Dans un article publié le 20 avril 2021, Jeune Afrique délivrait les secrets autour de la mort tragique du Maréchal Idris Deby Itno. Environ trois semaines après, notre confrère apporte de « nouveaux détails » sur cet évènement qui n’a pas fini de susciter étonnements et interrogations.
Selon l’annonce faite par l’Armée tchadienne le 20 avril 2021, le Maréchal Idriss Deby Itno avait succombé aux blessures encaissées au front contre les rebelles du FACT. Le chef de l’Etat avait été inhumé le 23 avril en présence d’une dizaine de ses homologues africains et du président français Emmanuel Macron.
Depuis lors, des interrogations fusent de toutes parts : dans quelles circonstances est-ce que le Maréchal a pu être atteint par balles au point d’en mourir ?
Pour tenter de répondre à cette préoccupation qui taraude les esprits, Jeune Afrique avait publié un premier article le 20 avril révélant certaines informations jusque-là méconnues de tous.
Ce 7 mai 2021, le journal panafricain revient sur le fait et indique que « la version livrée par les autorités tchadiennes à leurs interlocuteurs n’a pas changé : le maréchal tchadien est décédé des suites d’une blessure reçue dans des combats », peut-on lire.
Bien plus, selon ses sources, « ce déroulé des événements a été donné aux nombreux diplomates, de l’UA et de l’ONU notamment, qui ont rencontré à plusieurs reprises Mahamat Iriss Deby, chef du Conseil militaire de transition et fils du défunt ».
Lebledparle.com vous propose le récit actualisé du décès tragique de l’homme d’Etat et haut gradé de l’armée tchadienne au pouvoir depuis 1990, tel que publié par le journal de Béchir Ben Yahmed.
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Blessé par balle, en compagnie de son aide de camp Parti le 17 avril sur les coups de 22 heures de N’Djamena à bord d’un véhicule blindé de marque Toyota (un style de pick-up que le Tchad importe régulièrement depuis Dubaï), Idriss Déby Itno est arrivé sur le front, dans le nord du Kanem, aux premières heures du dimanche 18 avril. Ce même jour, après s’être réuni dans un bivouac avec une partie de ses généraux, le président tchadien s’est retrouvé pris dans les combats avec les insurgés du Front pour l’alternance et la concorde au Tchad (FACT), descendus depuis la frontière libyenne.
Ce dimanche, une partie d’entre eux a déjà affronté les troupes menées par Mahamat Idriss Déby, commandant de la Direction générale de service de sécurité des institutions de l’État (DGSSIE). Mais une colonne est parvenue à se remobiliser et à mener une offensive vers les lignes tenues par Idriss Déby Itno. Engagé au combat dans un véhicule blindé, le maréchal essuie les tirs des rebelles, qui disposent notamment d’un armement d’origine russe, récupéré en Libye. À ses côtés : le conducteur du pick-up et l’un de ses aides de camp, un certain Moussa, qui est aussi le fils de la sœur du président. Malgré le blindage, plusieurs balles parviennent à atteindre les occupants du véhicule. L’aide de camp est touché, ainsi qu’Idriss Déby Itno. Idriss Déby Itno est sorti de la voiture. Sous ses vêtements, le président perd beaucoup de sang. Selon nos sources, ce dernier reçoit une balle – ou un éclat de munition – dans le rein ainsi qu’au niveau du bras droit. Les combats se poursuivent aux alentours, mais le chauffeur est choqué et sonné. L’autre aide de camp du président, Khoudar Mahamat Acyl, frère de la Première dame, Hinda Déby Itno, n’est pas loin : il a pris place dans un autre pick-up. Le conducteur du véhicule d’Idriss Déby Itno met quelques minutes avant de reprendre ses esprits et de parvenir à extirper ses passagers de la zone de combat. Il ramène le maréchal blessé et son aide de camp vers l’arrière, où bivouaquent plusieurs généraux ainsi qu’une partie du protocole de l’État. Le président est sorti de la voiture. Sous ses vêtements, il perd beaucoup de sang. Son médecin, Hassan Mahamat Hassan, comprend vite la gravité de la blessure.
L’entourage du chef de l’État prévient alors le commandant de l’armée de l’air, Amine Ahmat Idriss, puis Mahamat Idriss Déby. Avec l’accord du médecin, on décide de procéder à une évacuation d’urgence par hélicoptère. Un engin est stationné non loin de Mao, à quarante kilomètres environ du bivouac de Nokou, où le président est étendu. 3/3 Idriss Déby Itno est inconscient et n’a pas prononcé un mot depuis qu’il a été blessé. L’évacuation rapide ne suffit pas : il succombe à ses blessures avant d’avoir pu être ramené à N’Djamena. Son neveu décède lui aussi, tandis que le chauffeur est sain et sauf.
La dépouille du président est acheminée dans la nuit du dimanche 18 avril au lundi 19 avril vers la capitale, où l’hélicoptère se pose directement à la présidence, un fait rarissime. Le plus proche cercle familial et les hauts gradés les plus fidèles sont alors seuls au courant du drame qui s’est joué loin de N’Djamena. Tous savent le moment crucial. On décide de retarder l’annonce du décès, qui ne sera rendu public que plus de 24 heures plus tard, dans la fin de la matinée du 20 avril. Entre temps, la famille du défunt s’est réunie durant plusieurs heures. Conseillée par des généraux de haut-rang, elle s’accorde en fin d’après-midi du 19 avril pour confier la transition à Mahamat Idriss Déby.
Vers 20 heures, le président de l’Assemblée nationale, Haroun Kabadi, est prévenu et convoqué à la présidence. Victime d’un malaise alors qu’il apprend la mort du maréchal, il décline officiellement la charge de la transition, qui aurait dû lui incomber selon la Constitution. Une heure plus tard, la commission électorale, qui n’est pas informée, annonce Idriss Déby Itno vainqueur de la présidentielle. Au quartier général du Mouvement patriotique du salut (MPS), les cadres du parti au pouvoir célèbrent la victoire, sans savoir que leur champion n’est plus et que le sixième mandat pour lequel ils ont milité n’aura pas lieu. Ils ne le savent pas encore mais un autre Déby tient en réalité déjà les rênes.