Dans certaines régions reculées du sud du Malawi, il existe un rite de passage traditionnel pour les jeunes filles une fois qu’elles atteignent la puberté : avoir des relations sexuelles avec un travailleur du sexe que l’on appelle « une hyène ».
Pour les anciens du village, l’acte n’est pas considéré comme un viol, mais plutôt comme une forme de « nettoyage » rituel.
Très souvent cependant, on remarque une corrélation entre ce rituel et la propagation du VIH/Sida dans la région.
Eric Aniva est l’un de ces hommes payés pour avoir des relations sexuelles avec les jeunes filles de son village, une « hyène » respectée de la localité de Nsanje.
Dans la cour poussiéreuse devant sa hutte aux murs de terre, l’homme salue, enthousiaste.
Il semble aimer l’attention des médias.
Eric Aniva, la quarantaine, a deux épouses, bien au courant de son métier. Il affirme avoir couché avec 104 femmes et filles.
Selon la coutume, si un homme meurt, sa femme doit avoir des relations sexuelles de « nettoyage » avec Aniva, la « hyène », avant de pouvoir enterrer son mari.
Lorsqu’une femme avorte, là aussi, la tradition veut qu’elle subisse un « nettoyage sexuel ».
A Nsanje, pour marquer la transition de l’enfance à l’âge adulte, la coutume veut que les adolescentes, après leurs premières règles, aient des relations sexuelles sur une période de trois jours avec une « hyène ».
Si les filles refusent, beaucoup croient qu’une maladie ou un malheur va s’abattre sur leurs familles ou sur le village entier.
« Certaines filles sont seulement âgées de 12 ou 13 ans, mais je les préfère plus âgées. Toutes ces filles ont du plaisir à m’avoir comme leur hyène. Elles sont fières de dire aux autres que je suis un vrai homme, qui sait comment donner du plaisir à une femme », explique Eric Aniva.
Malgré ses fanfaronnades, plusieurs jeunes filles rencontrées au cours du reportage, confient leur aversion pour ce rite de passage.
« Il n’y avait rien d’autre que je pouvais faire. Je devais m’y plier pour le bien de mes parents», raconte Maria.
Les hyènes sont payées entre 4 $ et 7 $ pour chaque « nettoyage ».
Eric Aniva explique avoir cinq enfants, mais ne pas savoir si ce chiffre est exact. Des femmes qu’il a « nettoyées » pourraient bien être tombées enceintes, à son insu.
Fagisi, Chrissie et Phelia, trois femmes dans la cinquantaine sont les gardiennes des traditions initiatiques dans leur village. Elles enseignent à des adolescentes regroupées dans des camps, leur devoir d’épouse et comment plaire sexuellement à leur mari.
Le « nettoyage sexuel » avec une « hyène » est la dernière étape de ce processus d’apprentissage, organisé volontairement par les parents de la jeune fille.
Selon la coutume, le sexe avec une « hyène » ne doit jamais être protégé par l’utilisation de préservatifs.
Nous devons éduquer nos filles en conformité avec les traditions du village, de sorte qu’elles ne s’égarent pas. Nous devons faire d’elles de bonnes épouses afin que leurs maris soient satisfaits.
Chrissie
L’ONU estime qu’un Malawite sur dix est porteur du virus du sida. Lorsque vient le moment de demander à Eric Aniva s’il est séropositif, il avoue avoir contracté la maladie.
Un état qu’il se garde bien de mentionner aux parents des jeunes filles qui veulent l’embaucher pour ses « services « .
Après la diffusion sur la BBC de l’interview d’Eric Aniva, le Président de la république du Malawi, Peter Mutharika, a ordonné son arrestation, mardi 26 juillet 2016. Le président a déclaré qu’il était » décourageant que certaines communautés du Malawi utilisent la culture pour abuser des jeunes femmes. » Il a réaffirmé sa volonté de lutter contre de telles pratiques.