Après six mois de sensibilisation, les autorités passent à la répression. Des sanctions ont déjà été infligées à certaines entreprises qui emploient des travailleurs étrangers en situation irrégulière, et le gouvernement intensifie maintenant ses mesures. « À partir du mois de juin, il y aura des expulsions effectives des expatriés en situation irrégulière de leurs lieux de travail », déclare Jeanine Ngo’o Eba, directrice de la régulation de la main-d’œuvre au ministère de l’Emploi et de la Formation professionnelle, dans une interview accordée au Cameroon Tribune. Pour atteindre cet objectif, les autorités prévoient de recenser toutes les entreprises qui emploient du personnel étranger, localité par localité. Une mission interministérielle composée de responsables du ministère de l’Emploi et de la Formation professionnelle, du ministère des Finances, de la Délégation générale à la Sureté nationale et du ministère du Travail a dressé un bilan à la suite d’un travail de terrain.
Des milliers de travailleurs clandestins au Cameroun
Ce bilan confirme que sur les 10 000 travailleurs étrangers présents au Cameroun, seuls 4 000 sont en situation régulière (40%), tandis que 6 000 se trouvent en situation irrégulière (60%). A titre d’exemple, parmi une vingtaine d’entreprises visitées à Yaoundé, seulement deux d’entre elles ont des expatriés en situation régulière, ayant obtenu l’autorisation du ministère de l’Emploi et de la Formation professionnelle pour exercer une activité professionnelle au Cameroun. La situation est potentiellement plus préoccupante à Douala, où le nombre d’entreprises est plus important, notamment avec des projets à capitaux étrangers. Il convient de souligner que l’emploi clandestin de travailleurs étrangers dans divers secteurs tels que le bâtiment et les travaux publics, le commerce et l’exploitation forestière, au détriment des travailleurs locaux, est souvent justifié par le présumé manque d’expertise.
Cet état de choses, contribue à accroître le taux de chômage au Cameroun au fil des ans, car le respect des quotas n’est pas toujours assuré. Selon la Banque africaine de développement, le taux de chômage au Cameroun est passé de 3,4% en 2020 à 6,1% en 2021, soit une augmentation de 2,2% en glissement annuel. Cependant, le départ de ces travailleurs étrangers en cas de non-régularisation de leur situation pourrait perturber la progression des travaux. Le ministère de l’Emploi et de la Formation professionnelle redoute les « inconvénients préjudiciables au fonctionnement des entreprises et à l’exécution des grands projets d’investissement publics et privés » qui pourraient résulter de l’expulsion des travailleurs en situation irrégulière de leurs lieux de travail.