Accusé de faire la promotion de l’homosexualité et des homosexuels, le Prêtre jésuite Ludovic Lado monte au créneau pour stopper la saignée des insultes sur les réseaux sociaux.
Le 21 janvier 2021 l’homme d’église à faire une publication dans laquelle, il dit qu’il préfère la bonne gouvernance des homosexuels que la mauvaise gouvernance des hétérosexuels. « Je préfère un bon gouvernant homosexuel à tous ces hétéro injustes, voleurs, inhumains qui tuent nos pays! », écrivait-il.
Cette publication a suscité une polémique qui a enflée sur les réseaux sociaux. Des internautes se sont mis à l’insulté, en ne comprenant pas le sens et le contexte de ses dires. Pour mettre fin à cet état de chose, le Prêtre s’est senti obligé de publier une tribune pour clarifier les choses. Il est très claire, il ne fait pas l’apologie de l’homosexualité. « Un de mes récents post dans lequel je disais préférer un bon gouvernant homosexuel à toute la bande d’hétérosexuels injustes et inhumains qui détruisaient nos pays et nos vies m’a valu tous les noms d’oiseaux, surtout de ceux qui n’avaient rien compris à mon post. Tout était parti de la critique du choix de Joe Biden de nommer dans son nouveau cabinet des personnes homosexuelles et transgenre, critique que je ne partageais pas du tout. Je maintiens que les personnes homosexuelles sont avant tout mes frères et sœurs en humanité et rien ne m’amènera à les mépriser du fait de leur orientation sexuelle. Cela ne signifie pas pour autant que je fais l’apologie de l’homosexualité comme certains esprits faux l’ont prétendu. La doctrine est une chose et les rencontres humaines une autre. Je rappellerai la doctrine avant d’aborder ce que j’ai appris de ma fréquentation des personnes homosexuelles », martèle-t-il.
Lebledparle.com vous propose l’intégralité de la tribune.
MON EXPÉRIENCE DES PERSONNES HOMOSEXUELLES
J’ai appris de la fréquentation de Jésus que le « Moi non plus je ne te condamne pas » précède toujours le « Va et ne pèche plus ! » (Jn 8, 11). L’image que j’ai de Jésus n’est pas celle d’un professeur de morale mais d’un témoin de la tendresse de Dieu pour les hommes, surtout pour ceux que le monde méprise et rejette. Et en Afrique aujourd’hui, les personnes homosexuelles font partie de cette catégorie. Le regard que je pose sur eux est-il christique ?
Un de mes récents post dans lequel je disais préférer un bon gouvernant homosexuel à toute la bande d’hétérosexuels injustes et inhumains qui détruisaient nos pays et nos vies m’a valu tous les noms d’oiseaux, surtout de ceux qui n’avaient rien compris à mon post. Tout était parti de la critique du choix de Joe Biden de nommer dans son nouveau cabinet des personnes homosexuelles et transgenre, critique que je ne partageais pas du tout. Je maintiens que les personnes homosexuelles sont avant tout mes frères et sœurs en humanité et rien ne m’amènera à les mépriser du fait de leur orientation sexuelle. Cela ne signifie pas pour autant que je fais l’apologie de l’homosexualité comme certains esprits faux l’ont prétendu. La doctrine est une chose et les rencontres humaines une autre. Je rappellerai la doctrine avant d’aborder ce que j’ai appris de ma fréquentation des personnes homosexuelles.
Parlant de doctrine, l’enseignement officiel de l’Eglise catholique dit que « les actes d’homosexualité sont intrinsèquement désordonnés. Ils sont contraires à la loi naturelle. Ils ferment l’acte sexuel au don de la vie. Ils ne procèdent pas d’une complémentarité affective et sexuelle véritable. Ils ne sauraient recevoir d’approbation en aucun cas. » (Catéchisme de l’Eglise catholique, article 2358). L’église parle, notons-le « d’actes homosexuels » et non de personnes homosexuelles. Elle fait toujours cette distinction pour qu’on ne réduise pas une personne à ses actes. Ensuite, l’église faire remarquer ceci :
« Un nombre non négligeable d’hommes et de femmes présentent des tendances homosexuelles foncières. Cette propension, objectivement désordonnée, constitue pour la plupart d’entre eux une épreuve. Ils ne choisissent pas leur condition homosexuelle. Ils doivent être accueillis avec respect, compassion et délicatesse. On évitera à leur égard toute marque de discrimination injuste. Ces personnes sont appelées à réaliser la volonté de Dieu dans leur vie, et si elles sont chrétiennes, à unir au sacrifice de la Croix du Seigneur les difficultés qu’elles peuvent rencontrer du fait de leur condition. » (article 2358)
Notons, une fois de plus, que dans cet extrait, c’est « la tendance homosexuelle » qui est qualifiée d’ « objectivement désordonnée ». Quant aux personnes homosexuelles, l’église nous fait remarquer que beaucoup ne « choisissent pas leur condition homosexuelle ». C’est pourquoi, « ils doivent être accueillis avec respect, compassion et délicatesse. On évitera à leur égard toute marque de discrimination injuste. » Exclure un citoyen d’une fonction publique ou d’une position sociale du fait de son orientation sexuelle est une « discrimination injuste ». C’est pour cela que je pense que c’est un faux procès qui est fait à Joe Biden. L’orientation sexuelle n’a rien à voir avec la compétence professionnelle surtout dans la fonction publique.
Sur le plan des rencontres humaines, combien d’entre nous ont déjà rencontré une personne homosexuelle sur un plan purement humain et social? Je ne peux que partager ma propre expérience. Comme beaucoup d’Africains, bien évidemment, j’ai grandi dans une matrice sociale éminemment hétérosexuelle et hétéronormative. L’homosexualité ne faisait même pas partie du champ des possibles dans mon univers de socialisation. Je me sens et je me considère donc comme un hétérosexuel. Mais, par la suite, j’ai été exposé de plein fouet à l’alternative homosexuelle pendant mes années d’études universitaires d’abord aux Etats Unis et puis ensuite en Angleterre. Je découvrais au fil des rencontres et des années que parmi mes collègues prêtres, mes collègues étudiants, et mes enseignants, certains se réclamaient paisiblement de tendance homosexuelle. On se retrouvait en classe, à l’Eglise, dans les excursions, au sport, etc. sans que jamais ils ne me donnent l’impression d’être des sous-hommes ou des « animaux » comme certains le font croire. J’ai donc appris à les regarder et à les accueillir d’abord comme des frères et sœurs en humanité.
Il est impossible de vivre en Occident aujourd’hui sans rencontrer et collaborer avec les personnes homosexuelles à tous les niveaux. Même les Africains les plus homophobes le font sans broncher pendant leur séjour outre-mer! Ils le font non pas parce qu’ils ont changé leur point de vue sur l’homosexualité mais par nécessité. Et rien ne porte à croire que dans ces rencontres humaines, ils trouvent les personnes homosexuelles moins humaines qu’eux. Beaucoup de ceux et celles que nous jugeons et condamnons dans nos têtes et que nous excluons chacun de son ciel imaginaire nous précéderont dans le Royaume des Cieux !
Ludovic LADO SJ