Bernard Njonga, président de l’Association Citoyenne de défense des Intérêts Collectifs (Acdic) dénonce l’abandon des quantités importantes de riz local de qualité. 160,000 tonnes sont parquées dans des magasins de la Semry à Yagoua et Maga depuis plusieurs années, faute d’acheteurs. Lebledparle.com, vous propose la chronique juridique de cette affaire du riz local camerounais proposé par Siméon Roland Ekodo Mveng, politologue.
Dans le contexte capitaliste néolibéral, peut-on ester dans un tribunal des conflits un réseau gouvernemental pour haute trahison économique et intelligence coupable avec les firmes multinationales ? En occurrence une plainte pour entorse à l’intérêt national et à la concurrence déloyale des opérateurs locaux peut-elle prospérer eu égard au monopole évident des agents publics sur les leviers du pouvoir judiciaire mais également des grands capitaux d’investissement des compagnies étrangères faisant souvent pression sur les juges ? Le patriotisme économique, le Droit des affaires et le code d’investissement peuvent-ils être convoqués comme des instruments juridiques et politiques, voire des motifs valables pour condamner les confusions d’intérêt, l’exposition criminelle du patrimoine d’État et les manquements graves à l’éthique protectionniste ? Dans l’analyse comparée des gains, toutes les initiatives privées amenées par les fils et filles du terroir profitent-elles plus aux populations que les investissements étrangers ? Si oui, l’absence de subventions des entreprises locales, la configuration viciée du climat des affaires et le favoritisme d’une offre importée peuvent-ils être étayés comme facteurs de volatilité des capitaux ? Un pays techniquement faible, dépendant, sans éthique républicaine, mal inséré dans le système mondialisé et moralement corrompu peut-il se doter d’une constitution économique robuste garantissant ses intérêts contre les collusions mafieuses et prédations de réseaux internes-externalisés ? Qu’est-ce qu’un État stratège aujourd’hui ? L’économie libérale avec son sous-bassement privé et son côté clair-obscur de spéculations échappe-t-elle toujours et dans tous les cieux à la morale républicaine et à la régulation conservatrice des avantages ? Dans un échiquier politique prenant en compte les rapports de force, En postulant l’incompétence active du droit, mais non l’irresponsabilité gouvernementale, on se demanderait au demeurant et en dernière analyse ; Comment construire ou retrouver la rationalité locale étatique dans un système monde globalisé où les états d’âme et problèmes de conscience ne font pas sens dans une économie de marché froide et éminemment truffée de requins malfamés?