Interpellé et écroué le 18 février 2019 parce que soupçonné d’appartenir à la Brigade anti-sardinard (BAS) en pleine période des marches initiées par le Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC), cet ingénieur allemand d’origine camerounaise, a été libéré samedi dernier et est retourné en Allemagne 2 jours plus tard. Retour sur les conditions de sa mise en cage il y a 21 mois.
Dans son ouvrage intitulé «L’otage», le journaliste Boris Bertolt s’est penché sur le cas Wilfried Siewe. L’activiste est revenu sur les faits qui lui ont été reprochés ainsi que sur le caractère « inique » de son procès. Lebledparle.com vous dévoile ci-dessous un extrait de son livre.
Wilfried Siewe est ce citoyen d’origine camerounaise de nationalité allemande qui est arrivé pour des congés au Cameroun en février 2019. Il sera arrêté et envoyé à Kondengui d’abord dans l’affaire dite du MRC puis condamné dans le cadre des émeutes à la prison de Kondengui à 3 ans de prison ferme pour la mutinerie.
L’histoire commence lorsqu’au moment de son départ du Cameroun, Wilfried Siewe décide de visiter des lieux qu’il n’a pas encore eu l’occasion de voir. C’est ainsi que le jour-j, pour archives, il se rend à la poste centrale faire des photos. Il est repéré sans le savoir par un agent du GSO. Puis il monte du côté de l’ancien palais présidentiel et fait à nouveau des photos. C’est là où il est interpellé et conduit au commissariat. À ce moment, il a déjà ses billets de voyage et doit simplement se rendre à l’aéroport avec sa famille.
Lorsque sa femme apprend cela, elle pense que tout va s’arranger. Ce n’est qu’une affaire de photos. La situation se dégrade.
Les enquêteurs disent avoir retrouvé dans son téléphone, des vidéos des casses des ambassades de Paris et Berlin qui ont pourtant circulé dans toutes les
messageries de camerounais. Ils lisent également ses conversations sur la situation du Cameroun. Cerise sur le gâteau, au moment de son arrestation, il venait d’acheter deux livres : celui de Maurice Kamto : l’urgence de la pensée et celui de Tchuinjang Pouemi : Monnaie, servitude et liberté. Suffisant pour les enquêteurs de le placer en détention provisoire à Kondengui.
Au moment de l’enquête, n’ayant rien trouvé l’impliquant directement dans l’activisme dans la diaspora après avoir fouillé tout son téléphone, les enquêteurs vont coller des bouts de discussions pour fabriquer des conversations qui lui seront attribuées afin qu’il soit accusé d’hostilité à la patrie, dégradation des biens et outrage au chef de l’Etat. Avant d’arriver à Kondengui il sera sauvagement torturé par les forces de sécurité.
Lorsqu’il était arrêté, Wilfried Siewe était ingénieur à Siemens en Allemagne. Après un an d’absence, il a été remplacé et a perdu son travail. À cette date, c’est un père de deux enfants, qui avaient au moment de l’arrestation : 3 ans et demi pour le jeune garçon et 11 mois pour la petite fille.