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La CEDEAO en Afrique de l’Ouest : Entre rêve d’intégration et divisions politiques

Depuis sa création en 1975, la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) symbolise l’espoir d’une Afrique de l’Ouest unie, stable et prospère. Son ambition de promouvoir la coopération économique, politique et sociale entre ses membres continue d’être son cheval de bataille quatre décennies après sa création. À ce jour, l’organisation a toujours un rôle prépondérant dans la région, malgré les crises récurrentes et les divisions internes.

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Image d'un sommet des Chefs d'Etats de la CEDEAO (c) Droits réservés

La Communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest a vu le jour en 1975 à Lagos, Nigeria, à la suite de la signature du traité de Lagos par 15 pays ouest-africains : le Bénin, le Burkina Faso, le Cap-Vert, la Côte d’Ivoire, la Gambie, le Ghana, la Guinée, la Guinée-Bissau, le Liberia, le Mali, le Niger, le Nigeria, le Sénégal, la Sierra Leone et le Togo. Plus tard, en 1976, la Mauritanie a rejoint l’organisation avant de se retirer en 2000.

L’objectif principal de la CEDEAO était de créer une communauté économique régionale avec pour ambition de promouvoir l’intégration dans les domaines économiques, monétaires et politiques. Cependant, l’organisation s’est rapidement vue confrontée à une série de défis majeurs, notamment des crises politiques internes et des difficultés économiques dans plusieurs États membres.

Membres
Les drapeaux des membres

Les institutions de la CEDEAO : piliers de l’organisation

L’architecture institutionnelle de la CEDEAO se compose de plusieurs organes ayant chacun des rôles spécifiques dans l’accomplissement de ses missions :

  1. La Conférence des Chefs d’État et de Gouvernement : Il s’agit de l’organe décisionnel suprême de la CEDEAO. Elle se réunit une fois par an pour discuter et adopter des politiques.
  2. Le Conseil des Ministres : Composé des ministres de chaque État membre, il est chargé de mettre en œuvre les décisions de la Conférence et de superviser l’exécution des politiques adoptées.
  3. Le Parlement de la CEDEAO : Un organe consultatif qui donne son avis sur des questions importantes, notamment l’harmonisation des législations dans les pays membres.
  4. La Cour de Justice de la CEDEAO : Cet organe judiciaire permet aux citoyens de la communauté de contester les violations des droits humains dans leur propre pays, apportant une dimension unique à la protection des droits dans la région.
  5. Le Secrétariat Exécutif : Cet organe est chargé de la coordination quotidienne des activités de la CEDEAO.

Les présidents de la CEDEAO : dirigeants qui ont marqué l’histoire de l’organisation

Depuis sa création, plusieurs présidents ouest-africains se sont succédé à la tête de la CEDEAO, chacun avec des objectifs et des défis spécifiques. Parmi eux, certains noms se démarquent pour leurs contributions majeures ou leur leadership dans des périodes de crise :

  • Gnassingbé Eyadéma du Togo (premier président de la CEDEAO en 1977)
  • Olusegun Obasanjo du Nigeria (1979-1980)
  • John Kufuor du Ghana (2003-2005)
  • Goodluck Jonathan du Nigeria (2010-2012)
  • Macky Sall du Sénégal (2022-2023)
Pour approfondir :   Coup d’Etat au Burkina-Faso : L’Union Africaine et la CEDEAO réagissent

Ces dirigeants ont dirigé l’organisation durant des périodes charnières, notamment lors de la transition vers une intégration plus poussée, ou face à des crises politiques majeures dans certains États membres.

La gestion des crises et l’exclusion de certains membres

Au fil des ans, l’Afrique de l’Ouest a été bousculée par des crises politiques internes et des coups d’État qui ont poussé la CEDEAO à prendre des mesures drastiques pour maintenir l’ordre et la stabilité. Les coups d’État militaires au Mali (2020), en Guinée (2021), et au Burkina Faso (2022) ont particulièrement mis à l’épreuve la cohésion de l’organisation. Face à ces événements, la CEDEAO en dépit des contestations et des critiques acerbes, a imposé des sanctions économiques sévères contre ces pays.

L’exclusion non sans controverses des nations supra mentionnées a marqué d’une part, la volonté de la CEDEAO de se positionner fermement contre toute tentative de prise de pouvoir par la force, d’’autre part, ces sanctions ont parfois contribué à aggraver les conditions de vie des populations locales déjà vulnérables. Un état de fait, qui ne favorise malheureusement par la résolution des crises politiques sous-jacentes.

En réaction aux sanctions de l’institution régionale, le Mali, le Burkina Faso, et le Niger ont officiellement en janvier 2024, leur retrait de la CEDEAO. Ils accusent l’organisation de ne pas avoir su répondre aux défis sécuritaires auxquels ils sont confrontés, en particulier la lutte contre le terrorisme dans le Sahel. 

L’intégration économique : progrès et obstacles

L’un des objectifs fondamentaux de la CEDEAO est de créer une union économique complète entre ses membres. Dans cette optique, des initiatives ambitieuses ont vu le jour, notamment la mise en place d’une zone de libre-échange et la proposition d’une monnaie unique, l’Eco. Ce projet de monnaie unique, discuté depuis les années 1980, a pris une nouvelle dimension avec l’annonce en 2019 de son lancement prévu en 2020. Cependant, ce calendrier a été repoussé en raison des désaccords entre les pays membres sur les critères de convergence économique. Les pays francophones, qui utilisent le franc CFA, ont montré une plus grande réticence à abandonner cette monnaie soutenue par la France, tandis que les pays anglophones, menés par le Nigeria, se sont montrés plus ouverts à l’idée de l’Eco. Malgré ces obstacles, la CEDEAO a réussi à mettre en place une Zone de Libre-Échange Continentale (ZLEC), destinée à faciliter les échanges intra-africains et à dynamiser le commerce régional. Cependant, le volume d’échanges commerciaux reste faible en comparaison des autres blocs régionaux africains, un défi que l’organisation doit encore relever.

Pour approfondir :   Voici la proposition du président de Guinée-Bissau contre les coups d'État récurrents en Afrique de l'ouest

Le défi sécuritaire : une lutte contre le terrorisme et les groupes armés

La sécurité est l’un des premiers défis de la CEDEAO. La région de l’Afrqiue de l’ouest continue de faire face à des menaces croissantes de groupes terroristes, en particulier dans le Sahel, où des factions armées liées à Al-Qaïda et à l’État islamique sèment la terreur. Cette instabilité a poussé la CEDEAO à renforcer la coopération entre ses membres dans la lutte contre le terrorisme, à travers la mise en place de forces conjointes et d’un partage accru des renseignements. Les questions politiques internes constituent également une épine dans le pied de l’organisation. 2024. C’est entre autres pour répondre eux-mêmes aux  problématiques sécuritaires de leurs pays que le Mali, le Burkina Faso, et le Niger ont quitté la CEDEAO pour créer l’Alliance des Etats du Sahel (AES).

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Manifestations pro AES

La CEDEAO, entre espoir et réalités

La CEDEAO reste nonobstant d’innombrables difficultés, un acteur incontournable dans l’avenir de l’Afrique de l’Ouest. Son rôle dans la promotion de la coopération économique, l’intégration régionale, montre une volonté de créer une Afrique de l’Ouest plus unie et prospère. Cependant, la route reste semée d’embûches. L’organisation doit relever des défis multiples à l’instar des divergences politiques, la résurgence des coups d’État militaires, les menaces sécuritaires et la sempiternelle question de mise sur pied d’une monnaie commune pour enfin garantir une autonomie financière aux pays membres.


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