Jean Paul Akono est le nouvel entraîneur sélectionneur des Lions. Nommé ce 13 septembre 2012 en remplacement de Denis Lavagne limogé pour mauvais résultats, il a pour mission principale, avec son adjoint Martin Ndtoungou Mpilé, qualifier le Cameroun à la Can 2013. La tâche s’annonce
titanesque mais le nouveau patron de l’encadrement technique des Lions a le profil de l’emploi au regard de sa longue et riche carrière.
Jean-Paul Akono est sans doute l’entraîneur camerounais le plus connu de l’heure à la fois au Cameroun et à l’étranger. Cette réputation, « Magnusson » la doit certes à la médaille d’or olympique conquise de haute lutte à Sydney en 2000, mais aussi à un parcours hors du commun.
Le joueur
Défenseur redoutable, ce professeur d’éducation physique et sportive fait partie de ceux qui ont écrit en lettres d’or l’histoire du canon de Yaoundé. Pas moins de 8 titres nationaux, championnats et coupes confondus. Sur le plan continental 3 titres en 1971, 1979 et en 1980. Des prestations qui lui ont valu d’être appelé en équipe nationale. Il arborera le vert rouge jaune à 69 reprises.
L’entraîneur
Après un tour à l’Institut national de la jeunesse et des sports (Injs) où il sort nanti de son diplôme de Professeur certifié d’Education physique et sportive, ce natif d’Akonolinga entame sa carrière d’entraîneur. Son premier grand défi, le nouveau patron de l’encadrement technique des Lions le relève en 1999. Cette année là, M. Akono conduit la sélection des moins de 23 ans aux jeux africains qui se jouent en Afrique du Sud. « Magnusson » et ses poulains remportent la médaille d’or. Un exploit qui sera réédité au Nigeria en 2003.
Entre temps, M. Akono a remporté la médaille en or aux jeux olympiques de Sydney en Australie. Une performance inédite qui fait grimper sa côte auprès des Camerounais. Pour le récompenser, Pierre Ismaël Bidoung Mkpatt, ministre des Sports de l’époque, le nomme à la tête des Lions Indomptables A. Le problème c’est que son prédécesseur, Pierre Lechantre enregistre de bons résultats avec l’équipe nationale avec laquelle il vient de remporter la Can 2000.
Domicile saccagé
Cela est donc mal pris dans l’opinion qui ne tarde pas à contester les choix du nouveau sélectionneur. Ce passage sera particulièrement difficile pour un Akono dont la mission était de qualifier les Lions pour le mondial Corée Japon 2002. Malgré la qualification, son départ est demandé. Lors du dernier match des qualifications à Yaoundé contre la Zambie ; match que le Cameroun remporte (1-0), Jean-Paul Akono est fortement hué par le public. Il quitte le stade sous protection policière. Son domicile sera saccagé.
Akono laisse tomber alors les Lions A, mais il ne renonce pour autant pas à servir son pays. Il se consacre aux sélections nationales inférieures et là encore le bilan est élogieux. Il remporte les jeux africains en 2003 et la coupe Cemac à deux reprises (2003, 2005). Incapable de qualifier les U 23 pour les jeux olympiques de 2004, Akono est débarqué.
Sapeur pompier
En 2006, après un tour au Rwanda ; J.P. Akono est porté à la tête de la sélection nationale militaire qui s’apprête à disputer la Can que le Cameroun accueille. Nombres d’observateurs voient cela comme une nomination au rabais. Jean-Paul Akono lui, accepte le challenge. Il relève le défi puisque le Cameroun remporte cette édition de la Coupe d’Afrique militaire. Un an plus tard, l’équipe conduite par M. Akono se classe 2è de la coupe du monde militaire.
En 2009, il fait partie avec Jean Manga Onguéné, Martin Ndtoungou et Michel Kaham du collectif d’entraîneurs choisis pour diriger les Lions après le départ surprise d’Otto Fister. Il n’apprécie forcement pas, mais Akono accepte. L’aventure tourne court. Comme ses collègues, il est limogé et remplacé par le français Paul Le Guen.
Un an plus tard, Akono est nommé Directeur technique national (Dtn) adjoint no1. Sa feuille de route lui interdit de parler de l’équipe nationale A, mais en patriote Akono n’en n’a que cure. Régulièrement il monte au créneau pour dénoncer la qualité de jeu des Lions et même la gestion de l’équipe nationale. Cela ne lui vaut pas toujours des amitiés. En juin 2012, alors qu’il critique les choix tactiques de Denis Lavagne qu’il ne considère pas comme l’homme qu’il faut aux Lions, Jean-Paul Akono est attaqué par son supérieur hiérarchique. Jean-Manga Onguéné, le Dtn publie un communiqué dans lequel il désavoue son collaborateur.
Aujourd’hui âgé de 63 ans, c’est encore sur Jean-Paul Akono que les autorités comptent pour sortir le Cameroun de la mauvaise situation dans laquelle il est embarqué. Habitué à être appelé au secours, « Magnusson » peut une fois de plus relever le défi. Son passé incite à l’optimisme.
J. M. Nkoussa