Il s’agit d’un appareil qui permet une transmission à distance des résultats d’examens aux cardiologues. Une aubaine pour les habitants des zones rurales. L’invention vient d’entamer sa phase de commercialisation, selon son inventeur.
En effet, Cardiopad est en phase pilote depuis 2014. Cette année, l’équipe d’ingénieurs a réussi à assembler une centaine de tablette et se donne le défi d’en produire autant chaque semaine dans les prochains mois et les prochaines années.
Cardiopad est une tablette à apparence ordinaire mais qui peut sauver des vies. Déjà testé au CHU de Yaoundé et dans le petit hôpital de Mbankomo à 25 kilomètres de la capitale camerounaise, le Cardiopad permet à toute personne, même sommairement formée, de mesurer les données physiologiques cardiaques.
En effet, grâce à cette tablette, la fréquence des pulsations ou encore la durée des «intervalles RR» entre deux battements peuvent être calculées, visualisées et enregistrées et simultanément transmises à distance à un cardiologue afin que celui-ci établisse un diagnostic.
Pour les autorités sanitaires du Cameroun, l’invention est particulièrement prometteuse pour le pays qui ne compte que 50 cardiologues pour 20 millions d’habitants.
La tablette est créée par Arthur Zang, un jeune ingénieur de 27 ans, sans moyen propre et en moins de cinq années.
Selon M. Zang, tout a commencé en 2009. Le jeune étudiant en informatique à l’école polytechnique de Yaoundé qui vient de finir ses études est allé faire un stage dans le service de cardiologie du professeur Samuel Kingue. Etonné par l’utilisation, au XXIe siècle, d’électrocardiogramme papier, il propose au professeur de concevoir un logiciel utilisable sur ordinateur.
C’est alors que Artur Zang a commencé à utiliser tous les moyens disponibles gratuitement en ligne pour faire aboutir son projet. Pour se former à l’électronique, condition sine qua none pour adapter son système à une utilisation sur tablette, cet informaticien va suivre pendant un an et à distance les cours d’un Mooc (Massiv Open Online Course) sur le site de l’Indian Institute of technology.
Le jeune camerounais soumet ensuite son idée au concours «Microsoft Imagination Compétition » et a reçu des composants électroniques nécessaires à la construction de la tablette prototype. Pour se faire financer, il filme son projet et le poste sur YouTube. C’est alors que la vidéo est remarquée par le président camerounais Paul Biya «qui me remet officiellement 45 000 dollars pour poursuivre l’aventure ».
En 2014, Arthur Zang bénéficie d’un appui de 48 000 euros de la Fondation Rolex lors des prestigieux Rolex Awards. Vers la fin de la même année, Arthur Zang soumet son projet sur la plate-forme de crowdfunding Indiegogo et obtient 8 800 euros. «C’est moins qu’espéré, mais assez pour lancer le début de la production en Chine», a-t-il expliqué.
L’équipe d’Arthur Zang a bénéficié d’une formation en Chine et en Corée. Elle bénéficie également d’une exonération de frais de douane pour l’importation de 700 kilogrammes de composants électroniques.
Le kit Cardiopad coûte aujourd’hui 2 millions de Fcfa et se vend essentiellement en ligne. Il est composé d’une tablette tactile et de tous les éléments nécessaires à la réalisation d’un examen cardiaque dont le capteur, le câble à multiples entrées, des princes, des électrodes, un clavier, une souris et un panneau solaire permettant de charger la batterie de l’appareil en cas de coupure d’électricité.
Une vingtaine de centre hospitalier avaient déjà commandé la tablette pour améliorer les soins médicaux notamment en milieu rural.
La prochaine vision du jeune camerounais est de concevoir un appareil pour l’échographie des femmes enceintes.