À la suite des incidents récemment enregistrés dans les prisons de Yaoundé et Buéa, le Chef de l’Etat a prescrit des mesures, comme l’a indiqué le Ministre de la communication au cours d’un point de presse le vendredi 2 août 2019.
« Face à ces graves incidents perpétrés dans un univers carcéral d’une évidente sensibilité, et au regard de la problématique récurrente liée à la surpopulation en milieu pénitentiaire au Cameroun, le Président de la République, Son Excellence Paul BIYA, a prescrit au Gouvernement, de prendre toutes les mesures appropriées en vue : – d’accélérer les procédures judiciaires en cours ; – de veiller de façon rigoureuse au renforcement de la discipline dans tous les établissements pénitentiaires du pays ; – de renforcer et de moderniser les moyens de contrôle et de suivi des prisonniers ; – de procéder à un désengorgement des différents établissements pénitentiaires dont la surpopulation est avérée ; – de proscrire fermement l’entrée et l’usage de tous les outils et ingrédients interdits par la règlementation en vigueur en milieu carcéral », communique René Emmanuel Sadi.
Le ministre de la communication René Emmanuel Sadi dit que d’importantes sommes d’argent et des grenades lacrymogènes ont été découvertes pendant les fouilles à la prison centrale de Kondengui : voici l’intégralité de sa communication.
« Ø Mesdames et Messieurs les Journalistes ; Je vous remercie d’avoir répondu avec une égale promptitude, à l’invitation que je vous ai adressée dans le cadre ce point de presse, consacré aux mutineries qui ont secoué tour à tour, la prison centrale de Kondengui à Yaoundé et la prison principale de Buea dans la région du Sud-Ouest, respectivement le 22 et le 23 juillet 2019. Aussi, m’est-il agréable de vous souhaiter une cordiale bienvenue dans cette salle auditorium du Ministère de la Communication.
Ø Mesdames et Messieurs ;
Le Gouvernement de la République, après avoir informé l’opinion, en temps et en heure, au moment des faits, tient aujourd’hui à assurer la communauté nationale et internationale du retour au calme au sein des prisons de Kondengui et de Buea ; mais aussi, à faire le point sur la situation générale desdits établissements pénitentiaires au lendemain des révoltes qu’ils viennent de connaitre.
S’agissant d’abord de la prison centrale de Kondengui, il convient de rappeler d’emblée qu’en date du 22 juillet 2019, un regroupement de personnes en détention provisoire, dans le cadre des troubles sécuritaires perpétrés dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, après s’être déclaré porteur de doléances à présenter aux hautes autorités de l’Etat, s’est mué en une insurrection radicale et violente. Passant outre aux appels au calme et complètement réfractaires au dialogue initié par les responsables de l’administration pénitentiaire et les autorités administratives territorialement compétentes, ces insurgés ont été rejoints par d’autres détenus. Tous, revendiquant de manière véhémente leur libération, ont alors entrepris de semer la panique au sein de la prison, dans le but de provoquer une évasion massive des détenus.
Comme vous le savez, les Forces de Maintien de l’Ordre, mises à contribution, ont réussi, en utilisant exclusivement des outils modernes de dissuasion, avec maitrise, tact et professionnalisme, à restreindre l’ampleur des dégâts engendrés par cette mutinerie.
Le Gouvernement déplore, une fois de plus, l’étendue des dégâts matériels évalués à plusieurs dizaines de millions de francs CFA, et réaffirme qu’en dehors des deux détenus violentés dans leurs quartiers pénitentiaires par les insurgés, aucune perte en vie humaine n’a été enregistrée parmi eux, et il n’y a eu aucun blessé dans les rangs des Forces de l’Ordre et des détenus contestataires à la prison centrale de Kondengui. Par ailleurs, c’est le lieu de préciser que les diverses procédures légales initiées à l’encontre des meneurs de cette insurrection ont été conduites dans le strict respect des lois et règlements de la République. Les détenus identifiés comme les meneurs de cette insurrection, à savoir : 177 le jour des faits et 67 par la suite, pour un total de 244 insurgés interpellés, et placés sous exploitation auprès des services de la police et de la gendarmerie, ont déjà tous été entendus, et les diverses enquêtes pratiquement bouclées. En ce moment, les dernières vérifications des formalités procédurales sont en cours d’achèvement.
Il convient de relever, qu’au terme des diverses opérations de fouille systématique conduites par les administrations compétentes au sein de la prison centrale de Kondengui, plusieurs détenus ont été trouvés en possession, entre autres : – d’importantes sommes d’argent ; – de nombreux appareils de communication, dont des téléphones portables, des puces téléphoniques, des chargeurs et des batteries de téléphones, des clés USB, des clés internet, des cartes mémoires ; – des appareils électroniques, dont des ordinateurs – portables, des tablettes ; – des armes blanches, dont, des poignards, des couteaux, des scies à métaux, des tournevis, des poinçons, des lames de rasoir, des pointes ; – une importante quantité de chanvre indien et de cigarettes ; – des grenades lacrymogènes.
En ce qui concerne les incidents survenus le 23 juillet 2019 à la prison principale de Buea, au cours desquels les détenus insurgés ont utilisé le même mode opératoire, refusant obstinément tout dialogue avec les autorités administratives et pénitentiaires, tout en entreprenant dans la foulée, de saccager et d’incendier les diverses installations de ladite prison, les Forces de Maintien de l’Ordre déployées en vue de restaurer le calme, l’ordre et la discipline, ont pu circonscrire l’ampleur des dégâts. La mutinerie orchestrée dans cet établissement pénitentiaire, comme vous le savez, n’a elle aussi enregistré aucune perte en vie humaine.
Mais, l’on a pu noter des blessés, soit deux éléments des forces de sécurité et 43 détenus parmi les insurgés, dont une vingtaine ont été immédiatement pris en charge à l’infirmerie de la prison, et un autre détenu conduit dans un centre hospitalier de la ville de Buea, eu égard à son état. Au jour d’aujourd’hui, la situation de tous ces blessés s’est suffisamment améliorée, tandis que les procédures d’usage initiées à l’encontre des 20 insurgés identifiés comme les meneurs sont elles aussi bouclées.
Ø Mesdames et Messieurs ;
Face à ces graves incidents perpétrés dans un univers carcéral d’une évidente sensibilité, et au regard de la problématique récurrente liée à la surpopulation en milieu pénitentiaire au Cameroun, le Président de la République, Son Excellence Paul BIYA, a prescrit au Gouvernement, de prendre toutes les mesures appropriées en vue : – d’accélérer les procédures judiciaires en cours ; – de veiller de façon rigoureuse au renforcement de la discipline dans tous les établissements pénitentiaires du pays ; – de renforcer et de moderniser les moyens de contrôle et de suivi des prisonniers ; – de procéder à un désengorgement des différents établissements pénitentiaires dont la surpopulation est avérée ; – de proscrire fermement l’entrée et l’usage de tous les outils et ingrédients interdits par la règlementation en vigueur en milieu carcéral.
En outre, des instructions particulières ont été données aux administrations sectorielles compétentes en la matière, s’agissant de l’extension des locaux de certains établissements pénitentiaires, dont la capacité d’accueil est aujourd’hui dépassée.
Tels sont, Mesdames, Messieurs, les faits et telle est la situation au lendemain des graves incidents survenus les 22 et 23 juillet derniers dans les pénitenciers de Kondengui et de Buea. Le calme étant revenu et les mesures consécutives étant prises à tous les niveaux, le Gouvernement en appelle instamment, au respect par tous les citoyens, des lois et règlements de la République, et singulièrement, au respect de la discipline par les personnes détenues en milieu carcéral. Il y va de leur intérêt individuel et collectif, comme de l’autorité des pouvoirs publics, qui est et demeure le gage de la solidité et de la stabilité de nos institutions.
Conformément aux Très Hautes Directives du Chef de l’Etat, et s’agissant de sa part de responsabilité dans l’accélération des procédures judiciaires en cours, le Gouvernement réaffirme sa détermination à œuvrer utilement, pour assurer les diligences nécessaires, dans le strict respect de l’ordre légal établi.
Je vous remercie de votre aimable attention./. »