Depuis son passage sur Equinoxe télévision le lundi 24 février 2020, où il a apporté des précisions sur ses origines, le débat enfle sur les réseaux sociaux sur la nationalité camerounaise de Calibri Calibro, commandant de la BAS.
Sur Equinoxe soir lundi dernier, Calibri Clibro a apporté des précisions sur ses origines. Beaucoup de camerounais sont divisés. D’autres disent qu’il est camerounais. Certains lui réfutent la nationalité camerounaise.
Sur son mur Facebook, le cineaste Jean-Pierre Bekolo va au-delà de la querelle sur la nationalité de Calibri Calibro et place le curseur du débat ailleurs. Selon lui, qu’il soit camerounais ou sénégalais, il a fait montre d’un courage en dénonçant les tares du pays de Paul Biya. C’est qui est intéressant d’après le réalisateur de film cinématographique. « Si c’est son sang Sénégalais qui lui a donné ce courage et cette inspiration, nous avons besoin de plus de Sénégalais au Cameroun », écrit le cinéaste engagé.
Lebledparle.com vous propose l’intégralité du texte.
CALIBRO CALIBRI EST SENEGALAIS ET PUIS QUOI ?
Chers amis et frères Sénégalais, Je voudrais vous présenter les excuses d’un autre peuple camerounais, celui-là qui ne cherche pas dans le sang de ses compatriotes qui est “bon” parce qu’il est de souche, et qui est “mauvais” parce qu’il est comme le dénommé Abdoulaye Thiam aka Calibro Calibri Sénégalais. Oui Calibro Calibri est Senegalais et puis quoi ? Quel mal incarne-t-il ? Celui de dénoncer les massacres que le monde entier a denoncé? Celui d’avoir interpellé le président du pays où il a trouvé asile en fuyant le Cameroun ? Celui d’avoir dit que Mamadou Mota était toujours en prison ? Celui d’avoir réussi à faire dire à Macron qu’il mettra plus de pression sur Paul Biya ? Ou celui d’avoir amené Macron à révéler qu’il est à l’origine de la libération de Maurice Kamto? Qu’est-ce que tout ceci à voir le sang qui circule dans les veines de Abdoulaye Thiam aka Calibro Calibri ? Les origines de son père ou de sa mère sortent d’où dans ce qui se joue ?
Si c’est son sang Sénégalais qui lui a donné ce courage et cette inspiration, nous avons besoin de plus de Sénégalais au Cameroun.
Mes excuses chers frères Sénégalais, comprenez que nous vivons les soubresauts d’un très très long règne ; 38 ans aujourd’hui. Là où vous avez connu ce que c’est la démocratie, nos compatriotes n’ont connu que ce qui ressemble à la monarchie. Il y a eu des exactions de l’armée camerounaise au nord du Cameroun, nos autorités ont déclaré que c’était au Mali – toutes mes excuses aussi à nos frères Maliens – Nous vivons une période où tout le tribalisme est instrumentalisé, et avec ce dernier cas, le Cameroun passe à l’épuration “nationale”. On cherche l’impureté dans le sang de ceux qu’ils appellent « les opposants, les terroristes »… ou tout simplement « ces gens-là ». Pour eux le mal serait partout à extérieur… mais surtout pas chez eux. L’histoire nous apprend que quand on commence à donner au mal un visage, un nom, une nationalité, nous ne sommes pas loin de crimes contre l’humanité. Chers frères Sénégalais, Maliens et tous les autres frères Africains, priez pour nous !
Je tiens doublement à m’excuser parce que les idéologues du régime de Paul Biya se réclament du panafricanisme ; surement pas de celui des Cheick Anta Diop, Nkrumah et autres grands Africains… Pardonnez leur car ils sont prêts à faire reculer l’homme noir de 1000 ans dans l’unique but d’obtenir les petits privilèges qu’un homme-dieu au pouvoir absolu depuis 38 ans leur procure. Je pense à vous Senghor et Cesaire, pères de la Négritude, voici ce que nous sommes devenus, nous les “nègres”, des gens qui face à l’oppression, la détresse et la misère, cherchent encore à savoir qui est Sénégalais et qui est Camerounais, des gens qui en 2020 demandent au blanc de les laisser massacrer les autres nègres… en paix !
Jean-Pierre Bekolo