Dans un entretien exclusif accordé au magazine C Koment, la célèbre avocate de 74 ans, très souvent au cœur des polémiques pour ses prises de position en faveur des homosexuels, revient sur ce choix qui dérange de nombreux camerounais.
Me Alice parle de ses débuts en tant qu’Avocate, de ses motivations pour cette carrière. « J’ai eu beaucoup de difficulté à convaincre mes parents et mon partenaire que je pouvais aller défendre quelqu’un que l’État avait jeté en prison. J’avais 25-26 ans et l’opportunité de plaider dans de grands procès. C’est à travers ces procès que les gens ont commencé à s’intéresser à moi et ce sont ces procès à résonance nationale et internationale, historiques qui ont favorisés ma position d’icône. » Raconte t-elle au magazine.
L’Avocate dans cette interview parle avec emphase de son combat pour la dépénalisation de l’homosexualité. Pour elle, l’homosexualité ne peut pas être réprimée. « Mon projet par exemple aujourd’hui c’est d’avoir commencé le combat en faveur de la dépénalisation de l’homosexualité au Cameroun et de l’avoir conduit à son étape ultime qui est le procès que j’espère bientôt avoir à plaider devant la cour suprême rien que sur ce motif, pour démontrer que l’homosexualité ne peut jamais être un délit, c’est complètement stupide. C’est un domaine qui ne concerne pas la loi, si ce n’est pour obliger l’Etat à protéger et non à réprimer. Ça c’est un combat qui est inscrit dans un projet personnel, je dois le mener jusqu’au bout. Ces gens se sont mes enfants, mes amis, des gens comme moi et j’ai décidé d’être celle qui parle pour eux et donner aux droits de l’Homme leur caractère d’indivisibilité et d’universalité, de démontrer aussi que vous ne pouvez pas être un Etat qui bannit la discrimination et instaurer une discrimination d’Etat »
Dans Le numéro du 04 mars de C’Koment, « La strong voice » revient sur l’affaire Mimi Mefo dans laquelle elle était au devant de la scène. « Ce que j’ai fait pour Mimie c’est ce que je fais tous les jours. Cet Élan que j’ai eu je n’ai pas été la seule à l’avoir. (…) C’est quand on l’a écroué à New Bell que la révolte est vraiment montée, c’est là que j’ai décidé de tout donner. »
L’avocate s’est rendue célèbre en 2005 en défendant onze jeunes homosexuels emprisonnés, et en 2013, en obtenant le premier acquittement de deux jeunes homosexuels au Cameroun, où la pénalisation de l’homosexualité existe depuis 1972. En 2012, le The New Yorker la sacre « Africaine de l’année ». Un documentaire, Sortir du Nkuta (Sortir du placard), de Céline Metzger, lui est consacré.