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Mila Assoute à Messanga Nyamding : « Va au nord servir tes jeunes compatriotes étudiants »

Messanga Mila

24 heures après l’affectation de Pascal Charlemagne Messanga Nyamding à l’annexe de l’université de Nguaoundéré à Garoua, l’homme politique et universitaire Pierre Mila Assouté se prononce et pense que son collègue universitaire doit aller donner cours dans le septentrion.


Messanga Mila
Messanga Nyamding et Mila Assouté – Mtg Lebledparle

Pr Messanga Nyamding au Nord dans une université. Service où sanction ?

Ce que je pense du limogeage et de l’affectation du Professeur Messanga Nyamding à l’université de  Garoua est simple

Le Cameroun est un grand pays comprenant aujourd’hui dix régions. Nous tous Camerounais sommes appelés à aller servir partout et avec joie nos compatriotes. Lorsque vous êtes admis parmi les agents publics, vous devez vous rendre disponible à servir les Camerounais partout au Cameroun. Il s’agit d’un principe d’ordre général.

Aller donc travailler à Garoua, Maroua, N’Gaoundéré, en quittant le sud du pays, est de manière triviale un devoir envers notre  pays. Les ressortissants des régions du septentrion qui partent bosser au sud ne vont pas en prison Lorsque ils quittent leurs régions natales et leurs amis habituels.

Ce qui est problématique pour le cas du Professeur Messanga Nyamding, dans un pays qui construit sa démocratie, et dont le chef politique du pays veut qu’ on retienne de lui,  SE Paul BIYA, comme étant <<celui qui a ramené ou apporté la démocratie>>, limoger un agent public qui plus est de rang magistral dans une université, pour ce qui s’apparente visiblement  à une sanction pour  ses prises de position politique, crée dans l’opinion, un hiatus à la pratique et  l’ingestion facile de la liberté d’expression des opinions. Une sanction disciplinaire ne peut pas être une affectation. Elle passe par un conseil de discipline et une sanction qui affecte le grade et voire la fonction où les revenus.

L’affectation dans le nord  dans la foulée par le même décideur étatique à travers  deux textes distincts,  du même fonctionnaire manifestement limogé, fait de cet agent public, l’agneau sacrificiel d’une double peine d’opinion et d’un acharnement inélégant au minima en envoyant dans l’opinion, un signal  négatif qui transforme une partie de notre pays, le nord, en zone carcérale pour délit d’opinion.

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J’ai des doutes que le chef de l’État, M. Paul BIYA, qui veut être le père de la démocratie Camerounaise, s’approprie de telles façons de faire, assimilables au musèlement politique et l’utilisation du pouvoir de l’administration comme instrument de règlement de comptes politiques par le détenteur du pouvoir.

Dans notre pays déjà  malmené par les replis identitaires et les divisions à contrecourant de l’Unité nationale chèrement acquise, il me semble inconséquent, à mon sens, de poser des actes qui pour réprimer un agent public sans doute un peu volubile, creusent des digues au sentiment national d’appartenance égale au même territoire.

Ce n’est donc pas la discrétion de nommer, de limoger et de renommer qui est ici remise en cause. C’est le casting du non-dit et le timing  mais aussi  la manière de le faire, qui libère un message consubstantiel négatif à l’affectation après la décharge de la responsabilité antérieure de l’infortuné.

Ailleurs où il y a un profil des carrières, surtout en milieu universitaire, le temple du savoir et de la liberté de penser, ce serait un vrai débat.

Qui plus est s il s’agit d’un infirme que la décision éloigne de son établissement de suivi médical, on ne serait pas loin d’une absence de tolérance et d’humanisme…

Je n’encourage pas ici l’indécence langagière ou les outrances politiques; mais ma conviction est que  dans une société démocratique, la pluralité des opinions est un facteur de remise en cause de nous-mêmes pour progresser, à moins de refuser toute émancipation de soi, et aussi participe à nourrir une vitalité à la contradiction dans les diverses visions idéologiques multitones du monde desquelles émergent la lumière.

D’ailleurs pourquoi le Pr Messanga Nyamding n’irait pas servir fière allure ses compatriotes à l’Extrême-nord du Cameroun ou ceux de l’Extrême Est ou Sud ?

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Cher Professeur, je sais par expérience quelles sont les difficultés à émanciper les façons d’agir dans une formation politique rivée à ses acquis et conservatrice. Celui qui détient la vérité est pourtant celui qui la recherche toujours même lorsqu’ il est persuadé de la détenir.

Il.me souvient comme hier et c’est un souvenir heureux que Minkoa She et toi lorsque j’animais jadis le courant des Modernistes du RDPC, que je parlais des grandes ambitions dans un de mes ouvrages  et vous êtes venus à radio Siantou me tenir la dragée haute. Professeur Minkoa She m’avait d’ailleurs dit que des grandes ambitions que j’évoquais déjà alors dans mon ouvrage  je n’en savais rien.

Je ne te fais pas le procès de n’avoir pas compris plus tôt l’intérêt de l’aggiornamento. Nous soutenions déjà à cette époque  comme toi, SE Paul BIYA, et dénoncions les façons de faire de ceux qui plus tard peuplent les prisons pour leurs écarts avec les bonnes façons de faire.

Va maintenant au nord servir tes jeunes  compatriotes étudiants. Lorsque je suis allé à Garoua pour la première fois, j’ai eu beaucoup de plaisir à découvrir ces lieux et  de mal à revenir au sud du pays à cause de la beauté du paysage, de l’hospitalité légendaire des habitants respectueux et de tous ses charmes naturels et humains… Vivre et travailler à Garoua, n’est pas une prison. On s’y fait très vite de nouveaux amis et on retrouve loin des tumultes des conflictualités politiques et des quolibets, la paix des nouveaux amis.

Le Nord c’est le Cameroun. Arrêtons de faire ça ! Débattons, respectueusement, ne nous battons pas.

Qui sait, si tu recules pour mieux sauter !

Pr. Pierre Mila Assoute

 


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