Cela fait déjà cinq ans que le championnat professionnel existe au Cameroun, mais sur les stades et dans la vie des clubs, le professionnalisme n’est pas au rendez-vous.
Le Cameroun en 2011, s’est lancé dans l’aventure du professionnalisme, cinq année après, il est difficile d’affirmer avec certitude que nous avons un championnat professionnel développé, en bonne et due forme comme dans les pays occidentaux et certains pays africains. Au regard de ce constat qui précède, pourquoi le professionnalisme tarde à faire ses marques comme partout ailleurs ? Est-ce qu’il suffit de décréter le professionnalisme par le biais d’une ligue de football professionnelle ? Ces questions méritent d’être posées et scruter, au moment où le patronat camerounais à travers le GICAM d’une part et d’autre part la Ligue de Football Professionnelle du Cameroun(LFPC), se réunissent le 27 mai prochain pour réfléchir sur les pistes de financement du football professionnel. Nous pouvons évoqués trois raisons pour démontrer que le professionnalisme traine au Cameroun.
Structuration des clubs
Un club professionnel est avant tout une association sportive. Dans le contexte camerounais, les clubs pour la plupart ne sont pas des associations sportives, c’est beaucoup plus une affaire personnelle du président fondateur qui est d’ailleurs le principal pourvoyeur financier. En principe, le ou les propriétaires du club délèguent la gestion quotidienne à un comité qui comporte un Président, un Secrétaire Général, un Trésorier et d’autres membres qui dirigent le club. Ainsi, le club a la difficulté de fonctionner ou disparait totalement après le décès du fondateur. En plus le club professionnel est aussi une entreprise commerciale qui génère des bénéfices. Ils font des bénéfices, tout en contribuant au chiffre d’affaires de la Ligue, grâce aux droit de diffusion des télévisions, aux sponsors et aux nombreux spectateurs qui, non seulement, payent le billet d’entrée mais aussi, en achetant des babioles à l’effigie du club; Ces clubs «vendent» un spectacle. A ce niveau, il faut dire que cela est une exigence pour les clubs camerounais de se muter en Sociétés Commerciales à Objet Sportif. C’est peut-être déjà une réalité, mais il faut dire que cela reste que des écrits. Ces clubs fonctionnent autrement qu’en société commerciale à but lucratif. Ils n’ont pas de siège, des employés qui œuvrent pour le développement du club, le capital du club n’est pas ouvert aux actionnaires… Bien plus le club professionnel c’est également sa ressource humaine footballistique et technico-managériale qui applique une tactique adéquate. C’est encore le rêve au Cameroun, les joueurs souffrent le martyr. C’est la mauvaise foi des dirigeants de clubs qui s’enrichissent au détriment des véritables bénéficiaires (footballeurs), qui les affament au quotidien, absence de salaire, de prime, de protocoles alimentaires d’entretien, de récupération. C’est pour cette raison qu’ils partent chercher fortune ailleurs, même si c’est en Birmanie. Les clubs n’ont pas également des manageurs avec des plans ou projets sportifs. Ce sont des entraineurs régulièrement assis sur des bancs de touches éjectables à la moindre humeur du président. En outre, ils n’ont pas des centres de formation et la relève. Ils ne disposent pas d’un centre de formation bien équipé et disposant d’un encadrement valable pour former des jeunes qui entretiendront plus tard le cachet du club. C’est aussi avoir des équipes dans les catégories junior, cadet, minime et même poussin pour les talents précoces.
Infrastructures
Les infrastructures ne sont pas adéquates pour le moment, même si l’effort est fait dans ce sens avec la construction de certains stades financés sous fond propre par la fecafoot. Le président de la FECAFOOT Tombi Aroko Sidiki, il ya quelques semaines a posé la première pierre des stades de Bamenda et Bangangté. Avec le Programme National de Développement des Infrastructures Sportives (PENDIS), certains stades sont déjà en construction et d’autres pratiquement achevés. C’est dire que dans les années à venir le problème d’infrastructure ne se posera plus.
Financement
L’Etat depuis cinq finance la ligue pour le payement des salaires des joueurs. La FECAFOOT le fait également à hauteur de 410 millions pour son fonctionnement. C’est une bonne chose, mais il faut que la ligue soit autonome. Les entreprises tardent à associer leur image au championnat professionnel, pourtant une loi d’incitation à l’investissement du sport existe. Cette loi parle d’une exonération de 5% pour les entreprises qui financent les clubs du championnat. Ailleurs c’est le cas et les entreprises financent les clubs de leur ville. Nous avons Sochaux club de 2ème division en France qui est financé par l’entreprise automobile Peugeot. Le fonds national pour le développement du sport est l’une des résolutions du forum sur le football organisé en 2010 par l’ancien ministre Michel ZOA traine encore les tiroirs de l’administration. Ce chapelet de difficulté de l’implantation du professionnalisme au Cameroun n’est pas exhaustif. Il faut une réelle volonté tous azimuts pour gagner le pari de la professionnalisation championnat camerounais.
Chancelin WABO, Lebledparle.com