Brenda ma chère compatriote,
Tu es la première fille du Cameroun. Tu ne perdras cette place qu’au jour où tu te marieras, car alors devenue dame, tu seras classée deuxième après ta génitrice.
Tu te souviens certainement de la lettre de soutien sincère que je t’ai écrite le 8 février 2016 lorsque tu avais contre toute attente, décidé de prendre publiquement la parole, pour dénoncer le racisme dont tu avais affreusement fait l’objet là-bas au loin, aux Etats Unis où ton papa notre Président depuis plus de trente ans, t’a expatrié pour tes études. Je dois d’entame au moment où je décide de t’apporter à nouveau mon soutien qui, tu peux me croire demeurera indéfectible, je dois disais-je te réitérer tout de même que ton quotidien et celui de tes frères, demeure encore le cadet des soucis des camerounais qui ont mieux à faire, en attendant l’achèvement des grandes réalisations de ton papa et probablement les grandes finitions du prochain mandat. Il se trouve néanmoins que quelques compatriotes pour tuer l’ennui s’épanchent régulièrement sur ton sort dans les réseaux sociaux, laissant au passage l’horripilante impression de se délecter de tes mésaventures. Les facétieux !
Justement s’agissant de ces mésaventures, tout porte à croire que 2016 ne t’a pas porté que du bonheur. Mais je crains que tu y sois aussi pour beaucoup. Après tout, pour être aussi sage que papa, il faut du temps et peut-être même du temps au pouvoir… Tu croyais naïvement bien faire en sortant de ton lointain anonymat en révélant au monde en début d’année ton histoire de racisme à laquelle tu as greffé inopportunément des informations indélicates du genre, tu résidais à une centaine de kilomètres de ton université et que ton taxi te coûtait 200 000 FCFA par jour. Voilà que maintenant on voit circuler sur internet des photos qui sont prétendument celle de ton domicile princier. Je doute moi, que ton papa dont on dit qu’il a toujours été sobre, rigoureux et épris d’éthique, lui présenté comme celui qui, détestant au plus haut point la beuverie et l’extravagance s’acharne sur ses ministres prédateurs en les jetant en prison, je doute je te le dis sincèrement, que cet homme là puisse donner une telle éducation à son unique fille. Mon Paul BIYA que je connais ne peut avoir d’enfants gâtés. Non !
Rassures-toi, si au début j’acceptais mal que lui, Président depuis à peu près ma naissance, fasse scolariser ses enfants à lui dans des systèmes éducatifs étrangers, j’ai fini par comprendre que c’était encore par sagesse. Il a voulu t’éloigner de ce pays gangrené par ses collaborateurs inertes, immoraux, égoïstes, incapables de tenir des feuilles de route. Il a bien fait. Il fallait bien qu’il y ait au moins un enfant du renouveau encore normal, au matin de la fin de l’histoire.
Mais soeurette comment lui reviendras-tu ? Je n’en sais plus rien. Car de méchants internautes disent de toi des choses qui me désespèrent. Heureusement que l’histoire de drogue a été démentie par d’autres que toi. Dieu merci. Je n’ose même pas donner du crédit aux balivernes te faisant passer pour une farouche maniaque du couteau. Tu vois, de mauvaises langues disent même que c’est la malédiction de la souffrance des camerounais qui s’abat sur toi. Pauvre de toi ma sœurette. Heureusement maman est très croyante, un tonton à la présidence a même ouvert à Yaoundé la chapelle pentecôtiste de la gloire de Christ. Suis seulement leurs traces. Et tu verras la Gloire de Dieu.
Saches que tu n’as rien fait de mal au Cameroun. Et l’avenir t’y réserve ta place aussi. Mais dans l’hypothèse où papa n’est pas Président jusqu’à la fin du monde, tu devras mériter cette place. Alors profite sagement et intelligemment de ta situation sociale. Fais mentir ceux qui t’accablent de sornettes. Et n’oublies pas à l’âge de papa des comportements indignes d’une enfant peuvent entrainer le pire sur sa santé. Alors, sois sage comme papa et tu vivras longtemps comme lui. Avec un peu chance même tu finiras Présidente de quelque chose.
Courage à toi.
© Cabral LIBII, correspondance