me suis pas levé un jour milliardaire. J’ai porté un projet, je l’ai couché sur papier, je me suis donné les moyens et le temps de le réaliser. Et je me suis mis à la recherche des partenaires qui pouvaient m’aider et qui pouvaient y croire et fort heureusement j’ai rencontré des gens qui ont été sensibles à cette démarche. C’est vrai c’est moi qu’on voit en avant, mais il y a plus que moi, il ya d’autres bras qui nous soutiennent dans cette aventure et des gens qui ont fait des sacrifices, qui n’ont lésiné ni sur leurs moyens, ni en conseils pour nous faire avancer. Ce n’est pas seulement une question d’argent, toutes les contributions ont été nécessaires. Je ne vous le cache pas, on a essuyé beaucoup de déceptions. Des gens n’ont pas toujours compris ce que nous voulions faire, mais l’essentiel est que nous soyons désormais là et que nous allons essayer de nous développer. Nous ne somme pas d’ailleurs fermer à l’actionnariat, parce que nos ambitions sont évidement énormes. Nous ne faisons pas une radio pour Yaoundé ou bien exclusivement pour le Cameroun. Nous envisageons de diffuser le plus loin possible au Cameroun mais pas seulement. Je suis un peu aussi de la diaspora, puisque je réside un peu en partie à l’étranger notamment aux Etats unis d’Amérique. J’ai vu le besoin d’information qui est fort pour tous les africains qui sortent et qui sont coupés de leurs origines. Ils sont tous sur internet à chercher les web-radios, des sites d’information pour comprendre ce qui se passe dans leur pays. Nous allons porter le signal dans cette direction là avec les moyens qu’offre aujourd’hui internet.
LBP : Pour le moment vous émettez uniquement à Yaoundé ?
PE : Elle émet à Yaoundé et sa région. Nous sommes diffusé sur 400km à la ronde, c’est physique c’est pratique vous pouvez le vérifier par vous-même. Nous allons très prochainement ouvrir la deuxième antenne à Douala. Le chantier est engagé, très bientôt on sera sur internet en streaming à travers notre site internet.
LBP : Un autre constat vous avez opté pour du rouge comme couleur officielle. Y a-t-il un lien avec celle de RFI où vous officiez ?
PE : Le rouge et le blanc ! On me fait cette observation parce que c’est la couleur de RFI. Je pense que c’est une pure coïncidence. Nous n’avons pas fait en calquant sur RFI. Le rouge c’est la couleur de la vie. Vous avez vu c’est un rouge vif, le sang est vif, c’est le sang qui est la sève de l’organisme. Ca traduit un peu le dynamisme qui nous habite, la volonté d’agir, la volonté d’aller de l’avant. C’est ce vecteur de vie là que nous allons mettre en avant. Puis il y a le blanc qui est la pureté. Nous voulons incarner la nouveauté dans un environnement de débrouillardise généralisée.
LBP: Merci Polycarpe Essomba d’avoir reçu l’équipe de lebledparle.com dans vos locaux.
© Entretien avec Y. Martial TIENTCHEU et Hervé FOPA F. , LeBledParle.com