Mgr Yaouda Hourgo exige la fin du régime de Paul Biya. Selon l’Evêque de Yagoua, le Cameroun sous Paul Biya a touché le fond et rien ne peut plus être pire que la situation actuelle des Camerounais dans leur pays. Et il est temps que le Chef de l’Etat aujourd’hui âgé de presque 92 ans passe la main. Il est allé jusqu’à ironisé en affirmant qu’il préfèrerait voir le “Diable au pouvoir” plutôt que de prolonger la gouvernance actuelle.
« On ne va pas souffrir plus que ça encore. On a déjà souffert. Le pire ne viendra pas. Même le Diable qu’il prenne d’abord le pouvoir au Cameroun et on verra après », a-t-il déclaré.
A l’orée de 2025, d’autres prélats ont remis en question la capacité des dirigeants actuels du pays à soulager les souffrances des Camerounais.
A Ngaoundéré, Mgr Emmanuel Abbo a vivement critiqué une société où les citoyens sont muselés, incapables de partager leurs douleurs :
« La plus grande des souffrances, c’est d’interdire aux Camerounais d’exprimer leurs maux, sous prétexte que l’État est un rouleau compresseur, une sorte de moulinex qui réduit en pâte tout Camerounais osant se plaindre. »
Il a également mis en garde sur l’avenir sombre qui attend le pays si cette dynamique continue :
« Qui restera-t-il à gouverner quand tous les Camerounais auront été broyés dans ce moulinex ? Comment peut-on promettre la mort à ceux qui ne réclament qu’un minimum pour survivre ? ».
Sur les ondes de RFI, Mgr Samuel Kleda, archevêque de Douala, a, pour sa part, qualifié une nouvelle candidature de Paul Biya d’irréaliste : « Ce n’est pas réaliste… Nous sommes humains. À un moment, nous quittons ce monde. Nous ne sommes pas immortels, ni capables de miracles. »
De son côté, Mgr Jean Mbarga, archevêque de Yaoundé, a incité les fidèles à prendre leur destin en main : « Nous entrons dans une année jubilaire et une année électorale. J’ai exhorté les fidèles à assumer leurs responsabilités historiques vis-à-vis de la Nation. »
Un contexte tendu
Si les prélats ont traditionnellement évité d’entrer dans les débats politiques, la situation économique et sociale du pays pousse aujourd’hui ces voix autorisées à s’exprimer avec une fermeté croissante. Et l’Eglise catholique semble enfin avoir décidé de faire connaitre sa position. Cette montée de la contestation provient, entre autres, de l’intention de Paul Biya, président depuis plus de 42 ans, de briguer un 8e mandat à l’âge de 92 ans.
« Je suis particulièrement sensible au soutien massif que vous n’avez cessé de m’apporter toutes ces années. C’est la raison pour laquelle je n’ai jamais ménagé aucun effort pour répondre à vos aspirations. Votre confiance m’honore et me sert de boussole dans l’action que je mène à la tête de notre cher et beau pays. Je puis vous assurer que ma détermination à vous servir demeure intacte et se renforce au quotidien, face à l’ampleur des défis auxquels nous sommes confrontés », a indiqué le président Paul Biya, dans son adresse à la Nation mardi soir.