Interview vérité ! A sa nomination à la tête des Lions indomptables le 13 septembre 2012, les fans, dans une liesse débordante, n’ont pas attendu longtemps pour l’affubler du titre de « sapeur pompier de service »
puisqu’il est clairement établi qu’on ne l’appelle que lorsque la tanière est en feu. Le peuple était donc unanime pour conclure que Jean-Paul Akono était l’homme de la situation, le messie que tout le monde attendait pour offrir (enfin) la qualification aux rois de la forêt et tourner la page noire Denis Lavagne. Mais cette overdose d’euphorie et d’assurance a finalement échoué devant la réalité macabre de cette sélection très critiquée ces deux années.
Mais aujourd’hui, le Dtn n°2 qui a un peu pris du recul face à la presse décide de sortir de son mutisme. A grand renfort d’éléments techniques et s’appuyant sur sa riche expérience, Magnusson s’ouvre à la presse. Avec le même ton qu’on lui connaît, le médaillé d’or aux JO de 2000 dresse l’état de santé de la sélection nationale, parle de ses rapports avec la presse, la Fédération camerounaise de football, le ministère des Sports et de l’éducation physique (Minsep), Samuel Eto’o et l’éternel problème du capitanat, de ses chantiers…
Coach, que retenir du match amical qui opposait le Cameroun à la sélection albanaise le 14 novembre dernier ?
J’ai envie de dire que ce match répondait à l’application du programme arrêté après la rencontre contre le Cap-Vert. Sur instruction du Minsep. Le programme a été fait en concertation avec la Fécafoot et la Dtn. Ces journées Fifa permettent aux sélectionneurs de passer en revue leurs sélections, consolider les acquis et tester de nouveaux joueurs. Il était donc question pour nous de consolider le jeu et voir certains joueurs qui peuvent entrer dans cette sélection surtout à certains postes. Le match amical du 06 février prochain face au Kenya est celui qui nous mettra sur la rampe dans la préparation de la rencontre, un mois après, contre le Togo. Ce match contre l’Albanie était le bienvenu. J’ai convoqué 24 joueurs, deux ne sont pas venus pour cause de blessures. Cela nous a permis, un mois plus tard, de refaire la situation de notre match contre le Cap-Vert. On a vu une équipe en nette progression par rapport au match contre le Cap-Vert.
Pensez-vous que l’équipe que vous avez alignée a vraiment donné tout ce que vous attendiez d’elle ?
Je pense que par rapport au match contre le Cap-Vert, il y a une circulation de la balle, une percussion offensive qui nous a permis de créer plusieurs occasions de buts non concrétisées malheureusement, à cause du bon gardien de buts d’en face. On a eu une idée de certains joueurs. C’est bien pour les Lions dans la perspective de la rencontre du 24 mars contre le Togo. Contre l’Albanie, on a été perturbé au début de la deuxième mi-temps à la suite des changements procédés. Mais nous avons su trouver l’équilibre à temps ; nous entendons donc combler les attentes des Camerounais qui rêvent d’une qualification pour la Coupe du monde 2014. Ce match confirme l’état d’esprit que nous avons appelé la nouvelle dynamique qui se met progressivement en place.
Les échéances futures, notamment ce match qui s’annonce difficile contre le Togo, en éliminatoires du Mondial 2014 figurent parmi vos priorités. Comment le préparez-vous ?
Je pense que ce n’est pas seulement ce match qui s’annonce difficile. Avec le nivellement des valeurs à travers le monde, le football a évolué partout. Ce match se prépare déjà. C’est pour cela que je vous ai dit que tout un programme a été arrêté. Le match contre l’Albanie entre dans l’application de ce programme. Après ce match, nous allons profiter au maximum des périodes Fifa pour nous préparer durant toute la phase des éliminatoires de Brésil 2014.
Rien ne dit que vous serez maintenu à la tête de cette sélection puisque vous n’avez pas encore signé votre contrat de travail en tant qu’entraîneur-sélectionneur des Lions…
Jusqu’au moment où je vous parle, ce n’est pas encore signé. Mais rassurez-vous, la signature est envisageable dans les plus brefs délais. Ce n’est pas ma priorité pour l’instant. Peut-être que certains ignorent que toute ma vie durant, je n’ai parlé que sport. Ancien joueur, ancien international camerounais, j’ai suivi une formation d’enseignant d’Eps à l’Injs. J’ai entraîné en clubs et sélections. J’y suis toujours. Partager cette passion avec de nombreux amoureux du football a toujours été mon rêve. Produire des résultats positifs, c’est ma détermination. Vous pouvez donc comprendre que ce n’est pas la signature du contrat qui me préoccupe, mais le retour de notre football aux premières loges mondiales. Si j’ai une telle préoccupation, si je reçois tout au moins mes primes de matches et si en plus j’ai l’onction de l’Etat du Cameroun et de la Fécafoot, on ne peut que se concentrer sur l’essentiel car pour nous tous le meilleur reste à venir. Je ne doute pas un seul instant que cela se concrétise bientôt.
Avec les entraîneurs expatriés, la signature de contrat se passe pourtant comme lettre à la poste. N’est-ce pas là une forme de mépris de l’Etat à votre endroit ?
Je voudrais vous dire que je suis Camerounais comme vous venez de le dire. Donc mon cœur bat pour ce pays qui m’a vu naître et grandir. Ce pays m’a tout donné. Le retard auquel vous faites allusion, si retard il y en a, vient du fait que les pouvoirs publics sont en train de finaliser le contrat. N’oubliez pas que je reste toujours un cadre de la Dtn. Bien plus, le dernier expatrié que j’ai remplacé n’a pas signé son contrat de suite. En plus, comme ancien fonctionnaire, je sais qu’on ne bouscule pas la hiérarchie. Celui qui m’a nommé sait ce qu’il a à faire. J’ai la faiblesse de croire que beaucoup de gens ne sont pas aussi préoccupés par cette non signature du contrat comme l’est la hiérarchie. En administration on maîtrise ce principe mieux que vous et moi : un Homme, une mission et des moyens. Prenez donc votre mal en patience car ce contrat sera signé en temps opportun.
Après le match contre l’Albanie, vous avez fait escale en France pour rouvrir le dossier David Ngog et il était aussi question d’aller en Angleterre rencontrer Benoit Assou-Ekotto qui a pratiquement mis une croix sur la Sélection. Mais vous êtes retourné au pays. Pourquoi ?
Je pense qu’il s’agissait simplement d’un problème de visa. Faute de visa suffisant, je ne pouvais plus aller en Angleterre. On a obtenu des visas de 6 jours à l’ambassade de France. Malheureusement, malgré tous les efforts fournis par l’ambassadeur du Cameroun en France auprès du Haut Commissariat du Cameroun en Grande-Bretagne, on a dit que ce n’était pas possible. Je n’ai pas pu aller voir les deux joueurs. L’ambassadeur m’a donné un permis de séjour afin que je ne sois dérangé durant ce temps passé en France. Je lui en sais gré. A Paris j’ai rencontré le père de David Ngog et certains de ses amis. J’étais accompagné de Rigobert Song, Team manager des Lions indomptables et de André Nguidjol Nlend, directeur administratif des équipes nationales. Ces échanges étaient empreintes de convivialité. J’en ai rendu compte au ministre qui a été satisfait de cette rencontre. Nous sommes en train de finaliser une autre mission qui me conduira en Angleterre. C’est le même cas pour Benoit Assou-Ekotto. Je pense qu’il n’a pas mis une croix sur la sélection. Les motifs qu’il a soulevés sont en train d’être réglés. J’ose croire qu’il trouvera un écho favorable à son retour en sélection. Dans un avenir plus bref, je vais effectuer cette mission pour le retour d’Assou et l’intégration de David Ngog.
Cette fois sera donc la bonne ?
Vous savez, il faut comprendre ces compatriotes qui n’ont pas grandi au Cameroun. Ils aiment leur pays car ils avaient la possibilité de jouer pour leur pays d’adoption. Mais ils ont pris l’engagement de venir ici. Ils ne peuvent pas accepter un certain nombre de choses. Ils vont jouer pour leur pays. C’est d’ailleurs le lieu ici pour moi de saluer tous ces compatriotes, binationaux ou non, qui ont accepté de jouer pour leur patrie alors qu’ils étaient sollicités ailleurs. Il nous revient tous de bien les accueillir, de les rassurer, de les sécuriser. Ils doivent se sentir chez-eux, soyons professionnels comme eux.
Coach, avez-vous le sentiment que la presse et le public qui vous ont encensé et acclamé au lendemain de votre nomination, vous portent-ils toujours dans leurs cœurs ?
J’affirme sans hésiter que ce public me porte toujours à cœur. Vous savez qu’on ne peut pas faire l’unanimité. L’immense public et la presse me portent à cœur. On ne peut pas s’attarder sur une minorité qui a certainement ses raisons pour critiquer. Je prends en compte ces critiques. Je profite de cet entretien pour dire merci à ce public tant pour le match contre le Cap Vert que contre l’Albanie. Il ne faut pas être naïf sur les rapports entre un entraîneur et le public. Si les résultats ne sont pas là, si l’organisation n’est pas professionnelle, si le groupe ne présente pas une image positive, je dois vous dire que quelle que soit l’image que le public a de vous, il sera critique vis-à-vis de vous. Et il ira même jusqu’à demander votre départ. Il en est de même de la presse. Je ne peux donc pas dormir sur ces marques de confiance et ce soutien. Il est même plus inquiétant car on vous demandera ce que vous avez fait des moyens matériels et humains qu’on a mis à votre disposition. Un entraîneur ne doit jamais se dire que le public qui le soutient est naïf. En clair, je dois refaire une équipe des Lions indomptables compétitive, une équipe crainte et respectée en Afrique et dans le monde. Voilà ce qu’on attend de moi.
Avant votre nomination, on vous savait très proche des médias. Mais depuis quelques temps on a l’impression que vous vous êtes rétracté. Que reprochez-vous à la presse ?
Monsieur Christian Tchapmi, mes rapports avec la presse restent excellents. A preuve je réponds à vos questions. Vous avez demandé une interview exclusive que je vous accorde ici chez moi. Il faut seulement que la presse comprenne que je ne peux pas être disposé et disponible à tout moment. Je ne peux pas non plus parler à tout moment. Il faut me voir au bon moment. Je ne pense pas que je me sois rétracté. Quand on est sélectionneur, il y a tout un programme de sélection. En dehors de ce cadre, je ne pense pas que je vais répondre à toutes les sollicitations. Au sein des Lions, il y a un responsable de la communication qui organise les choses. Il y a certains cas, comme avec vous, qui peuvent pousser le sélectionneur à sortir de sa réserve pour répondre aux préoccupations. Les médias peuvent continuer avec les critiques. Mais je suis investi d’une mission que je dois remplir. Les décisions ne vont pas plaire à tous. Je dois trancher pour satisfaire l’ensemble du peuple à travers la qualité du jeu et les résultats. Et les critiques formulées par certains sont prises comme conseils. Le besoin urgent de tous les Camerounais est d’avoir une équipe compétitive. Et cela nécessite un travail volumineux et de la concentration. Sans oublier que ce travail devrait être vendu aux joueurs d’où toutes ces rencontres. Quand tout ceci sera monté, nous allons communiquer. Pour l’instant, c’est un travail de laboratoire qui nécessite un peu de retenu.
Le Cameroun ne sera pas à la Can sud-africaine en janvier prochain. Vous arrive-t-il parfois d’avoir des remords pour n’avoir pas trouvé la solution miracle pour qualifier les Lions ?
Certainement en tant que sélectionneur et beaucoup plus en tant que Camerounais, ça fait mal. Cela ne nous est pas arrivé depuis des lustres. Après notre désignation, nous savions que c’était difficile. Nous avons essayé de tout faire. Nous avons tout donné sur le terrain mais nous sommes tombés les armes en mains. Nous restons un grand pays de football en Afrique et dans le monde. Absent à la Can deux fois de suite, ça ne peut contenter personne. Le ministre des Sports savait que c’était très difficile. Il a suivi toute cette préparation. Ancien sportif de haut niveau, il sait quand un joueur ou un encadreur ne donne pas le meilleur de lui-même. C’est en homme avisé, qu’il a dit toute sa satisfaction pour cette équipe, 24h après le match. Il a salué, au poste national, le travail abattu par l’encadrement. C’est mon patron s’il n’était pas content, il n’allait pas parler. On s’est vu à plus d’une fois après ce match, il pouvait bien me faire savoir sa déception.
Une fois nommé, vous avez fait de Samuel Eto’o votre capitaine. Est-ce une bonne décision lorsqu’on sait que le brassard qu’il porte depuis 2010 a toujours été à l’origine des tensions au sein de la tanière ?
Ce n’est pas le brassard qu’il porte qui fait problème. Mais c’est ce que certaines personnes veulent faire ou dire du fait que tel ou tel soit capitaine. J’ai fait de Samuel Eto’o capitaine parce que c’est le plus ancien encore en activité au très haut niveau. En plus, son rang mondial devrait le pousser à tirer ses jeunes frères vers le haut. Afin que cette flamme qui existe depuis des générations soit maintenue. Le problème ne se pose pas à l’intérieur de la tanière. Les autres qui sont ses adjoints sont d’une autre génération. Il leur reviendra de maintenir cette flamme à leur tour. Les uns et les autres l’ont bien compris. Cela ne crée plus la moindre tension à ce jour.
On vous accuse d’être aux ordres de Samuel Eto’o qui, dit-on, fait la pluie et le beau temps de cette équipe. Info ou rumeur ?
Je crois que c’est de l’intoxication ; ce sont mes faits et gestes qui donneront réponse à cela. Pour ce qui me concerne, je ne suis pas à ses ordres. C’est incompréhensible que je sois aux ordres d’un subalterne, car ne l’oublions pas, les joueurs ne sont pas loin de là dans l’échelle des valeurs avec l’encadrement technique. Sur un tout autre plan, n’oublions pas que le capitaine est l’interface entre les joueurs et l’encadrement. Il est donc de bon ton qu’on puisse parler avec lui. Cela se passe un peu partout dans le monde sauf à dire que le Cameroun en fait l’exception. Sauf cas exceptionnel, on ne peut pas parler à tous les joueurs de manière individuelle.
Lorsque vous êtes arrivé, vous avez juré de faire régner l’ordre dans cette tanière polluée, notamment en ramenant la paix et la sérénité entre les joueurs et leurs encadreurs. Pensez-vous avoir réussi votre challenge ?
Je pense, comme j’ai eu à le dire, il y’a eu ce que j’ai appelé la nouvelle dynamique. Cela s’incruste progressivement tant du côté des joueurs que des autres membres du staff. Je ne tolérerai rien qui viendrait casser cette dynamique. A Genève, j’ai eu à le leur dire que celui qui brillera par son désordre partira de lui-même. Je l’aiderai à partir. Les gens ont retrouvé depuis ma nomination la vie de famille dans cette équipe. Le capitaine est là pour s’assurer que tout marche selon le règlement intérieur de l’équipe et les prescriptions de l’entraîneur. Nous ne sommes pas loin de notre but.
Aurélien Chedjou n’a pas été retenu dans la liste des 18 Lions devant affronter le Cap-Vert le 14 octobre dernier. Etait-il blessé ou c’était la conséquence logique d’un choix tactique du coach ?
J’ai observé un silence sur cette affaire. Je crois que vous me donnez l’occasion de dire ici ce qui s’est passé. C’est d’ailleurs la première fois que je m’exprime officiellement sur ce sujet. Il revient à un sélectionneur de retenir les joueurs. Ce choix lui est dicté par sa philosophie de jeu. Il n’y a pas de titre foncier dans une équipe. Je peux aligner un joueur qui peut me donner satisfaction sur un match précis. Je dois vous dire que, au cours d’un match d’entraînement, il est sorti parce que le genou était bloqué. Le soir, le médecin m’a fait dire que l’Irm du Centre hospitalier de Yaoundé (Chu) était en panne. Il l’a conduit à Douala. On a constaté qu’il avait l’excès de synovie dans le genou et que cela ne l’empêchait pas de jouer. Mais je ne voulais pas prendre de risque. Je regrette les sorties médiatiques des uns et des autres. Deux jours après le match il m’a appelé pour présenter ses excuses que j’ai acceptées. Je n’en ai pas fait pas cas. Aussi longtemps qu’il sera compétitif, qu’il sera discipliné, il sera sélectionné et aligné en fonction du schéma de jeu et de l’adversaire.
Certains joueurs que vous avez convoqués ces deux derniers mois ne font pas toujours l’unanimité. Quels sont les critères sur lesquels vous vous appuyez pour les convoquer ?
Je crois que je viens de le souligner en filigrane concernant le cas d’Aurélien Chedjou. Aucune liste ne fait l’unanimité. Il y a bien des choses qui peuvent permettre aux uns de croire que l’absence d’un frère, ami ou protégé n’est pas la bienvenue. Mais pour le sélectionneur, plus vous êtes apte et compétitif, mieux ça vaut pour le groupe. La performance en club est déterminante. Nous avons des données qui font que nous avons des détails et nous nous basons sur cela. Nous n’allons pas convoquer tout ce monde performant. C’est comme cela que ça marche. Le sélectionneur espagnol, avec ses compatriotes performants, ne va pas appeler tout le monde. Il y aura toujours des critiques, mais nous regardons la performance en club puisqu’on ne s’entraîne pas en équipe nationale. Nous sommes également très regardants sur la discipline dans la tanière.
Je voudrais vous parler du cas de la France avec mon collègue Aimé Jacquet. En 1994, lorsqu’il est nommé à la tête de l’équipe de France, il a mis de côté Eric Cantona, David Ginola et Jean-Pierre Papin, tous trois joueurs d’exception qui pouvaient évoluer dans n’importe quelle équipe nationale au monde. Il a confié l’équipe aux jeunes : Zidane, Thierry Henri, Djorkaeff et la France a remporté la Coupe du monde de 1998. Vous pouvez donc être un excellent joueur, s’il arrive que vous n’êtes pas discipliné, je ne vous prends pas. Heureusement pour Aurélien Chedjou que ce n’est pas son cas pour le moment.
On dit de vous que vous n’êtes pas l’ami de la Fécafoot parce que par le passé vous n’avez pas été tendre à l’endroit de certains responsables et de leur gestion du football mais surtout parce que l’Etat vous a nommé sans les associer dans sa démarche…
J’ai été désigné à la Direction technique nationale. C’était avec l’aval de la Fécafoot. Il me souvient d’ailleurs que la Fédération était présente à notre installation. C’est donc dire que s’il y avait une opposition, elle allait le faire. De ma désignation comme sélectionneur des Lions, je pense que vous avez reçu le communiqué de la Fécafoot qui a dit mettre à ma disposition tous les moyens nécessaires. Je bénéficie donc du soutien de la Fécafoot depuis ma nomination. D’ailleurs, juste après cette désignation, j’ai eu des séances de travail avec le secrétaire général de la Fécafoot, je ne vous dirai pas de quoi il en a été question.
Pourquoi donc ?
Je peux rassurer vos lecteurs de ce que la Fécafoot a toujours pris toutes les dispositions pour que je travaille dans de bonnes conditions. La polémique est donc dans la tête de certaines personnes. Ecoutez, aucun entraîneur ne peut s’assoir sur le banc de touche d’une sélection s’il n’a pas l’aval de sa Fédération. J’espère que vous avez le communiqué du Comité exécutif de la Fécafoot qui a demandé au président Iya Mohammed de procéder à la nomination des entraîneurs dans toutes les sélections sauf chez les A. Peut-on prendre toutes ces dispositions s’il n’y a pas de sincérité entre nous ? A chacun de voir.
La Fécafoot vient de procéder à la pose de la première pierre de l’immeuble de 2.5 milliards de Fcfa qui abritera désormais ses locaux d’ici la fin de l’année prochaine. Un commentaire ?
Je n’ai pas de commentaire à faire sur cette situation. Je sais que vous étiez à cette cérémonie où le ministre de la République en charge du sport a dit lui-même que cela a reçu l’onction des pouvoirs publics. Moi-même j’y étais convié mais à cause du match de Genève, je n’ai pas pu être là. Lorsqu’on voit la maquette, on ne que peut saluer ce regard futuriste, lui-même soutenu par les pouvoirs publics. Il faut saluer ce qui est fait et demander d’en faire plus si possible…
Aujourd’hui que vous êtes entraîneur des Lions et que vous vivez pratiquement les mêmes réalités sur le terrain et peut-être pire, regrettez-vous d’avoir été très amer avec votre prédécesseur Denis Lavagne ?
Je crois que beaucoup de gens ont créé cette situation dans leur esprit. On a confondu les analyses d’un expert à des critiques. J’ai toujours soutenu mes collègues entraîneurs, mais lorsqu’on doit faire des analyses après un match, on le fait avec froideur et parfois avec cynisme, c’est la loi du milieu. Ceux qui me disent que j’ai été exigeant vis-à-vis de mon collègue ont eux-mêmes fait ces critiques après le match. J’ai été consultant de Vox Africa. C’est dans ce cadre que j’intervenais. On confond ce que je dis froidement à de la critique. Cela ne me perturbe pas lorsqu’on me fait des reproches ; je suis très attentionné par rapport à tout cela. Je ne pense pas qu’un entraîneur peut prendre des décisions pour nuire à son équipe, si tel est le cas, il y a absolument des observations à faire. Toutefois, on fait erreur entre critiquer et faire une analyse technique d’une situation précise.
Quel souvenir gardez-vous de Théophile Abéga qui a été votre coéquipier en club ?
On n’a pas beaucoup été coéquipiers en sélection. Par contre en club, on a fait environ dix ans ensemble. Dans son registre, il a été l’un des plus grands joueurs du monde. Il l’a prouvé sur le terrain. Être capitaine des Lions, capitaine de Canon de Yaoundé, cela se mérite. Je garde de lui le souvenir de quelqu’un de fidèle en amitié. Il avait son cœur sur la main. Lorsqu’il apprenait qu’un joueur de Canon était malade, il apportait sa chaleur. Nous avons perdu quelqu’un de très grand. De sa posture de grand joueur, de dirigeant, il était toujours prêt à apporter sa contribution pour que des solutions soient trouvées. J’ai été très abattu à l’annonce de sa mort alors que je me trouvais en Suisse pour le match amical. Nous porterons encore, pendant beaucoup de temps ce deuil. Bien que loin de l’équipe, il apportait toute sa contribution lorsqu’il était sollicité. On se souvient de sa présence aux côtés des Lions en 2005 lors des éliminatoires de la Coupe du monde de 2006. Il avait fait le voyage d’Abidjan. En 2009, il était à Fès au Maroc pour le dernier match qualificatif pour la Coupe du monde. Et contre le Cap-Vert également, il est venu nous porter son soutien. C’était donc Théophile Abega, cet homme pour qui le Cameroun, les Lions indomptables, le Canon de Yaoundé étaient au-dessus de tout.
Comment entrevoyez-vous l’avenir de l’équipe nationale, aujourd’hui classée 62ème à la bourse des valeurs de la Fifa ?
Je pense que la mission est de remettre l’équipe nationale dans sa vraie valeur au niveau africain et mondial. Mon projet sportif a été déposé à la Fécafoot, au Minsep et à la Primature. J’ai essayé de dégager un certain nombre de chantiers pour que les Lions jouent le rôle qui a toujours été le leur sur le plan mondial. J’ai donné un exemplaire à la presse. Je n’évolue pas au hasard. J’ai intégré dans ce projet les missions qui m’ont été assignées. On sait pourquoi on est 62ème, on sait aussi comment on a fait pour être dans les dix premiers il y a quelques années. L’équipe nationale doit toujours être compétitive.
Entretien avec Christian TCHAPMI