Il commence par noter que Jacques Attali n’a pas anticipé cette réalité malgré ses prétendues prédictions sur l’avenir de l’Afrique. Le réalisateur suggère que les analyses d’Attali reflètent la vision occidentale de l’Afrique, où le continent est vu comme un pourvoyeur de ressources naturelles pour l’Occident. L’homme de cinéma souligne également le mépris et le racisme implicites dans les commentaires d’Emmanuel Macron qualifiant les Africains de « fous » pour demander le départ de la France de certains pays africains. Il suggère que l’émancipation de l’Afrique n’était pas prévue dans les plans occidentaux et que les solutions proposées pour l’Afrique ont souvent été élaborées sans consultation des Africains eux-mêmes.
L’auteur évoque également l’histoire des interventions occidentales en Afrique, comme la conférence de Berlin en 1884, où les décisions ont été prises sans la participation des Africains. Il souligne que cela a contribué à une méfiance généralisée envers les acteurs extérieurs et a conduit de nombreux Africains à adopter une attitude complotiste. Jean-Pierre Bekolo conclut en critiquant le fait que Jacques Attali n’ait jamais proposé ni organisé de solutions pour sortir l’Afrique de sa situation difficile. Il considère que le mécontentement d’Attali face aux coups d’État en Afrique pourrait être une lueur d’espoir, incitant les Africains à être encore plus audacieux dans leur recherche de solutions à leurs problèmes.
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Pourquoi Les Coups D’état En Afrique Irritent Un Illuminati
La récente déclaration de Jacques Attali, dans laquelle il affirme que l’Afrique est en train de se suicider, met en lumière le fait que l’auteur d’« Une Brève Histoire de l’Avenir », celui qui aurait contribué à porter Emmanuel Macron à la présidence française, n’avait pas anticipé dans sa boule de cristale cette réalité. Pourtant, il avait esquissé le futur de l’Afrique dans son ouvrage, un futur conforme à la vision occidentale de l’Afrique. Cette vision reflète bien le regard que le monde occidental porte sur l’Homme Africain, comme l’avait exprimé Nicolas Sarkozy lors de son discours sur l’Afrique.
Les Occidentaux et surtout les Français se considéraient comme les maîtres incontestés de cette Afrique, soumise à un ordre mondial où elle occupait le bas de la pyramide et était destinée à soutenir indéfiniment l’Occident grâce à ses ressources naturelles. Cependant, cette nouvelle histoire est en train d’être écrite par les vaincus d’hier, les Africains, et non pas pour une fois par les vainqueurs. Ce chapitre ne figure pas dans la Brève Histoire de l’Avenir d’Attali, qui aurait besoin d’être un peu plus long pour être moins brève.
Cela a conduit Emmanuel Macron à qualifier les Africains de « fous ». En effet, dans leur perspective, il est fou et suicidaire de demander à la France de quitter le Niger, un pays que la France a exploité sans états-d ’âme, contribuant ainsi à la misère de son peuple au nom d’un ordre mondial. Suicide ? Un mort peut-il se suicider ? Être qualifié de fou par des illuminatis est en réalité un compliment.
Bien sûr, il y a du racisme dans ces propos, mais en réalité, l’émancipation de l’Afrique n’était pas au programme. Car il y a toujours eu des programmes d’ONG élaborés pour l’Afrique… sans les Africains avec toujours des solutions occidentales aux problèmes africains. Une Afrique toujours pensée et organisée sans consultation de ses propres habitants.
Face aux nombreux problèmes de l’Afrique, les fameuses « solutions africaines » de Thabo Mbeki ne sont pas à l’ordre du jour pour ces acteurs extérieurs. Cela ressemble à un complot : élaborer des plans pour l’Afrique sans la participation des Africains eux-mêmes. Pensons au grand complot originel de la conférence de Berlin en 1884 : combien d’Africains y étaient présents ? Voilà pourquoi tout Africain devrait être complotiste.
En lisant Jacques Attali, il est difficile de ne pas se sentir complotiste, sauf qu’il y a une anomalie : les coups d’État seraient une forme de suicide. C’est pourquoi Thomas Sankara a été assassiné et que le génocide au Rwanda a pu se produire avec le soutien de l’armée française, alors que Jacques Attali conseillait le président français François Mitterrand. En tant que fervent défenseur de la théorie du complot, si les Illuminatis n’existent pas, je suis tenté de les inventer, et Jacques Attali en serait un. Car il n’a jamais prévu ni organisé quoi que ce soit qui aurait permis à l’Afrique de sortir de sa situation désespérée qui a toujours profité à l’occident. Finalement, son indignation quant aux coups d’État est une bonne nouvelle et pourraient bien être une lueur d’espoir. Soyez encore plus fous!
Jean-Pierre Bekolo