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La mort de Victor Ayissi Mvodo, ami et ancien camarade du chef de l’Etat

Ayissi Victor Mvodo

Personnalité politique et ancien ministre Camerounais dont la mémoire tend à être occultée, Victor Ayissi Mvodo a côtoyé les cimes du pouvoir et aspirait fortement à diriger le Cameroun. Mal lui en a pris, il s’est brûlé les ailes et a été éjecté de la scène politique par Paul Biya son ancien camarade de classe au Cameroun et en France. L’écrivain Arol Ketch nous présente le contexte historique de sa mort toutes fois qu’il n’apporte pas une réponse claire au sujet de son décès souvent vu comme du ressort du secret défense.

 

Ayissi Victor Mvodo
Victor Ayissi Mvodo (c) Droits Reservés

Ayissi Mvodo se rend en France en 1956 où il est admis au Lycée Louis le Grand en vue de la préparation au concours d’entrée à l’ENFOM, section Magistrature. En 1960, il obtient la Licence en Droit à l’université de Paris et le diplôme du Centre National Français d’études Judiciaires. Pendant son cursus parisien, il va côtoyer un certain « Paul Biya » qu’il n’admire pas particulièrement ; et pourtant ils étaient amis dans l’enfance. Ayissi Mvodo, le trouve « mou, hypocrite, fourbe, ingrat, timoré et sans ambitions ».

A son retour au Cameroun après ses études, Ayissi Mvodo est intégré dans la Magistrature en 1961 où il servira tour à tour comme substitut général auprès de la cour d’appel de Yaoundé, procureur de la République près du tribunal de Douala. Le 14 octobre 1963, il est détaché au tribunal International du Travail à Genève où il servira de 1963 à 1967 en qualité de fonctionnaire international de 1ere catégorie (BIT).

En juillet 1967, il rentre au Cameroun sur demande du gouvernement Camerounais et est nommé Secrétaire général au ministère du travail et des lois Sociales, en juin 1969 il devient secrétaire général à la Présidence de la République Fédérale du Cameroun avec rang de Ministre Adjoint. Quelques mois plus tard, il est nommé Ministre chargé de Mission à la Présidence de la République fédérale, puis ministre de l’Administration Territoriale du 30 juin 1975 au 18 juin 1983. Il est prédestiné alors à un brillant avenir.

Depuis leurs années d’école en France, Ayissi Mvodo très sanguin n’aimait pas Paul Biya. Et la détestation va se poursuivre à l’intérieur du gouvernement. En 1975, Mvodo va assener une violente gifle à Paul Biya dans le bureau du Président Ahmadou Ahidjo. Il fallut venir l’arrêter pour qu’il ne rudoyât pas Paul Biya. Ayissi n’aimait pas Paul Biya et ne le cachait pas. Lorsque les langues se délieront, les historiens  donneront certainement les raisons de cette détestation.

En 1968, Ayissi s’opposa énergiquement à la nomination de Biya au secrétariat général de la présidence de la République alléguant que Biya était un ex-disciple d’André Marie Mbida. Quand Biya fut nommé 1er ministre et se trouva à un pas de la magistrature suprême, l’hystérie d’Ayissi devint totale. En effet, Ayissi Mvodo avait des ambitions politiques et se rêvait en successeur d’Ahidjo à la tête du pays. Il était convaincu qu’il était l’homme le mieux disposé à remplacer Ahidjo.

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Photo de groupe (c) Droits Reservés

L’accession à la magistrature suprême du chef de l’Etat

En novembre 1982, lorsqu’il apprend que le président Ahmadou Ahidjo a décidé de quitter le pouvoir et confie les rênes du pays à Paul Biya, Ayissi Mvodo va pleurer à chaudes larmes et va immédiatement constituer une forte délégation pour aller rencontrer Ahmadou Ahidjo et le dissuader de renoncer au pouvoir ; et si même il renonçait, il était préférable selon lui de confier le pouvoir à quelqu’un d’autre que Paul Biya. Samuel Eboua qui fait partie de cette délégation est du même avis, il propose à Ahidjo de s’absenter le temps qu’il faut pour se soigner et revenir. Malgré les insistances et persistances d’Ayissi Mvodo et de Samuel Eboua, Ahidjo ne revint pas sur sa décision. Ayissi Mvodo et Samuel Eboua étaient en réalité les dauphins putatifs d’Ahidjo ; et connaissant Paul Biya, il le trouvait incapable d’assurer la relève et de gouverner valeureusement le Cameroun.

Quelques mois après son arrivée au pouvoir Paul Biya limoge, son « ennemi intime » Ayissi Mvodo. Le torchon brûle entre les deux hommes et les caciques du régime interviennent pour mettre en place une accalmie. Ayissi Mvodo accepte de faire profil bas. Il se retire dignement. Il est écarté des sphères du pouvoir ; Le 14 septembre 1985, il est nommé PCA de la SNI. Il prend sa retraite le 1er septembre 1988 mais vit dans la rancœur.

Voyant la situation de délitement du pays à travers les opérations de villes mortes, la crise économique, il caresse en privé le désir de renverser Paul Biya et cherche des soutiens. Il va voir le sinistre Fochivé et lui dit ceci (confère Les Révélations de Jean Fochivé) :

« Je parle de la vraie nature de Biya que je constate demeurer le seul à connaitre. Ce gars est un hypocrite et un ingrat. D’après les informations qui me parviennent, il serait en train de mettre sur pied, un des régimes les plus sanguinaires qu’aucun pays d’Afrique n’aurait jamais connu. Biya s’est servi de l’argent du peuple et de son pouvoir pour réduire les chefferies traditionnelles en des simples centres auxiliaires d’une administration dont il est le Dieu vénéré. Le pire, ce qui lui garantira une longévité qui fera date dans l’histoire des dictatures africaines […] le tribalisme dans ce pays a atteint un niveau jamais imaginé. Les minorités et les majorités exclues accumulent des rancœurs qui, le jour où s’imposera l’alternance naturelle, exploseront et nous, les Beti, regretteront d’avoir connu Biya. Va donc voir dans le pays béti profond comment les gens souffrent ».

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 Victor Ayissi affirme aussi que Biya, après une séance de psychanalyse d’un expert occidental a été déclaré à la limite de la schizophrénie et c’est à cause d’une de ces crises régulières qu’il ne fut pas à l’aéroport pour accueillir le Président Nelson Mandela lors du sommet de l’OUA à Yaoundé (confère Les révélations de Jean Fochivé).FB_IMG_1587260186203.jpg

La course à la présidence aux élections de 1997

 A l’approche de l’élection présidentielle de 1997, Paul Biya subit le plus grand affront jamais observée au sein du RDPC ; Titus Edzoa démissionne de son poste de ministre de la santé pour poser sa candidature à l’élection présidentielle de 1997. De l’autre côté Victor Ayissi Mvodo, s’était déjà déclaré candidat à l’élection. Fait inédit, il réussit à obtenir le soutien de l’élite et des populations BETI. Il a des soutiens auprès des Ewondo, des Etenga, des Etons. De plus des dignitaires du Nord Cameroun nostalgiques d’Ahidjo lui apportent son soutien.

 En l’espace de quelques semaines une foudroyante maladie va avoir raison de celui qui a une fois de plus osé défier Paul Biya. Il décède en juin 1997 à quelques mois des élections présidentielles dans un hôpital à Paris. Les élites Beti qui sont au courant de ce qui s’est passé, appelle au calme pour éviter une guerre fratricide. Lors des obsèques d’Ayissi Mvodo, un notable béti somme aux siens d’arrêter le massacre, de se ressaisir et de s’assagir. Ce dernier sera tout simplement interpelé par la police. Ayissi Mvodo sorti de la course, il faut à présent contrecarrer Titus Edzoa.

Le 3 juillet 1997 Titus Edzoa et son directeur de campagne Michel Thierry Atangana sont arrêtés pour détournement de fonds publics. Les deux adversaires de Paul Biya, le Sphinx sont désormais éliminés de la course au pouvoir.

Paul Biya a réussi à maintenir le parti uni, il a réussi à contrecarrer les divisions au sein du grand groupe Ekang-Beti. Face à une opposition émiettée et dispersée, il peut tranquillement aller aux élections. En effet, les principaux adversaires de Paul Biya à ces élections étaient à l’intérieur du régime. Les principaux partis d’opposition ayant boycotté le scrutin, Paul Biya est très largement réélu : 92,57 %.

Ces récits confirme une fois de plus sa réponse donnée à un journaliste au sujet sa longétivité au pouvoir lors de la visite du président français Francois Hollande au Cameroun : « Ne dure pas au pouvoir qui veut mais qui peut ».


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