Dans son édition du 15 avril 2019, le quotidien le Jour d’Hamann Mana a donné la parole à la vice-présidente du directoire des femmes du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun.
Dans son intervention dans les colonnes de ce journal, l’avocate au barreau du Cameroun a appelé les Camerounais à joindre leurs voix à celles de ceux qui réclament la libération des responsables et militants du MRC incarcérés.
Pour commencer son propos, Michèle Ndoki est allée puiser dans la littérature postcoloniale. Une œuvre de Mongo Beti intitulée, trop de soleil tue l’amour : « Les gens du parti du dictateur ne connaissent qu’un langage, les coups. Coups de matraque distribués toujours généralement à tort et à travers, bien sûr coups de fusil ou de pistolet tirés de préférence à bout portant ou dans le tas, coups de Jarnac divers, spécialité coutumière aux groupes humains que le courage n’étouffe pas. Quant aux chefs de l’opposition, ce sont des maîtres de la rhétorique de l’indignation et de la dénonciation, de vraies virtuoses pour qui aucune figure de style n’a de secret. Coups de gueule contre coups de canon, fleurs de rhétorique contre fleurs de cimetière et autres pissenlits, c’est en somme l’éternel conflit du pot de terre contre le pot de fer ». Cite-t-elle, avant de s’interroger
« Alors que nous observons, avec un mélange de tristesse et d’envie qui n’empêche pas la joie sincère pour ce peuple frère, les Algériens et les Soudanais qui réécrivent leur histoire, la question nous taraude, nous torture : Qu’avons-nous donc manqué ? ».
Selon elle, « Dieu et ceux qui nous connaissent un tant soit peu savent que nous autres leaders ne sommes pas parfaits : nous avons l’ego surdimensionné et trop souvent le doute et l’orgueil nous aveuglent. Il reste que les pas qui nous ont mené ici ainsi que bien malgré nous presque 147 innocents (amis, fidèles, partisans, mais aussi passants, surtout passants), ces pas étaient guidés par un désir sincère de mieux, de plus pour cette Terre bénie que nous aimons tant ».
La militant du MRC ne manque pas de signaler que leur combat est de faire du Cameroun, un pays digne : « Nous l’aimons d’un amour qui embrasse les plus humbles de ses enfants, notre chair, notre sang. Il reste que c’est plus fort que nous, il faut le marteler : nous continuons de dire que ces pas doivent nous mener au Cameroun que nous méritons : Yen Ekombo’a mwaye, wa ndutu e titi no, ce pays de Lumière, où la souffrance n’existe pas ».
Parmi les personnes interpellées, elle cite le cas de Roger, venu changer des ampoules chez Albert Dzongang ce 28 janvier 2019, qui n’a pas pu rentrer chez lui après avoir rempli son office parce que la maison de son client était encerclée.
« Roger n’est plus le même depuis ; il est passé d’électricien, marié et père essayant d’avancer sans trop de mal dans la vie, à suspect, puis inculpé d’hostilité contre la patrie, insurrection, rébellion, etc. Lui qui avait réussi à devenir un homme respectable, gagnant honnêtement sa vie et celle des personnes à sa charge, doit maintenant compter sur la générosité d’inconnus pour se nourrir. Il est détenu à Kondengui à plusieurs centaines de kilomètres de sa famille ».
Roger n’est pas le seul, il y’a aussi les 150 compatriotes enfermés depuis plus de deux mois à la prison centrale de Kondengui qui n’ont rien fait. « Ce sont des victimes, non pas du dictateur et de ses serviteurs, mais de notre passivité. Il faut bien que ça s’arrête. Avant que la folie, la paranoïa et la lâcheté nous aient tous plongés dans les affres de la guerre, laissez entrer la lumière. Bien sûr que la nuit ne finit toujours pas laisser la place au soleil, mais comment en profiter, si, Enfants de ma Terre, vous laissez obstinément vos fenêtres fermées ? Dehors il y a peut-être du danger, mais dehors c’est là où on trouve la vie », soutient-elle.
Partout ailleurs éclosent des nations purifiées et enceintes d’espoirs et d’ambitions louables. La perfection n’est pas de ce monde, mais le Bien et le Beau, oui. Ils passent par le retour dans leurs familles des 150 victimes du dictateur.
Pour y parvenir, il faut agir et elle appelle les Camerounais à l’action. « Vous ferez la différence pour eux, pour nous, pour vous. Il suffit d’unir vos voix à celles de ceux qui réclament leur libération. Demandons leur libération au dictateur et à ses serviteurs, aux juges devant lesquels ils doivent comparaitre, au Ministère public qui doit trouver des motifs de poursuite. Faisons entrer la lumière, renvoyons-les chez eux », insiste l’avocate