On n’est pas sorti de l’auberge. Les fugues se poursuivent dans la capitale anglaise et la taille de la Cameroon olympic team continue à se réduire davantage. Une semaine seulement après Drusille Ngako, gardien de but amateur de l’équipe olympique de football féminin, cinq boxeurs et un nageur ont à leur tour, pris la poudre d’escampette pour une destination inconnue.
Si en termes de médaille,le Cameroun occupe les profondeurs du classement, il peut tout au moins se targuer de décrocher la palme d’or en matière de fugue à ces 30e
olympiades des temps modernes. Avec sept athlètes ayant déjà fondu dans la nature sans crier gare, le pays de Joseph Bessala et de Martin Ndongo Ebanga garde jalousement le fauteuil de leader en termes de faits divers. La dernière actualité relative au séjour de la délégation camerounaise à Londres n’est pas des plus gaies. En fait, hier matin, il nous a été rapporté de sources dignes de foi que « cinq boxeurs et un nageur ont décidé de prendre la clé des champs ». A en croire notre informateur, les faits remontent au samedi 04 août après les éliminations respectives de cinq boxeurs et un nageur, au tournoi olympique Londres 2012. « Il était question que les boxeurs Hyacinthe Mewoli, Christian Donfack, Serge Ambomo, Blaise Yepmou et Thomas Essomba, ainsi que le nageur Paul Edinguè regagnent le Cameroun le plus tôt possible comme l’ont d’ailleurs fait les Lionnes indomptables. Leur départ était prévu pour le dimanche 5 août, au petit matin, à bord d’une compagnie marocaine », raconte notre source au sein de la Cameroon olympic team.
Ayant déjà perçu leurs primes de participation (officiellement estimées à 2,5 millions Fcfa chacun Ndlr), les six athlètes camerounais ont de leur gré, choisi de prendre la fuite avant le lever du jour sans qu’aucun responsable administratif ne s’en rende compte. Les « fugitifs » ont emporté avec eux leurs pièces personnelles d’identité, ainsi que les nouveaux équipements reçus quelques semaines plus tôt des mains des responsables en charge des équipements au Comité nationale olympique et sportif du Cameroun (Cnosc). Informé, Adoum Garoua, ministre des Sports et de l’éducation physique (Minsep), et par ailleurs chef de délégation aurait multiplié des réunions de crises et des conciliabules avec ses collaborateurs présents à Londres de peur que l’affaire ne s’ébruite et prenne des proportions inquiétantes. Mal lui en a pris puisque la nouvelle de cette fugue s’est répandue telle une traînée de poudre. Un rapport, apprend-on, aurait été dressé et se trouverait actuellement sur la table du Premier ministre, Philémon Yang. Une demande d’explication adressée à l’entraîneur national de boxe Justin Tchouem serait jointe au dit rapport. Le coach est le principal mis en cause pour avoir « osé demander qu’on laisse ses poulains avec leurs passeports et autres pièces officielles». Le technicien ne se doutait pas une seule seconde que cette indélicatesse pourrait tourner au vinaigre. Depuis la fin de matinée d’hier, « les membres de la délégation tiennent une autre réunion de crise au sein même du London village, le village des jeux », indique notre source.
Fuite des talents
Cette scabreuse affaire rappelle un précédent survenu l’année dernière aux Jeux du Commonwealth à Manchester (Angleterre). A l’aéroport, deux athlètes camerounais âgés de 16 ans avaient pris la poudre d’escampette à quelques heures du vol retour. Pour l’heure, les regards sont tournés vers le patron des sports. Sans doute va-t-il pondre un communiqué officiel relatif à ce nouveau scandale. Lequel met au goût du jour l’éternel problème de fuite des talents au Cameroun puisque les sportifs qui quittent leur patrie et défendent les couleurs d’autres pays se font de plus en plus nombreux. Toutes les disciplines, sans exception, sont concernées. Football, athlétisme, tennis, sports de combat, et même d’autres sports moins médiatisés. La fuite des talents est devenue une norme.
Pour avoir droit à une vie meilleure et pouvoir réussir leur carrière, ces talents se trouvent contraints de quitter leur terre. Ils trouvent dans l’exil un moyen pour se libérer de leur enfer et ces barrières (manque d’infrastructures et moyens financiers) qui achoppent leur réussite. En manque de soutien financier et moral au Cameroun, c’est particulièrement en Europe qu’ils trouvent le refuge et les moyens qu’il faut pour réaliser leur rêve de devenir champion. Le nombre de fugues au sein de la Cameroon olympic team étant désormais passé à sept unités sur les trente-quatre ayant débarqué à Londres, on craint que d’ici la fin de la compétition, le Cameroun ne rentre non seulement sans médailles mais aussi sans athlètes.
Christian TCHAPMI