À la suite de la publication par le journal Le Calame, d’une enquete exclusive sur les pratiques d’homosexualité entretenues au sein de la prison centrale de Yoko, impliquant des hautes responsables du pénitencier, le Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC) condamne et appelle le gouvernement à prendre ses responsabilités.
Lebledparle.com vous propose l’intégralité du communiqué du MRC, publié le 30 aout 2021
Dans son édition Nº 005 du 11 au 18 août 2021, le journal Le Calame révèle entre autres abus, des pratiques homosexuelles forcées exercées par le régisseur de la prison de YOKO sur certains détenus dont les nommés Amadou âgé de 24 ans et Alim Garga en contrepartie d’un meilleur traitement ou de leur libération.
A ces actes odieux, s’ajoutent des cas de rançonnement des détenus pour leur remise en liberté alors qu’ils ont totalement purgé leur peine ou bénéficié d’une décision de remise en liberté.
Le témoignage du nommé Amadou dont un extrait est publié dans le journal donne froid au dos.
Parlant dudit régisseur, AMADOU déclare « Il est à l’origine de mes souffrances…quand j’étais arrivé dans cette prison, j’étais comme son protégé. Il me commissionnait régulièrement et je bénéficiais de certaines faveurs de lui. Après le Décret du chef de l’Etat portant remise des peines je devais être libéré dans les plus brefs délais comme certains dans d’autres prisons du pays. Moi je ne m’étais pas acquitté de ma caution de détenu mais j’avais tout de même fait une avance de cette obligation. Le régisseur m’a proposé de coucher avec lui si je voulais être libéré sans solder mes obligations financières j’ai accepté… je l’ai fait… quand j’ai commencé à revendiquer soit la restitution de mon argent avancé, soit ma libération, le régisseur MEPOUI David Ezé a durcit mes conditions de détention…. Aujourd’hui, je suis un homme fini, je n’ai plus rien à perdre donc rien à craindre j’ai décidé de parler, car tout peut m’arriver à tout moment ».
Le même journal révèle que le détenu ALIM GARGA a trompé la vigilance des gardiens pour s’évader « après une longue séance de sodomie dans les appartements du régisseur situés au-dessus de la prison ».
Selon le journal Le Calame, le nommé Mepoui David Ezé mis en cause par ces détenus a été approché par cet organe de presse, mais a nié les accusations portées contre lui.
Qu’à cela ne tienne, au regard des faits dont on ne peut croire qu’ils ont été inventés, le MRC :
– Condamne fermement le comportement inacceptable du sieur Mepoui David Ezé régisseur de la prison de YOKO envers les détenus de cette prison et exprime sa sympathie à l’endroit des victimes notamment les nommés Amadou et Alim Garga
– Déplore le fait que sous le nez et la barbe des autorités de tutelle de l’administration pénitentiaire, ainsi que des autorités judiciaires, les détenus et autres personnes incarcérées dans les prisons camerounaises soient l’objet de multiples tortures et autres traitements inhumains et dégradants, alors que le Cameroun est partie à la convention portant Ensemble des Règles Minima des Nations Unies pour le Traitement des Détenus ( NELSON MANDELA RULES), dont la règle 1 dispose que « tous les détenus sont traités avec le respect dû à la dignité et à la valeur inhérente à la personne humaine » étant entendu que dans le même sens, le Pacte International Relatif aux Droits Civils et Politiques dispose que « toute personne privée de sa liberté est traitée avec humanité et avec respect de la dignité inhérente à la personne humaine ».
– Rappelle aux autorités judiciaires compétentes que « nul n’est au-dessus de la loi » et que le Code de Procédure Pénale prévoyant que le Procureur de la République est saisi par voie de dénonciation ou par voie de plainte, une enquête pénale doit être ouverte contre le nommé MEPOUI David Ezé ainsi que tout autre coauteur ou complice pour les faits dénoncés, suivie le cas échéant d’un procès équitable.
– Invite l’Etat du Cameroun à prendre les mesures nécessaires pour assurer un suivi médical et psychologique adéquats aux sieurs AMADOU et ALIM GARGA.
Fait à Yaoundé le 30 Août 2021
Le Secrétaire National Délégué chargé des Droits de l’Homme et de la Gouvernance.
Maître Désiré SIKATI (Avocat)