« Toutes les communes attendent une réelle décentralisation qui est, d’abord, financière ». C’est la principale recommandation qui a été faite pendant les deux jours de travaux liés aux assises générales de la commune. Entamées le 6 février au palais des congrès de Yaoundé, ces assises ont fait tomber leurs rideaux au soir du 7 février 2019. C’était en présence de Bello Bouba Maigari, ministre d’Etat, ministre du Tourisme et des Loisirs (Mintoul), qui a présidé la cérémonie de clôture. Mais au terme de ce forum, la première leçon à tirer porte sur la nécessité urgente de l’autonomie financière des communes. Toute chose qui reste encore un leurre !
C’est un dessein collectif que les 360 maires ont formulé. Après l’opérationnalisation de la décentralisation politique et de la décentralisation administrative, les chefs des exécutifs municipaux veulent le passage, à une vitesse supérieure, à l’étape de la décentralisation financière, laquelle reste et demeure une gageure dans l’organisation et le fonctionnement des communes. « Si les caisses ne sont pas liquides, soutient René Kamdoum, maire de la commune de Bamendjou, nous n’avancerons pas. Tout repose sur les finances ». A l’heure actuelle, il y a, néanmoins, une dotation pécuniaire qui s’évalue à 100 millions de Fcfa que le ministère des Finances (Minfi) achemine dans les comptes de l’ensemble des communes. D’après des magistrats municipaux, cette dotation est minime et ne représente même pas 2% du budget de l’Etat lié au fonctionnement des collectivités territoriales décentralisées. C’est pourquoi le Directeur régional pour l’Afrique à l’Onu Habitat, Alioune Badiane, qui a donné la conférence inaugurale des assises, a, singulièrement, exalté d’autres « types idéaux » de la décentralisation, en l’occurrence le « type idéal » sud-africain, dont les pouvoirs publics accordent 52% du budget au Ctd.
Pourtant au Cameroun, au vu du constat des maires, le paradigme de l’Etat central continue de rester la pieuvre, voire la pesanteur à l’éclosion et à l’optimisation du fonctionnement des communes. En effet, c’est à cause de l’Etat central, entrave à la décentralisation, qu’il règne le problème de la survivance de l’unicité des caisses, dont le Minfi a l’apanage. A cause de cet état de choses, l’on note le retard du payement des Centimes additionnels communaux (Cac). Régine Amougou Noma, maire de la commune d’arrondissement de Yaoundé IV, relève, par exemple, qu’en 2018, « sa commune devait percevoir, quatre fois, leurs Cac, mais elle n’en a eu que deux ». « Toute chose chose qui ne devrait plus, explique-t-elle, avoir droit de cité ». C’est le même point de vue que défend Elise Mballa Meka, qui estime que la fiscalité est encore trop centralisée. D’après le maire de la commune d’Akom II, « il est temps que l’on passe à la mise en place effective et accélérée de la décentralisation, c’est-à-dire au transfert des ressources financières et à la mise en place d’une fonction publique locale parce que nous avons essentiellement deux problèmes : l’absence des ressources financières et l’absence des ressources humaines de qualité. La fiscalité est encore trop centralisée. A notre niveau, on n’a que de petites recettes fiscales. Il faut que la fiscalité soit également décentralisée pour que nous puissions augmenter nos ressources financières et apporter le développement à nos populations ».
Par conséquent, le plaidoyer que les 360 maires ont fait à l’issue des assises générales de la commune consiste à demander au ministre de la Décentralisation et du Développement local (Minddevel) et au ministre des Finances (Minfi) de rendre disponibles à temps les Centimes additionnels communaux (Cac), lesquels constituent la sève nourricière des communes.