Au-delà des déterminants politiques de certaines crises, il y a une chose fondamentale que tous les géroncrates africains ne semblent pas intégrer : Les personnes qui manifestent généralement dans les rues sont pour la plupart des jeunes au chômage.
De fait, si ces dirigeants se donnaient résolument la peine de lutter contre le chômage des jeunes ; de créer les conditions facilitantes pour l’initiative entrepreneuriale, etc., il y a fort à parier qu’un nombre important de ces jeunes-adultes, ces « tanguy » de l’injustice sociale, n’aurait ni le temps ni le désir de trouver dans la « violence » une forme d’exutoire.
Quelqu’un qui n’a plus rien à perdre est à la merci du premier vent et parfois vendeur d’illusions. C’est normal, il a le temps.
Comme dit le proverbe : un cabri mort n’a pas peur de couteau ; une ampoule grillée n’a pas peur de court-circuit.
Je ne compte plus ces brillants amis qui ont passé l’âge de la trentaine, mais qui vivent encore, bien malgré eux chez leurs parents. Combien sont-ils, ces adultes à lutter littéralement avec leurs petits frères et sœurs pour manger les fonds de marmites? Je ne compte plus ces amis dont la course au concours administratifs a fini par user les souliers et l’entre-jambes ; je ne compte plus ces amis qui se font quotidiennement arracher leurs petits commerces et leur pitance journalière par les policiers et administrateurs communaux véreux.
De ces amis là, beaucoup prient pour ne jamais être en proie à une quelconque maladie. Car, ils savent que faute de moyens pour se payer des soins de santé, cela signifierait pour plusieurs du moins, le début d’une longue agonie.
Relativement à la crise anglophone, comme un serpent qui se mord la queue, la crise sociale et le réflexe autoritaire nourrissent la crispation identitaire et vice versa. Bien malin celui qui pourrait prédire la couleur du dénouement. Hélas!