L’ambassadeur de France au Cameroun, Christophe Guilhou l’a déploré le 24 juin 2021 devant les étudiants de l’Institut des relations internationales du Cameroun (Iric), dans le cadre d’un concept baptisé « Forum diplomatique »
« La part de marché des entreprises françaises au Cameroun est passée de 40% dans les années 1990 à 10% aujourd’hui », soit total 30% des parts de marché au Cameroun perdues au cours des 30 dernières années, a confié le diplomate français.
Ainsi, le dernier affront subit par une entreprise française au Cameroun est le retrait de la gestion du terminal à conteneurs du port de Douala, dans la capitale économique, au consortium franco-danois Bolloré-Maersk.
Bien que l’affaire joue les prolongations devant les juridictions nationales et internationales, la perte de la concession du terminal à conteneurs du port de Douala, l’une des plus grandes du groupe Bolloré dans le golfe de Guinée, a fragilisé le logisticien français au Cameroun.
Selon un document de la présidence de la République, qui cite les données de la Conférence des Nations unies pour le commerce et le développement (Cnuced) « Entre 2000 et 2014, le Cameroun a capté 2750 milliards de FCFA d’investissements directs étrangers (IDE), dont 1850 milliards de FCFA provenant de la Chine. Ce qui représente environ 67% des IDE entrant au Cameroun (…) Les autres IDE provenaient des pays tels que la France, les États-Unis, le Nigéria ».
En effet, depuis les années 2000, l’Empire du Milieu rafle pratiquement tous les contrats d’infrastructures au Cameroun. Cette prédominance s’est décuplée en 2012, à la faveur du lancement des projets structurants de première génération (ponts, routes, barrages, etc.). Tractées par Eximbank China, la banque publique chinoise, dont les financements sont liés (chaque prêt-projet est accompagné du nom de l’entreprise devant exécuter le contrat), les entreprises chinoises sont toujours en pole position. Il s’agit principalement de CCCC, CWE, CHEC, Sinohydro… dans les infrastructures ; Huawei et ZTE dans les télécoms…
Au plan commercial, la situation n’est guère plus reluisante pour les partenaires français. Destination de 23,9% des exportations, l’Empire du Milieu est le principal client du Cameroun en 2018, selon l’Institut national de la statistique (INS).
Le pays le plus peuplé du monde est suivi par l’Italie (14,7%), les Pays-Bas (6,4%) et la France est reléguée au 4e rang avec 6,3%. En matière d’importations, la Chine est encore le principal fournisseur du Cameroun en 2018 avec 18,5% des livraisons contre 8,3% pour la France, 5,6% pour le Nigeria et 4,8% pour les Pays-Bas, révèlent les données de l’INS.