Jean De Dieu Momo, auteur de l’ouvrage « De la démocratie récréative », présenté au public le 14 juin 2019 à Yaoundé, explique dans une interview accordée au journal Mutations, les enjeux de la démocratie dans le contexte africains.
Lebledparle.com vous propose cette interview du président du PADDEC, dans les colonnes du journal de Georges Alain Boyomo.
« De la démocratie récréative », œuvre dont vous êtes l’auteur, une invite à la pensée unique ?
« De la démocratie récréative » est une alerte lancée au peuple camerounais, pour lui dire qu’il faut opérer un formatage. Il ne faut plus simplement penser à notre éducation ancienne.
Il faut désapprendre ce que nous avons appris pour réapprendre dans un Cameroun que nous voulons construire ensemble.
Et réapprendre veut dire quitter le cadre de nos communautés au sens ethnique, pour embrasser un inter communautarisme, pour les (communautés, Ndlr) mettre toutes ensemble et construire comme nos parents disent qu’« une seule main n’attache pas un fagot de bois ». Le portail des camerounais de Belgique.
Si nous nous mettons donc tous ensemble, nous pouvons attacher ledit fagot. Donc, à travers « De la démocratie récréative », j’invite nos populations à regarder un seul objectif que vous qualifiez de pensée unique. « De la démocratie récréative » n’est pas la pensée unique.
Ce sont là des expressions qui viennent d’ailleurs. Et de ce point de vue, je vous suggère de vous méfier des mots qui viennent d’ailleurs, parce que ces mots-là dissimulent nos maux africains. Car, ce sont ces mots qui cachent les véritables maux d’Afrique. On les dissimule à travers les mots tes « bonne gouvernance, droits de l’Homme, démocratie, etc. ». Ce sont des mots cachesexe à manier avec prudence.
Doit-on faire un rétropédalage vers la notion de royauté ? Dit autrement, la démocratie est-elle une diversion pour les Etats africains ?
J’invite à construire la mosaïque telle que préconisée par le chef de l’État lui-même, dans « Pour le libéralisme communautaire », parce que c’est ça qui va nous donner la force, au lieu de nous divertir dans une démocratie récréative. Les Etats anciens, les puissances occidentales ou orientales ; ont construit leur démocratie depuis la monarchie.
Leurs institutions ont été mises en place durant des milliers d’années. Paris a été construite pendant des années et non en un seul jour. Et donc, que ce soit l’Occident ou l’Orient, les Etats de ces aires géographiques ont mis des années à se construire. Maintenant, ils ont le droit de se divertir, de faire une petite récréation dans ce qu’ils appellent la démocratie électorale et que tous les cinq ans, ils peuvent se livrer à un match électoral. Nous ne pouvons pas le faire comme eux. D’abord, ce n’est pas dans notre Adn (Acide désoxyribonucléique, Ndlr). L’info claire et nette.
L’ADN des Africains, et en l’occurrence le Cameroun, est que l’Etat importé dans lequel nous nous trouvons actuellement est une composition de plusieurs villages autonomes. C’est l’ensemble des micros-Etats autonomes, qui étaient dans la forêt avant la constitution de la République, qui constituent le Cameroun d’aujourd’hui, un royaume.
Vous ne pouvez pas penser qu’en 59 ans de souveraineté internationale, notre Adn s’est effacé au contact de la civilisation occidentale. Je suis conscient de perturber les bien-pensants de la philosophie occidentale, tout comme je suis également conscient que je recevrai toutes sortes de flèches.
Au travers de votre ouvrage, que préconisez-vous donc aux Camerounais, au moment où le pays fait actuellement face au repli identitaire et vit des crises ethniques ?
Notre devoir, notre responsabilité est de montrer comment nous pouvons inverser la donne, multiplier ou fructifier notre budget, en clonant les entreprises étrangères dans le cadre du communautarisme libéral.
D’où la publication de cet ouvrage avec une grille de lecture de « Pour le libéralisme communautaire ». Le Cameroun est une terre d’opportunités. Il faut regarder à l’avenir et l’avenir est la promesse des grandes opportunités faite par le chef de l’État.
Que chacun réfléchisse à son niveau à la créativité et à ce qu’il peut faire. N’éduquons plus nos enfants simplement à entrer à la fonction publique. L’État n’a pas pour prérogatives principale, d’offrir des emplois à ses citoyens.
On ne devient pas riche en entrant à la fonction publique. Si vous voulez devenir riches, créez des entreprises par le biais de l’inter communautarisme et générez des emplois. Ceci devrait également promouvoir la lutte contre le repli identitaire.