in

La double nationalité au Cameroun : le double jeu de l’Etat

Ndedi Eyangoo

Au Cameroun, alors que certains de nos dirigeants possèdent une double nationalité, et ne sont pas inquiétés dans la gestion des affaires, on constate une interdiction formelle à des artistes camerounais d’accéder aux hautes fonctions dans les sociétés de gestion de droit d’auteur et droit voisin sous prétexte qu’ils ont la double nationalité. Quand le Cameroun ne joue pas franc jeu avec tous ses enfants. Analyse.


Ndedi Eyangoo
Ndedi Eyango, qui ne peut plus postuler à la tête d’un organe de gestion des droits d’auteur et des droits voisins, à cause de son autre nationalité américaine

Jeudi, 22 septembre 2016, le premier ministre, chef du gouvernement, Philémon Yang a signé un arrêté modifiant et complétant certaines dispositions de l’arrêté du 28 mars 2016 fixant les dispositions communes applicables aux statuts, règlements généraux et codes électoraux des organismes de gestion collective du droit d’auteur et des droits voisins. La nouvelle attraction de cet arrêté est le refus à certains acteurs de l’art musical possédant la double nationalité l’accès aux fonctions des organes dirigeants. L’article 14 nouveau stipule que : « sans préjudice des dispositions des articles 5 et 6 du présent arrêté, tout titulaire de droit, candidat aux fonctions au sein des organes dirigeants des organismes de gestion collective, doit être de nationalité camerounaise. » Pendant que la constitution du Cameroun n’autorise pas encore la double nationalité, comment comprendre que certains compatriotes de notoriété publique, titulaires de la double nationalité sont à des postes de responsabilité, d’autres sont désormais frappés d’interdiction d’accéder à certaines responsabilités. C’est le cas désormais de Prince Ndedi Eyango, pour ne prendre que cet exemple qui ne peut plus postuler à la tête d’un organe de gestion collective du droit d’auteur et des droits voisins, à cause de son autre nationalité américaine. Il convient de rappeler à toute fin utile que la nuit du 23 au 24 novembre 2013, il avait été élu par ses pairs au poste de PCA de la Socam. Quelques jours après, son élection a été également contestée par ses pairs, sous prétexte qu’il était détenteur de la nationalité américaine.

Pour approfondir :   Sismondi Barlev Bidjocka : « Plus de 50% des jeunes filles camerounaise en occident sont des prostituées du vrac et rarement de luxe »

C’est qu’à travers  cette mise à l’écart, l’Etat du Cameroun veut protéger la souveraineté nationale et la nationalité camerounaise, mais il y a lieu de constater que ce même Etat pratique une protection de la nationalité à double vitesse, à géométrie variable. Aujourd’hui, au 21ème siècle avec le phénomène de globalisation et de mondialisation qui fait du monde un village planétaire, la question de citoyenneté dépasse le seul cadre des frontières nationales terrestre. Et il semble que les pays ne devraient plus être aussi radicaux sur la question de la nationalité. La plupart des dirigeants des pays développés aujourd’hui, n’ont pas la nationalité totale, beaucoup ont une nationalité partielle. Même la France que nous aimons singer tant reconnait ses autres enfants qui ont d’autres nationalités. D’ailleurs, ils accueillent d’autres hommes brillants pour contribuer au rayonnement de la France et les nôtres en font partis. Pas besoin de les citer nous les connaissons presque par cœur. Pour rester dans le cas camerounais, ce n’est pas pour autant qu’on a acquis une autre nationalité, qu’on cesse d’être camerounais. D’ailleurs ces compatriotes séjournent régulièrement au pays et ont leurs intérêts ici sur place. Ils ont leur cordon ombilical au pays et se sentent beaucoup plus camerounais, qu’américain, français, belge etc. bien plus, ces camerounais font d’avantage la fierté du Cameroun au plan international et brandissent toujours leur appartenance à la nation camerounaise. La raison pour laquelle les camerounais signent d’autres nationalités est beaucoup plus économique, dans le but d’émerger dans le pays d’accueil et trouver une place au soleil. Ils ont certes la tête ailleurs, mais les pieds sont enracinés au pays. Il semble que ce pays ne connait pas encore son rayonnement en termes de développement à cause de certains camerounais qui n’ont pas la double nationalité.

Pour approfondir :   Ndédi Eyango démissionne de la SONACAM

Pour que le Cameroun atteigne réellement ses objectifs d’émergence à l’horizon 2035, il devrait faire avec tous ses enfants et n’exclure personne. Ils sont nombreux dans la diaspora qui malgré leur double nationalité ont une seule envie participer au développement. Pour paraphraser une maxime sociale très connue, on ne corrige pas l’enfant en le chassant de la maison, plutôt en le ramenant à la maison. Le Cameroun doit ramener tous ses enfants à la maison et ne rejeter aucun.


Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Tikeng

ENQUÊTES : Ces Managers de musiciens africains

Pia

Plus de 50 millions de FCFA en jeu pour le Prix de l’Innovation pour l’Afrique – [ Appel à candidatures ]