Après le Tribunal de première instance, nous voici à Nkondengui !
Prison centrale de Yaoundé, cette après-midi. Nous attendons Patrice au bord de la route. Nganang qui tarde à sortir, alors que, comme nous dit son avocat, le très Maître Simh, le gouvernement a déjà acheté son billet d’avon pour l’expulser au vol de 14 heures, de Nsimalen, en direction des Etats-Unis d’Amérique!
Une voiture blanche, classe ! Appartenant à la police camerounaise approche. Elle gare de l’autre côté de la route. Un motard de la police approche. Il gare devant la voiture blanche. Nous attendons Nganang qui ne sort pas. On apprendra par la suite que la carte de séjour de son beau-père est retenue par la police, et que Patrice refuse de sortir tant qu’on ne lui remet pas ladite carte.
Maître Simh négocie. Au bord de la route, le régisseur de la Prison Centrale de Yaoundé dirige lui-même la circulation. Bientôt il n’y a plus de place pour attendre Nganang. Les voitures de la police et celles de la prison occupent la chaussée et occupent le trottoir.
Les hommes cagoulés, armés comme il n’est pas permis ont le doigt sur la gâchette.
Le soleil est doux. On parle de Nganang, mais aussi d’Owona Nguini, d’Achille Mbembe – de la réplique !
De l’autre côté, on ne voit plus que les voitures de la police, le GSO, les gardiens de prison.
Nganang pointe enfin son nez, hors de la barrière: même les inconnus tentent de filmer la libération de cet homme pour qui la route est barrée depuis maintenant quelques minutes.
Nganang est là, mais la portière de la jeep est déjà ouverte. Il tente, comme Lumumba, de lever la tête, la police dit ‘niet ! ‘
Et puis, une voix: c’est Stéphane de Megashi:
– « Patrice ! »
Le reste suit, on profite de l’embouteillage!
– Tanou!
– Grand Pat!
– Excellence
– Etc.
Le cortège très sécurisé de Nganang s’en va!
La foule crie sa joie!
Les gardiens retournent dans leur prison, Nganang s’en va!
– C’est qui comme ça ? Demandent certains, passant leur chemin.
– C’est un Écrivain ! Repond-on.
Un écrivain! Patrice Nganang !