Les foules qui s’organisent pour aller manifester pour la libération du président Laurent Gbagbo à La Haye le 18 juin prochain pourraient ne pas retourner entièrement déçues.
Selon la plus récente édition du confidentiel français La Lettre du Continent, «tout laisse à penser que l’ancien président ivoirien pourrait bénéficier d’une « remise en liberté provisoire conditionnelle »».
D’après le confidentiel parisien, cette hypothèse fait, depuis quelques semaines, l’objet de discrètes tractations entre le bureau du procureur sortant, Luis Moreno-Ocampo, les autorités ivoiriennes, plusieurs gouvernements africains et de hauts responsables onusiens.
Si cette demande aboutissait, affirme le confidentiel de la rue Montmartre, Laurent Gbagbo s’envolerait aussitôt pour l’Ouganda, où le président Yoweri Museveni aurait offert de l’accueillir, en attendant son éventuel retour à La Haye pour le procès proprement dit – on se souvient que le président ougandais fut des rares chefs d’État à avoir clairement condamné l’offensive militaire colonialiste de la France en Côte d’Ivoire sous couvert de l’élection présidentielle.
Épais document
La Lettre du Continent révèle du reste l’épais document de la défense, argumenté de 79 pages, complété par 52 annexes (dont 37 notes confidentielles). Me Emmanuel Altit, conseil de Laurent Gbagbo, l’a déposé le 24 mai devant les trois magistrats de la chambre préliminaire 1 de la Cour pénale internationale (CPI), à La Haye. L’avocat français demande à la présidente de la chambre, Silvia Fernández de Gurmendi, et à ses deux assesseurs, Hans-Peter Kaul et Christine Van den Wyngaert, de déclarer la CPI incompétente à juger l’ex-président ivoirien en raison, notamment, de nombreux vices de procédure ayant précédé le transfert de son client à La Haye, le 29 novembre 2011.
De son côté, le procureur argentin travaille désormais d’arrache-pied, de concert avec les autorités ivoiriennes, notamment les ténors de l’ancienne rébellion FRCI, pour documenter davantage son réquisitoire contre le Président Gbagbo afin de confirmer les charges qu’il a initiées contre lui et obtenir qu’il soit définitivement inculpé par la Cour.
Ce recours intervient donc trois semaines avant l’audience de cinq jours (du 18 au 22 juin) au cours de laquelle la CPI devrait confirmer à Laurent Gbagbo les charges pesant contre lui.
Cette évolution intervient dans un contexte marqué en Côte d’Ivoire par l’arrestation à subite à Lomé au Togo ainsi que l’extradition mercredi dernier en Côte d’Ivoire de l’ancien ministre de la défense du régime Gbagbo, Moise Lida Kouassi, avec le concours des autorités togolaises. Une opération qui en dit long sur une «réconciliation» que la France notamment pensait qu’elle serait aussi rapide et facile que leurs bombardements à Abidjan.
Guy Labertit à La Haye
En attendant, souligne La Lettre du Continent, Laurent Gbagbo a fêté en toute simplicité son 67e anniversaire le 31 mai, à l’intérieur de la Penitentiaire Inrichtingen Haaglanden, la prison néerlandaise où il est détenu depuis sept mois. Il était entouré, pour l’occasion, de quelques proches, parmi lesquels son ami socialiste français Guy Labertit, qu’il recevait au centre pénitentiaire pour la quatrième fois. Le petit cercle a arrosé l’événement avec du chocolat chaud et des sodas (Fanta) que les intéressés se sont procurés (1 € la boisson) au distributeur automatique de la maison d’arrêt.
Seul bémol : sans qu’on n’en connaisse les motivations exactes, indique la LC, une note de service interdit dorénavant à l’ancien président ivoirien de recevoir de l’extérieur des livres et des vêtements. Seul son courrier personnel lui est transmis, après les vérifications d’usage.
Jean-Marc Soboth