Le député SDF de la nation a rencontré le 4 septembre 2021, la diaspora camerounaise à Paris dans le cadre d’une causerie-débat. Le militant du SDF a fait le procès de Renouveau dans tous les secteurs. Le cadre du sdf a fait un véritable diagnostic de la situation socio-politico-économique que traverse le pays, sans aucune possibilité visible de sortie du tunnel. La conclusion qu’il dégage est la faillite managériale du pays, dans tous les secteurs.
RENCONTRE AVEC LA DIASPORA CAMEROUNAISE
(Paris le 4 septembre 2021)
Propos liminaires du député Jean Michel NINTCHEU
Combattantes et combattants de la liberté ,
Mes chers compatriotes,
Je tiens tout d’abord à remercier sincèrement le Conseil camerounais de la diaspora (CCD) et le SDF France qui ont organisé cette causerie. Mention spéciale au général Wanto, aux combattants Ngaleu Alexandre, Ketchate Albert …
En m’adressant à vous aujourd’hui, j’ai conscience que ce qui vous tient le plus à coeur c’est l’avenir de notre pays, le Cameroun. J’ai conscience de vos attentes en rapport avec la situation globale critique que vit notre pays sur les plans politique, économique et social.
Si j’ai accepté cet échange, c’est parce que j’ai également conscience de l’importance de la diaspora dans la lutte de libération de tous les pays en général et de notre pays en particulier.
J’ose espérer que nous aborderons cet échange avec humilité compte tenu du tournant historique et gravissime de notre pays qui nous est cher.
Mes chers amis,
Le Cameroun traverse une période extrêmement délicate de son histoire. Rien ne va plus dans notre pays. Absolument rien. Le Cameroun va mal ! Très mal. Aucun secteur n’est épargné. Je dis bien aucun. Sur les plans politique, économique et social . Il n’y a plus d’espoir tant que le régime de M. Biya s’accroche au pouvoir. M. BIYA, en plus d’être dépassé, est un homme du passé. Tous les camerounais porteront à coup sûr les stigmates de son long règne quarantenaire et désastreux.
Il est plus que jamais temps de réunir nos forces pour mettre un terme à ce marasme et à cette décrépitude dans lesquels nous sommes actuellement plongés. Nous devons nous mettre ensemble. Dans les pays qui ont connu ce genre de tourmente, en plus de la contribution des forces politiques internes et de la société civile, la diaspora a toujours joué une partition déterminante. À cet égard, je voudrais ici et maintenant saluer la diaspora combattante qui, depuis le dernier hold-up électoral de M Biya, assume avec détermination et pugnacité son rôle de relais de la lutte. Vos actions hautement salutaires et déterminées ont fait perdre le sommeil au régime autocratique de Yaoundé ! Je sais que ce n’est pas du tout facile du fait des tendances et des courants qui sont inhérents aux mouvements de résistance contre une dictature aux racines néocoloniales. Rien ne doit vous distraire. Compte tenu de la situation dans laquelle se trouve notre pays depuis la dernière élection présidentielle ainsi que de la situation actuelle de notre pays, il est normal qu’il y ait aujourd’hui des courants de pensée quant à la stratégie de combat à adopter. Un débat entre les véritables forces patriotiques est nécessaire. Débat qui doit aboutir à un minimum consensuel en termes de tactique et de stratégie pour faire partir ceux qui ont plongé notre pays dans la misère.
Mes chers amis,
Il est question de donner tort à ceux qui croient que l’opposition a renoncé. De donner tort à ceux qui pensent qu’après Biya, ce sera Biya et que l’opposition ne peut plus compter. Il est également question de prouver plus que par le passé la force irréversible de l’engagement des forces patriotiques et de progrès à mettre un terme à la descente aux enfers de notre pays. Et de façon globale, il est désormais urgent pour les forces de progrès, les combattants et les résistants de donner tort à ceux qui pensent que la politique ne suscite et ne suscitera plus de ferveur, que les générations actuelles et futures ne peuvent et ne pourront plus compter sur l’engagement en masse du peuple dans son ensemble. Il est question après ces trois années si difficiles depuis la dernière élection présidentielle, de susciter entre les forces patriotiques et de progrès une telle envie de débattre, d’échanger et de réfléchir sur le cap définitif à prendre. Il ne s’agit pas simplement de dire qui fera quoi. Il s’agit également de sortir d’une période de torpeur, de laxisme et de division ressentis par ceux qui nous observent de l’extérieur; période extrêmement difficile et qui nous a rendus pratiquement inaudibles du fait de la non coordination de nos actions.
Très chers combattantes et combattants,
Nous n’avons pas le droit d’être divisés aujourd’hui face à la situation que traverse notre pays. La division abîme tout mouvement de combat et de résistance. Il faut mettre fin à des querelles d’égo qui ont donné l’image dévastatrice de l’opposition véritable auprès de l’opinion. Il s’agit désormais de sortir d’une approche politique dans laquelle les logiques individuelles l’emportent toujours sur les exigences du collectif. Il n’y aura pas et il n’y aura jamais de réussite individuelle sur la défaite du collectif.
Face aux défis futurs de notre pays, c’est aujourd’hui le temps du collectif et non des ambitions personnelles qui doivent par ailleurs cesser. Nous devons revenir aux fondamentaux des années 90 à savoir les marches pacifiques et les prises de position fermes sur les grands sujets d’actualité qui jalonnent le quotidien des camerounais.
La colère et le désarroi des camerounais sont si grands que nous n’avons plus de choix. Si les véritables forces patriotiques et de progrès ne portent pas l’alternative, qui le fera à leur place? Nous devons porter une alternative positive à cette image désespérante d’un pouvoir impuissant et surtout autiste et arrogant. Une alternative à une pratique quotidienne et scandaleuse faite de mensonges permanents. Une alternative à la tentation de penser que la politique ne peut plus rien et ne vaut plus rien. Il faut dans l’urgence mettre fin à l’image que les camerounais exècrent à savoir l’opposition de convenance et d’accompagnement qui nous a fait tant de mal. Nous devons reprendre les manifestations pacifiques pour la revendication des droits fondamentaux du citoyen et sur les grands sujets d’actualité.
LA LUTTE DOIT CONTINUER JUSQU’À LA VICTOIRE FINALE QUI EST CERTAINE.
Nous devons résister. Nous devons fonder notre détermination sur l’exigence des principes démocratiques axés sur la liberté d’expression, le pluralisme politique, la transparence électorale qui passe par un système électoral consensuel afin de permettre aux camerounais de choisir librement ceux qui doivent présider à leur destinée.
Penser qu’il est possible de vaincre ce régime par voie d’élections avec le système électoral actuel qui est inique et taillé à la mesure de M. BIYA participe d’une naïveté doublée d’un enthousiasme de débutant.
LA RÉFORME CONSENSUELLE DU SYSTÈME ÉLECTORAL EST LA PANACÉE POUR UN CHANGEMENT PACIFIQUE À LA TÊTE DE L’ÉTAT
Il faut aller s’inscrire sur les listes électorales certes. Mais le simple fait de s’inscrire massivement sur les listes électorales et de voter massivement contre le régime de M. BIYA ne saurait suffire pour obtenir le changement et le départ de ce régime.
Depuis un certain temps, un débat est né sur le choix à faire entre la réforme consensuelle du système électoral et les inscriptions sur les listes électorales. Quelle option faut-il privilégier ?
Dans un pays démocratique, un tel débat n’aurait jamais eu lieu compte tenu de ce que ces deux piliers mis ensemble constituent le socle de tout processus électoral crédible. Malheureusement au Cameroun, près d’une trentaine d’années après le retour au multipartisme imposé par le peuple, on en est encore à discuter sur ces fondamentaux en matière électorale.
S’il m’était donné de choisir la priorité entre les deux options, je choisirais sans aucun doute la réforme consensuelle du système électoral. Pour faire simple, pour avoir été un acteur direct des élections depuis plus d’une trentaine d’années, ce qui gangrène les élections dans notre pays réside plus dans l’absence d’un système électoral consensuel que dans l’inscription des électeurs sur les listes électorales.
Même avec le nombre d’inscrits actuels, M. BIYA ne peut gagner aucune élection au Cameroun si le système électoral n’est pas taillé à sa mesure. Encore moins le parti-État dans les différentes élections législatives et municipales. Avec un code électoral crédible et consensuel, M. BIYA et son parti-État seront battus à plate couture et à toutes les élections
Il est constant que le nombre d’abstentionnistes a toujours été supérieur au nombre de votants. Ces abstentions se recrutent plus du côté de l’opposition que de celui du Rdpc qui fait toujours le plein de ses voix avec évidemment des méthodes connues telles que la corruption, le chantage et l’enrôlement le plus souvent forcé des fonctionnaires et agents de l’État ainsi que des forces de défense et de sécurité.. La véritable question est celle de s’interroger sur les fondements de ce fort taux d’abstention. Pourquoi ces abstentionnistes qui , faut-il le rappeler avec force sont allés volontairement s’inscrire, refusent d’aller accomplir leur devoir de vote et d’y veiller pour qu’il soit pris en compte? La réponse est simple à savoir qu’ils ne croient plus en réalité au processus électoral. Qu’est-ce qui peut justifier que la masse critique électorale ne soit pas encore atteinte alors que pratiquement tout le monde s’accorde à dire que le long règne sans partage de M. BIYA est désastreux et calamiteux sur pratiquement tous les plans? Il y a un problème sérieux dans la conscience collective des abstentionnistes. Du moins du côté de ceux qui veulent mettre un terme à ces décennies de mal gouvernance. De mon point de vue, ce qui explique sans toutefois justifier cette apathie de la majorité des camerounais pour la chose électorale est l’absence d’un système électoral juste et crédible. C’est quand on parviendra à imposer un code électoral crédible et consensuel que le corps électoral retrouvera la confiance et la masse critique d’électeurs sera atteinte. Seul ce déclic pourra rétablir et doper par la suite la confiance des électeurs. Confiance pour se mobiliser en masse pour aller s’inscrire individuellement. Confiance pour aller inscrire ceux qui ne sont pas encore inscrits. Confiance pour aller retirer les cartes électorales de ceux qui par défiance ne l’ont pas encore fait jusqu’ici.
Tant que cette confiance n’est pas revenu, il y aura toujours la défiance des potentiels électeurs. Ceux-ci ne se sentiront pas du tout concernés par les élections. Ils se diront toujours que quoiqu’ils fassent, leur vote sera détourné.
L’opposition véritable et la société civile ont engagé des combats périlleux pour l’amélioration du système électoral. Dans les institutions tout comme dans la rue. L’institution des urnes transparentes, la refonte des listes électorales, le combat pour la mise sur pied d’une commission électorale nationale indépendante qui est toujours d’actualité ainsi que l’institution de la biométrie quoiqu’elle ne soit pas intégrale dans le processus électoral sont des éléments consubstantiels de la bataille contre le système que nous avons acquis. Est-ce suffisant ? La réponse est dans la question.
Prenons le cas de l’organe en charge des élections. On est passé de l’administration territoriale à Onel 1 puis Onel 2 et Elecam. À chaque changement de dénomination, on est allé de mal en pire. Elecam a rendu public il y a moins de six mois un communiqué demandant aux responsables de ses démembrements territoriaux de faire des propositions à l’effet d’améliorer le processus électoral. C’est tout dire. Depuis sa création , Elecam a toujours été une excroissance du bureau politique et du comité central du parti-État, remettant ainsi fondamentalement en cause sa neutralité et son impartialité. Plus encore, le caractère inamovible des membres d’Elecam pour lutter contre les intimidations diverses et les menaces permanentes ainsi que l’autonomie financière de cet organe relèvent encore d’une chimère. Pour l’oligarchie régnante, il faut à tout prix »tenir » cette institution ainsi que les membres qui la composent.
Prenons également les commissions départementales de supervision. Ces commissions sont présidées par des magistrats des tribunaux de grande instance. pour justement tromper l’opinion publique nationale et internationale sur leur caractère impartial. En réalité la tactique de Yaoundé est simple. Dans les zones électoralement sensibles, on nomme les magistrats dont les accointances avec le pouvoir de Yaoundé sautent aux yeux et dans des zones électoralement acquises donc pratiquement sans risque pour le parti-État, on saupoudre avec des magistrats appartenant à d’autres ethnies. Cette méthode est connue. Il suffit de recenser les présidents des différentes commissions départementales de supervision des votes pour s’en apercevoir.
Pourquoi ne pas supprimer ces différentes commissions départementales et instaurer une biométrie intégrale qui permet de transférer les données enregistrées sur les PV des commissions locales de vote directement dans un serveur central logéau siège d’Elecam pour publication des grandes tendances et pourquoi pas des résultats provisoires dans les 24h? C’est bien possible avec une biométrie intégrale. Bien d’autres aspects du code électoral actuel méritent d’être abrogés, modifiés ou introduites à l’instar du bulletin de vote unique pour parer aux multiples achats de conscience et à la corruption active. Et c’est à cela qu’il faudrait s’atteler en priorité et de façon consensuelle. ‘Demander uniquement aux camerounais d’aller massivement s’inscrire sur les listes électorales alors que plus de 50% d’inscrits actuels refusent de voter, c’est faire fausse route si l’objectif est la participation massive u vote. C’est de surcroît faire un faux diagnostic pour un mal profond. C’est s’attaquer aux conséquences et non aux causes.
La cause profonde de l’abstention est le système électoral actuel qui n’est pas crédible. Un système électoral crédible et consensuel déclenchera inéluctablement la ruée des camerounais vers l’inscription sur les listes électorales. Nous devons éviter d’avoir une vision angélique de la vie politique au Cameroun. M. BIYA et le Rdpc ne peuvent aucunement gagner une élection crédible et transparente. Même pas dans le moindre coin du pays. Leur ADN politique c’est la fraude. Aller aux élections dans les conditions actuelles qui ne garantissent aucunement l’égalité des chances, c’est être pratiquement sûr de perdre.
L’élection majeure approche. Nous devons nous mettre ensemble pour cette bataille. Tous les fronts doivent être mis en branle. La bataille au niveau des institutions et surtout la mobilisation populaire pour un code électoral crédible et consensuel.
Appeler à l’inscription sur les listes électorales sans toutefois exiger en même temps de modifier de manière consensuelle le système électoral actuel, c’est perpétuer et justifier l’habillage légal de la démocrature et surtout être un complice de la dictature reptilienne.
Mes chers amis,
Le Cameroun traverse des crises multiples dont la principale est la guerre dans les deux régions anglophones du nord-ouest et du sud-ouest. Je ne vais pas revenir sur les indicateurs qui gangrènent notre pays à savoir le taux de sous-emploi (75% de la population active), le taux de pauvreté (40%de la population), le chômage endémique croissant, les entreprises à capitaux privés qui peinent à boucler leurs engagements et qui ne sont même pas accompagnées depuis la survenue de la pandémie de covid-19, la corruption et les détournements de deniers publics qui ont fait perdre à l’Etat du Cameroun plus de 8600 milliards FCFA depuis 1997 (sources Anif et et Conac), les salaires fictifs (plus de 2000 milliards de FCFA siphonnés en 20 ans de 1987 à 2006 et la saignée continue), la dette extérieure qui a franchi la barre de 10.000 milliards de FCFA (source Caisse autonome d’amortissement). S’agissant justement de l’endettement vis-à-vis de nos partenaires bilatéraux et multilatéraux, il a connu, selon un rapport du FMI rendu public en octobre dernier, un accroissement de 4310,1 milliards de FCFA entre 2009 et 2019. La Sonara et la Camair-co à cette date cumulent un endettement de 825 milliards de FCFA. Le drame à ce niveau est qu’il n’y a pratiquement aucun projet financé grâce aux emprunts qui a été achevé et qui fonctionne à 100%. Il n’y a aucun projet financé par des emprunts qui marche et qui a permis à l’État du Cameroun d’investir, de produire et de rembourser à court ou moyen terme avec les plus-values dégagées dans d’autres secteurs d’activité. De tous les projets qui ont fait l’objet d’emprunt, un flou est entretenu autour des identités réelles des créanciers, des taux d’intérêt et des contreparties conclus. L’opacité est entretenue autour du niveau réel de notre endettement puisqu’en octobre 2020, il a été fait mention d’un gap d’environ 1000 milliards de FCFA sur lequel le gouvernement camerounais et le FMI n’arrivaient pas à s’accorder. Mis en difficulté sur le marché financier, Yaoundé recourt parfois à des emprunts non concessionnels auprès des banques privées avec tout ce que cela comporte comme taux d’intérêt élevé. Plusieurs projets ont été mal pensés. Plusieurs projets n’ont pas été sélectionnés sur la base de leur viabilité économique. Ces dettes n’ont pas été efficaces en termes d’impact sur l’économie nationale. 1200 milliards de FCFA ont été investis dans les centrales thermiques sans que le taux de couverture ne connaisse une amélioration considérable. 6000 localités du pays sont privées d’électricité. Chaque département ou arrondissement étant traversé par un cours d’eau ou un fleuve, on aurait pu investir dans les mini-centrales hydro électriques. On aurait pu également investir dans l’énergie éolienne. On aurait également pu augmenter notre capacité de production installée de l’énergie électrique (actuellement de moins de 1200 mégawatts), moderniser et densifier notre réseau de transport de l’énergie électrique qui est dans un état de vétusté et améliorer le réseau de distribution. Il suffisait dans ces différents segments d’injecter respectivement 1400, 800 et 500 milliards de FCFA. Soit un total de 2700 milliards de FCFA qui est en-dessous des 3000 milliards de FCFA – investis de manière opaque et nimbés de
retro-commissions et de surfacturations diverses – dans les chantiers de la CAN qui se tiendra en début 2022 au Cameroun. Plusieurs projets sont devenus des éléphants blancs:
– L’usine de tracteurs d’Ebolowa
– La Sotramas (Société de transformation de manioc de Sangmelima) qui avait l’ambition de transformer 120 tonnes de manioc par jour et qui n’a même pas encore produit une seule tubercule de manioc.
– La SPAC (Société de produits agricoles du Cameroun) à Bafang qui devait disposer d’abattoirs d’une capacité de production de 2500 poulets/jour et de livraison de 15 millions de poulets/an sur le marché camerounais.
À combien se chiffrent tous ces fonds perdus qui ont fait l’objet de financements divers ?
En matière d’infrastructures de transport :
Où est passé le Terminal polyvalent au port en eau profonde de Kribi? Combien a-t-on
déjà investi dans ce projet ? Pourquoi ne parle-t-on plus de complexe industrialo-portuaire à Kribi?
Où sont passés les projets suivants et pour lesquels Yaoundé avait par ailleurs publié la liste des entreprises retenues:
– Le tramway à Yaoundé
– Le tramway à Douala
– Le chemin de fer Edea-Kribi
– Le chemin de fer Douala-Limbe
– Le port cimentier de Limbe
-Que dire des privatisations-braderies des entreprises stratégiques qui jadis faisaient la fierté du Cameroun ? Elles n’ont servi qu’à enrichir une poignée de mafieux dans le sérail gouvernant.
Comme vous pouvez le constater, le régime de M. BIYA a considérablement hypothéqué l’avenir de notre pays. Plusieurs générations paieront le prix fort de mal gouvernance quarantenaire des dissimulateurs de la dette du Cameroun.
Combattantes et Combattants
S’AGISSANT DES FONDS DE LUTTE CONTRE LA PANDÉMIE DE COVID-19:
Même les fonds covid-19 n’ont pas été épargnés de la voracité, de la vénalité et de la rapine inscrites dans l’ADN de ce régime. Ce régime a définitivement jeté la honte aux chiens. Depuis la survenue de la pandémie de coronavirus, on a vu des minables individus dans le gouvernement profiter de la détresse des camerounais pour s’enrichir. Surfacturations des marchés dits spéciaux, affairisme, concussions, détournements de deniers publics. Le tout sans être inquiétés. Tout y passe. Le rapport de la chambre des comptes non soumis au Parlement. Aucun membre du gouvernement inquiété malgré les preuves que j’ai pu apporter à travers des dénonciations documentées qui comportaient les dates de passation, les objets desdits marchés, les montants, les noms des entreprises bénéficiaires et des bénéficiaires effectifs de tous ces marchés passés sans avis d’appel d’offres. Tous sont toujours en poste. Le rapport du Tribunal criminel spécial reste toujours attendu. Le seul rapport rendu public est le rapport d’exécution CAS-COVID-19 du ministre des finances. Ce rapport, salutaire du fait qu’il a tout au moins été rendu public, a suscité d’énormes interrogations de ma part .
Ce rapport d’exécution du Compte d’affectation spéciale covid-19 (en abrégé CAS-COVID-19) a été rendu public par le ministre des finances avec plus de six mois de retard, si l’on s’en tient à la circulaire du ministre des finances qui a suivi le décret du premier ministre du 22 juillet 2020. Ce document porte sur les 180 milliards FCFA attendus. Le rapport du CAS-COVID-19 mentionne que 161,89 milliards FCFA ont été effectivement mobilisés, soit un taux d’exécution de 89,93%. Le budget du Compte d’affectation spéciale covid-19 (CAS Covid-19) budgétisé arrêté à la somme de 180 milliards FCFA était préalablement réparti ainsi qu’il suit:
* 137 milliards FCFA prélevés sur le budget général de l’État
* 43 milliards FCFA de fonds de concours constitués de prêts et de dons dont 22 milliards FCFA de la Banque mondiale; 2 milliards FCFA de l’UE; 6,5 milliards FCFA de l’AFD; 9 milliards FCFA du Partenariat mondial pour l’éducation; 3 milliards FCFA pour les personnes physiques et autres.
Le rapport d’exécution du CAS-COVID-19 du ministre des finances laisse ressortir que sur 161,8 milliards FCFA de dépenses ordonnancées au titre de l’exercice 2020, le ministère de la santé a reçu une avance de trésorerie de 44,83 milliards FCFA débloquée bien avant le décret du premier ministre du 22 juillet 2020 et 116,97 milliards FCFA ont été réglés par la paierie spécialisée du compte d’affectation spéciale. En termes de mobilisation des partenaires bilatéraux et autres, le rapport indique que 5,3 milliards FCFA de l’AFD et 3,3 milliards des personnes physiques et autres soit un total de 8,6 milliards FCFA hors budget général de l’État. Ajouté aux prévisions du budget général de l’État initialement arrêté à la somme de 137 milliards FCFA, on devrait logiquement avoir mobilisé (137 + 8,6) milliards de FCFA soit 145,6 milliards FCFA. Le ministre des finances dit avoir mobilisé 161,89 milliards FCFA plutôt que 145,6 milliards FCFA. Soit un différentiel de 15,3 milliards FCFA manifestement prélevé sur le budget général de l’État, le portant ainsi à 152,3 milliards FCFA au lieu de 137 milliards FCFA autorisés par le Parlement après l’adoption de la loi des finances rectificative. Le ministre des finances doit justifier ce dépassement budgétaire de 15,3 milliards FCFA prélevé sur le budget de l’État sans l’avis préalable du Parlement.
Il est donc constant que ce rapport porte uniquement sur les 180 milliards FCFA budgétisés.
Il convient au demeurant de rappeler que dans l’optique de lutter contre la pandémie de covid-19, le Cameroun a obtenu du FMI un montant total 222,4 milliards FCFA dans le cadre de la Facilité de Crédit Rapide, versés en deux tranches ainsi qu’il suit:
– 135,6 milliards FCFA en mai 2020
– 86,78 milliards FCFA en octobre 2020.
Dans sa lettre d’intention adressée au FMI en avril 2020 avant l’éligibilité du Cameroun à la Facilité de Crédit Rapide en mai 2020, le ministre des finances s’était engagé à publier semestriellement un rapport d’exécution des dépenses liées à la lutte contre le covid-19. Et le FMI avait exigé un audit indépendant sur la gestion de ces fonds. Où est passé le rapport d’exécution des 222,4 milliards FCFA reçus du FMI. Personne n’en fait cas au sein du gouvernement. Même pas la Chambre des comptes. Le rapport de ces 222,4 milliards FCFA du FMI reste toujours attendu. La tentative de tromperie sur la marchandise ne saurait prospérer. Et si par extraordinaire – rien n’est décidément impossible en matière de gestion des ressources financières au Cameroun- les 161,89 milliards de FCFA avaient été débités des 222,4 milliards FCFA accordés par le FMI dans le cadre de la Facilité de Crédit Rapide, on devrait tout au moins donner la destination du différentiel qui se chiffre à
60,51 milliards FCFA.
Chers compatriotes de la diaspora,
En plus de la situation sécuritaire relativement maîtrisée des régions septentrionales avec la secte dangereuse Boko Haram et de celle préoccupante à l’Est du fait de la porosité de nos frontières dans ces régions, porosité liée au sous-développement criard des villes périphériques, le Cameroun est en guerre depuis 2017 dans les deux régions anglophones du nord-ouest et du sud-ouest. Une guerre stupide du fait de l’autisme du pouvoir central de Yaoundé qui a résolument fait fi de nombreuses propositions républicaines pour éviter l’enlisement. Le débat sur la forme fédérale de l’État était pourtant l’unique voie pour éviter le déclenchement de cette sale guerre. Combien de civils tués ? Combien de forces de défense et de sécurité ont perdu leurs vies? Combien de massacres ont été perpétrés dans ces deux régions depuis quatre ans? Combien de kidnapping opérés ? Des fonctionnaires pris otage s’ils ne sont pas simplement exécutés. Des autorités morales, traditionnelles et religieuses kidnappés. Le défunt Cardinal Christian Tumi y est passé. Le plus récent est celui du vicaire général du diocèse de Mamfe dont les ravisseurs demandent une rançon de 20 millions de FCFA pour la libération. Fort heureusement, il a été libéré. Combien de déplacés internes du fait de cette guerre ? On nous parle de plus de 600.000 compatriotes. Combien d’enfants déscolarisés ?
En dehors de certains quartiers des chefs-lieux de départements, il n’y a pratiquement plus de vie dans ces deux régions qui représentent 20% de la population et 40% d’apport en devises.
Combien nous a coûté cette guerre depuis son déclenchement véritable en 2017 ? Quel est le coût financier jusqu’ici de cette guerre?
En dehors des attaques revendiquées par certains groupes sécessionnistes, qui peut, en dehors d’une commission d’enquête indépendante, identifier les véritables auteurs directs et indirects de ces tueries ?
Se limiter aux condamnations vaines et aux slogans à la limite lassants pour les populations qui subissent quotidiennement dans leur chair ce drame insoutenable, ne changera pratiquement rien à ce qui se passe dans ces deux régions. On ne peut plus continuer ainsi. Les deux équations les plus urgentes à résoudre dans notre pays sont celles de la guerre et du retour de la paix dans. La véritable paix passe par l’ouverture d’un dialogue politique national inclusif franc et sincère sur la forme de l’État entre les différents protagonistes ainsi que les forces politiques et de la société civile. Nous devons nous mettre tous ensemble pour que cette guerre cesse malgré le fait que le régime de M. Biya a déclenché cette guerre sans l’avis de personne. Un mort de plus est et sera toujours un mort de trop. « La paix ne peut être maintenue par la force. Cela ne peut être réalisée que par la compréhension », disait Albert Einstein. Il faut libérer les énergies positives. Le fédéralisme doit être acté comme mode de développement du pays en général et pour adresser les préoccupations de nos soeurs et frères de culture anglo-saxonne en particulier. Yaoundé gagnerait, pour arrêter la saignée observée sur le théâtre des opérations, à mettre en mission de bons offices des personnalités reconnues crédibles et intègres qui comptent dans l’espace public à l’effet d’amorcer le processus de dialogue avec les leaders politiques des sécessionnistes. Les contours de la négociation à savoir le lieu et les thèmes doivent être arrêtées de commun accord. Aucun thème ne doit être laissé de côté à l’entame des négociations.
Tant que ce dialogue politique véritable n’est pas organisé, le gouvernement camerounais, à qui incombe la responsabilité constitutionnelle de protéger les personnes et les biens, sera toujours tenu pour responsable de l’enlisement de cette sale guerre qui aurait pu être évitée dès le déclenchement de cette crise si le régime de Yaoundé avait adopté une stratégie plus conciliante et non celle absurde et autoritariste. On ne mène pas la guerre contre son peuple. Il n’y a aucune guerre qui s’achève sans que les protagonistes ne s’asseyent autour d’une table de négociations.
Pour terminer, chers compatriotes de la diaspora,
Il est temps que nous retrouvons le chemin de la lutte des années 90, que nous prenons des initiatives ou nous associons à toutes les initiatives tendant à libérer le peuple camerounais de la dictature de M. BIya. L’heure est venue de nous mobiliser et de densifier nos batailles à la veille du Soir de cristal (Grand Soir).
Je prendrai dans les prochains mois des initiatives dans ce sens afin qu’ensemble nous prenions des résolutions pour la libération de notre cher pays ainsi que celle de tous nos compatriotes emprisonnés dans le cadre de la même lutte que nous avons mené jusque là.
Chers compatriotes de la diaspora, nous devons continuer ce combat jusqu’à la victoire finale.
Je ne saurais terminer mes propos sans avoir une pensée profonde pour de nombreux compatriotes morts pour s’être battus contre la dictature du régime de M. Biya. J’ai également une pensée pour les militants de l’opposition qui continuent de se battre chaque jour dans le triangle national pour l’instauration d’un État de droit, d’un Cameroun démocratique et singulièrement pour les militants du Mrc qui sont actuellement illégalement embastillés depuis près d’un an juste pour avoir voulu exercer leur droit constitutionnel à savoir le droit de manifester. J’exige leur libération immédiate.
Hasta La victoria Siempre
Je vous remercie.
Hon. Jean Michel NINTCHEU
Député