Cher cadet,
Tu es encore euphorique, je le sais. Tu n’es pas encore sorti des nuages, c’est un fait.
Je t’importune surement, je m’en excuse. Tu nous reproches souvent, à nous tes ainés, d’être un peu trop présents. Je te comprends. Cette ruelle, nous l’avons tous emprunté. Et nous maitrisons les contours. Je m’en voudrais donc de ne pas jouer le rôle du héraut au moment où tu jubiles. Ce serait passible de crime pour non-assistance de personne en danger…
Ton oncle préféré t’avait promis de t’envoyer poursuivre tes études en Mésopotamie. Papa t’avait soufflé à l’oreille gauche qu’il n’attendait que ça pour t’offrir ton premier véhicule. Maman te comble de cadeaux et de câlins depuis hier. Ta petite voisine se mord les phalanges parce qu’elle n’avait pas répondu par l’affirmative à tes assauts offensifs et répétés d’autrefois. Tu n’as pas remarqué qu’elle te fait à nouveau les yeux?! Non? Sans blagues! Tu es déjà un universitaire hein! Il faut t’approprier le langage sémiotique des filles! Ce qu’elles peuvent être prévisibles!!! Les promesses seront tenues -ou pas. Je t’en prie! Ne leur tiens pas rigueur le cas échéant, d’accord? Tu mettras ça sur le coup de l’enthousiasme parental et du désir de te motiver. Tu seras parent un jour…
Réjouis-toi, mon ami! Tu as bien le droit. Balaye d’un revers de la mémoire les 500 points qu’on a dus ajouter à tes 7,77 de moyenne pour te porter jusqu’à 10 tout rond. Malgré cette mansuétude, ton voisin de banc pleure et grince des dents actuellement. La chance ne lui a pas souri… Ne lui ris pas au nez! N’eut été ton septennat en Terminale, tu userais encore ton pantalon blanc, jadis gris, sur les bancs. Réjouis-toi! Après tout, tu vis là tes dernières grandes vacances. Eut égard à « l’été », au travail, aux enfants, tu risques de ne plus en avoir du tout. Réjouis-toi mais surtout…assieds-toi. Réfléchis. Pense à ton avenir. Il n’est pas aussi radieux que t’ont fait croire ces politiques, ces caciques qui te qualifient de fer de lance de la Nation. En réalité, ils te considèrent plus comme le fer de rance de leur ration. Leur vache à lait, en quelque sorte. Le bon filon entre leurs mains prédatrices, insatiables et impitoyables. Te voilà prévenu ! N’attends pas le prochain recrutement de 50 000 jeunes à la Fonction Publique pour te faire à l’idée…
A présent, saisis les opportunités juteuses qui s’offrent à toi. Ne remets rien au lendemain. Il est trompeur. Permets-moi de te briefer un chouia. Tu as le choix entre l’université, l’école de formation et la vie active. 4è option : mariage, pour les filles. Tu peux trouver ton compte partout si la discipline, l’abnégation, la dévotion et la crainte de Dieu cheminent avec toi. Ne te laisses pas « banaliser » par les grondements du babillard. Même s’il t’humilie 15 fois de suite. Ne te laisses pas distraire par l’appât du gain. Tout ce qui brille n’est pas or. Ne te laisses pas entuber par les marchands d’illusions. Ils te feront miroiter une supposée opulence qui leur échappe pourtant entre les doigts depuis belle lurette. Ne laisses personne briser tes rêves; aussi démesurés soient-ils. Tu es l’unique maitre de ta vie. Fixes-toi des objectifs et donnes-toi les moyens de les atteindre. Dignement, cela va de soi. Le ciel sera ta seule limite! Tu sais qu’il ne possède pas de plafond…Souviens toi et remémore toi cette assertion de LAMARTINE : » Le réel est étroit, le possible est immense ». Sois impavide.
Puisse ces lignes te servir de vade-mecum dans les moments de doute. Ils abonderont, sois en convaincu. La maturité et la présence d’esprit que tu convoqueras pour surmonter ce spleen passager t’affranchiront.
La vie est belle et tu veux en profiter? Tes parents te cassent les pieds et tu veux t’en séparer? Les filles sont sexy et tu veux toutes les dégommer? Mon frère, cherches ton argent; c’est ça qui donne l’autonomie et le pouvoir. Et quand tu as le pouvoir, tu as toutes les belles femmes du monde. A tes pieds. Prêtes à assouvir des désirs les plus vils et serviles. Le deuxième nom de Dieu, c’est le temps. Ne te presse pas. Donnes lui les rênes. « Le temps est un bon professeur. Beaucoup de choses ne s’apprennent pas dans les livres, ni par les gens ; mais le temps te les enseignera » Alia ASLAM.
Retrouves-moi à la buvette du coin. Je t’offre une. C’est quand même ton premier diplôme universitaire…
Un grand-frère là…