Les faits se sont déroulés le 1er février 2022, dans la capitale régionale du Nord. Au centre du drame, le tout nouveau lamido de la ville, El Rachidine.
En effet, apprend-on, dame Mairamou, mère de l’enfant « demande à son fils qui dormait, d’aller répondre à la convocation de son oncle le Lamido, le fiston refuse et c’est ainsi que le Lamido envoie ses sbires et Dougourous de le prendre de force à Laindé. El Rachidine va alors enfermer le jeune élève au lamida, le privant d’école, alors qu’il est titulaire du probatoire. A la place, c’est la bastonnade qui aura droit de cité aux moyens de fouet et à l’eau à l’image d’un prisonnier de guerre que l’on interroge afin d’obtenir des renseignements jugés secrets d’Etat. Un traitement inhumain d’une brutalité inouïe qui coutera la vie au jeune homme au bout de 24 heures, de torture d’une intensité insoupçonnable », nous raconte une source anonyme à Garoua.
Pris de panique, poursuit notre informateur, le lamido va procéder au lavage mortuaire et demander de ramener la dépouille à Laindé chez sa famille et inviter les imams du coin dans l’idée d’enterrer le défunt juste après la prière de 5 heures du matin. Or la tradition demande d’attendre le lever du soleil avant de procéder à ce genre de rituel. Malheureusement l’information va fuiter, certainement par quelqu’un visiblement incapable de supporter cette machination sordide. C’est ainsi que les services de renseignements vont se mettre en branle, la dépouille ayant déjà été mise sous terre à 7 heures au cimetière de Djamboutou.
Très rapidement le gouverneur de la région du Nord sera interpellé par Yaoundé sur le sujet. Il demandera au préfet de vérifier les faits sur le terrain, le procureur de la ville accompagné du préfet de la Benoué et des services de force de l’ordre, sera également mobilisé pour la descente et le corps sera exhumé aux environs de 16 heures et ramené à la morgue. Un moment douloureux et insoutenable pour le public présent car le corps sans vie du jeune homme présentait des déchirures, le sang avait coulé des narines, des oreilles etc. bref, l’on avait plus besoin d’une autopsie, tant les sévices corporels parlaient d’elles-mêmes.
Une enquête est ouverte à l’effet de faire toute la lumière sur ce drame qui jette l’effroi sur toute la population de Garoua et tous ceux qui étaient présents à cette cérémonie d’enterrement en catimini seront interpellés et interrogés. Le lamidat devra donc être scellé et le roi El Rachiddine fils de feu Yerima Souleymanou dont pour des raisons que nous reviendrons dans nos prochains articles) sera obligé d’élire domicile dans sa résidence personnelle ou pour sa propre sécurite à la légion de la gendarmerie de Garoua.
Outrée et désabusée par ce comportement indigne d’un rassembleur, les populations entendent prendre d’assaut la résidence du Lamido à l’effet de lui demander des comptes.
Aux dernières nouvelles, il se murmure que le Lamido de Garoua sur instruction du procureur de la République aurait été appréhendé par les éléments de la gendarmerie et serait entre les mains des forces de l’ordre à la Légion.
Selon les témoignages recueillis, les dernières paroles de son fils trainé de force étaient de dire Adieu à sa mère, comme s’il pressentait sa mort proche, car ce n’était pas la première fois qu’il subissait les foudres de son oncle, bien avant même que ce dernier n’accède au trône.
Et pour cause, le Lamido nourrissait une jalousie maladive sans pareille contre ce neveu brillant et très intelligent qui ne manquait pas une occasion de lui poser des questions pièges, toujours axées sur la culture générale.