Martinez Zogo, le deuxième anniversaire tragique de l’enlèvement et de l’assassinat du journaliste d’investigation a eu lieu le 17 janvier dernier. Une commémoration qui plonge dans une affaire qui rappelle l’impunité et les défaillances du système judiciaire et qui n’a toujours pas trouvé de dénouement. Le 17 janvier 2023, Martinez Zogo, alors en pleine enquête sur des malversations financières impliquant des personnalités influentes, a été enlevé par des agents du contre-espionnage camerounais. Cinq jours plus tard, son corps en décomposition avancée a été retrouvé à Ebogo 3, dans une banlieue de Yaoundé, marquant le début d’une affaire judiciaire aux multiples rebondissements.
Les investigations ont rapidement pointé du doigt des personnalités influentes, notamment des membres des services de renseignement. Les noms de Maxime Eko Eko, ancien directeur de la DGRE, et d’Amougou Belinga, homme d’affaires controversé, ont été cités à plusieurs reprises. Ces révélations ont renforcé les soupçons d’un assassinat commandité, visant à faire taire une voix critique à l’égard du pouvoir.
Une justice aux ordres ?
Malgré les preuves accablantes et la pression de l’opinion publique, le cours de la justice semble entravé. Les multiples rebondissements de l’enquête, les tentatives de libération de certains suspects et les lenteurs procédurales alimentent les doutes sur l’indépendance de la justice camerounaise.
Pendant ce temps, le corps de Martinez Zogo reste sous scellé à la morgue de l’Hôpital Central de Yaoundé, empêchant sa famille d’organiser ses funérailles et de faire son deuil. Sa veuve et ses enfants, plongés dans la précarité, vivent dans l’incertitude et le dénuement, abandonnés par un État qui refuse de reconnaître sa responsabilité dans ce crime.
Les assassins sont connus
Deux ans après les faits, de nombreuses questions restent en suspens : qui a réellement ordonné l’assassinat de Martinez Zogo ? Quels sont les véritables mobiles de ce crime ? Pourra-t-on un jour connaître toute la vérité ? Invité ce dimanche sur le plateau de l’émission Libre Expression sur Info Tv, Abel Elimbi Lobe l’a martelé : « Ceux qui sont accusés d’avoir tué Martinez Zogo sont connus. Ce qui intéresse dès lors les Camerounais est de savoir qui sont les commanditaires dans cette affaire ».
Pour l’homme lui, l’affaire Martinez Zogo est devenue un symbole de la lutte pour la justice et la liberté de la presse au Cameroun. L’affaire met à nu, les défaillances de l’État de droit au Cameroun et l’impunité dont jouissent certains cercles du pouvoir.