Depuis le relai de cette triste nouvelle par les médias nationaux, de vives indignations sont nées au sein de l’opinion publique notamment sur les réseaux sociaux, laissant transparaître une apparente solidarité vis-à-vis du disparu. Pour Sismondi Barlev Bidjocka, il s’agit d’une solidarité en trompe-l’œil. Il relève que les Camerounais savent se fondre dans les mouvements de contestations massives sur la toile mais en réalité, se débinent très promptement lorsqu’il faut porter assistance à des personnes en détresse. Lebledparle.com vous propose l’intégralité de la tribune libre du journaliste publiée ce vendredi 24 juillet sur Facebook.
Au Cameroun on sait s’indigner, mais en réalité personne en tant qu’acteur n’agirait autrement. Le professeur pascal Messanga Nyamding, nous expliquait hier que notre société flirte depuis un moment avec la ligne rouge. La violence physique, verbale ou même gestuelle semble être l’ADN constitutif du noyau de nos cellules. L’indifférence est notoire. Un voisin en deuil, n’empêche pas les autres de jouer de la musique tonitruante jusqu’au petit matin. Surtout ne perdez pas votre temps à crier au secours si vous êtes attaqué chez vous, personne ne viendra ; au contraire les uns et les autres vont vérifier si leur porte est verrouillée à double tour.
Le lendemain, lorsque l’on regrette la mort du voisin, c’est ce même voisin qui anime les commentaires, parle beaucoup, et raconte l’histoire pour toutes les radios et télés, parfois en commençant par « j’ai tout suivi, c’était vers trois heure du matin…». Il n’a rien fait, même pas ameuté le voisinage, ni appeler les forces de l’ordre. Il s’est contenté de se délecter des cris des victimes.
C’est exactement ce que nous constatons sur une vidéo tragique devenue virale, où on voit un jeune gendarme se faire massacrer par sept jeunes loups dans l’agence de voyage Finexs. On peut voir les gens circuler sans se soucier du sort de leur prochain. Personne n’intervient pour essayer de calmer ou sauver le jeune homme ; Certains, honteux, ont justifié l’attitude par le fait qu’il faisait nuit et c’était risqué ; argument fallacieux. Ce comportement est généralisé. Parfois en plein jour, deux personnes qui se battent constituent plutôt un spectacle pour ceux qui passent par là. Certains rigolent, et se marrent, d’autres s’en délectent et stimulent la situation en versant de l’essence sur le feu.
Le lendemain c’est tout le monde qui s’en indigne en faisant semblant de calmer le jeu.Sur les réseaux sociaux, la plupart des camerounais dépensent des sommes astronomiques en connexion internet pour produire des directs de trois à quatre heure, cribler d’une violence verbale sans égal.
J’ai pu sans difficulté sélectionner des échantillons : pour ce genre de spectacle ils enregistrent des records d’audience, pouvant culminer à un million de vue. Une vidéo ou Lady Ponce parle de ses jupons attire plus de monde qu’une autre où on évoque des problématiques de santé, ou d’avenir.
La seule pauvreté et les frustrations diverses ne peuvent expliquer ce déraillement social ; ne comptez pas sur certains intellectuels pour aider à rectifier le tir car parfois, au début de ces vidéos diarrhéiques, on a droit à une présentation du genre Bonjour à tous, je m’appelle Dr Tchaptchet Bonaventure, PHD de la sorbonne, etc. vous vous attendez alors à un contenu sérieux, mais tout de suite après il vous apprend qu’il est là pour répondre à une vidéo parce qu’on le confond au quartier. La suite on la connait.